LES SÉRIES DE PIÈCES ANIMALIÈRES

LES SÉRIES DE PIÈCES ANIMALIÈRES

LES SÉRIES DE PIÈCES ANIMALIÈRES

Découvrez une série d’articles d’un de nos clients numismate qui est un collectionneur passionné par la numismatique.

Si l’on regarde avec attention l’ensemble des pièces émises par chaque pays, on constate que presque tous modifient en une fois ce qu’on peut appeler la « série de pièces circulantes ». Ils le font à l’occasion d’un changement de monarque, suite au décès du précédent, à l’occasion d’une dévaluation de la monnaie, ou, plus grave encore, à l’occasion du changement pur et simple de la monnaie ayant cours. Il en résulte une sorte d’homogénéité dans le style des pièces que l’on trouve dans son porte-monnaie pour acheter ses carottes.
Ainsi, certains pays ont choisi, à un moment de leur histoire monétaire, de placer sur le revers de toutes leurs pièces la représentation d’un animal : cela constitue donc une « série animalière ». Nous allons, ici, en évoquer plusieurs.

Commençons par la série émise par la Norvège entre 1958 et 1973. Elle est constituée par les pièces de 1, 2, 5, 10 et 50 øre ainsi que de la pièce de 1 krone. Voyons-les donc dans cet ordre :

1 øre Norvège 1971
Le revers de la pièce de 1 øre nous montre un petit écureuil un peu stylisé. Il tient dans ses petites pattes de devant, qui souvent ressemblent à de petites mains, une sorte de petite pomme de pin dont il va extraire les délicieuses graines. Il s’agit peut-être d’un « écureuil roux » ou « écureuil d’Eurasie » (sciurus vulgaris), présent, entre autres lieux, dans les forets du nord de l’Europe. Plus austère, l’avers nous montre le monogramme d’Oscar V (1903 – 1991), ayant régné de 1957 jusqu’à sa mort.

Écureuil d’Eurasie
Le vrai ! (image Pawel Ryszawa-Wikipedia)

Nous avons ensuite la pièce de 2 øre :

2 øre Norvège 1972
Sans surprise, l’avers est le même que précédemment. Le revers nous montre en revanche la représentation d’un « tétras lyre » (lyrurus tetrix), oiseau appartenant à l’ordre des « galliformes ». On le trouve un peu partout au nord de l’Eurasie. Il est en particulier connu pour ses parades nuptiales.

Le vrai ! (Image Chiara Ceccinato – Wikipedia).

Et voici la pièce de 5 øre :

5 øre Norvège 1967
Cette fois-ci, le module est assez grand pour qu’on nous montre le profil du roi : il aurait eu l’air d’un gars bien ordinaire s’il n’avait un bel uniforme sur la photo d’origine. Il cohabite sur cette monnaie avec la représentation d’un élan (alces). C’est le plus grand des cervidés et il vit dans les régions septentrionales de notre planète.

 

Les vrais ! (images Wikipedia et Futura-sciences)

Et la pièce de 10 øre, comment est-elle ?

10 øre Norvège 1972
Le monogramme royal est revenu : cela s’explique par le petit diamètre de cette pièce qui est en cupronickel et non en bronze comme les précédentes. Le revers représente une abeille (anthophila), insecte dont l’importance n’est plus à démontrer.

 

La vraie ! (photo Emmanuel Boutet – Wikipedia)

Nous progressons en découvrant la pièce de 25 øre :

25 øre Norvège 1966
Le père Olav est revenu et il vit maintenant en colocation avec une mignonne petite mésange laponne (qui a l’air un peu friponne). On la nomme aussi « poecile cinctus » dans la haute société. C’est une sorte de passereau (et non de passe-rot) qui s’épanouit dans les régions boréales de cette planète et affectionne particulièrement les vieilles forêts primaires. Peu farouches, ces oiseaux forment des couples unis pour la vie. L’hiver, ces mésanges survivent en avalant chacune 7 à 8 grammes d’insectes gelés et de graines. Elles se reposent la nuit en se blottissant dans des trous d’arbre ou même de neige, enfouissant leurs pattes et leur tête dans leur plumage et en laissant leur température s’abaisser jusqu’à une valeur comprise entre 5 et 10 degrés Celsius.

Mésange lapone. Famille des Paridés. Ordre : Passériformes
La vraie ! Elle est mignonne non ? (Image Marc Fasol – Wikipedia – Oiseaux.net)

Venons-en à la valeur faciale supérieure : celle de 50 øre :

50 øre Norvège 1973
Olav est maintenant indétrônable sur son avers… nous le reverrons encore une fois. Quant au revers de cette pièce, il nous montre la représentation d’un chien de type husky habituellement utilisé pour tirer des traîneaux ou, dans nos contrées, pour frimer dans la rue en l’emmenant faire ses besoins.

 

Chiens de traîneaux à l’ouvrage. Qequertarsuak, Grønland. (Image François Saint-Jalm)

Terminons cette série par la pièce de 1 krone (1 couronne norvégienne en français) :

1 krone Norvège 1972
Olav a maintenant droit à son nom en toutes lettres à côté de son profil. L’animal figurant sur le revers n’est pas n’importe quel canasson : c’est un cheval fjord. Petit cheval robuste, peut-être issu de migrations venues de l’est, il est un des symboles de la Norvège. Très sociable, il était anciennement utilisé pour les travaux agricoles. De nos jours, il est très prisé dans les activités d’équitation ou même en « équithérapie ».

 

Le vrai ! (image : François Saint-Jalm)

Revoyons tous les revers de ces pièces afin d’avoir une vue d’ensemble et de pouvoir nous rendre compte des dimensions relatives de leurs modules :

Série des monnaies de la Norvège
D’une façon bien naturelle, les animaux choisis pour figurer dans cette série font partie de la faune nordique. Il y a quatre mammifères, deux oiseaux et un insecte. On peut aussi remarquer que cinq de ces êtres sont ordinairement libres, tandis que deux d’entre eux sont le plus souvent domestiqués. On peut encore noter que la plus grande pièce est celle de 5 øre (elle est en bronze comme celles qui la précèdent), tandis que la plus petite est celle de 10 øre (elle est en cupronickel comme ses suivantes). Par ailleurs, la taille de l’animal choisi pour chaque pièce est adaptée à son module.

L’ensemble de ces pièces a été dessiné et gravé par Per Palle Storm, sculpteur norvégien né au Danemark (1910 – 1994). On lui doit différentes statues qui peuvent être vues à Oslo, Sømarka, Tromsø, Drammen et Akershus.

Nous allons maintenant voir une série irlandaise. Sans considérer les pièces très anciennes, les pièces irlandaises correspondent à celles de la livre britannique depuis à peu près l’an 1800. Jusqu’en 1928, on voyait sur leur avers le profil du roi ou de la reine d’Angleterre et sur le revers la harpe celtique qui figure encore sur l’avers de nos euros frappés en Irlande. C’est également cette harpe qui se trouvait sur l’avers des monnaies irlandaises émises par ce pays depuis son indépendance (Cette indépendance date de 1922, mais les pièces spécifiquement irlandaises n’ont été frappées qu’à partir de 1928). Deux séries de pièces ont été créées : la première va de 1928 à 1971 et est une sorte de version irlandaise de la monnaie britannique, et la seconde va de 1971 à 2001, date à laquelle l’Irlande choisit de participer à l’aventure de l’euro. Nous verrons principalement les pièces de la première série.
Il existait, entre 1928 et 1966 une pièce de « 1 feoirling », équivalent irlandais du « farthing » britannique et qui valait ¼ de « pingin » (penny irlandais). Malheureusement, je n’ai pas encore pu me procurer une seule de ces pièces (elles sont, de fait relativement rares avec des tirages annuels de moins de 500 000 pièces). L’animal qui s’y trouve représenté est une bécasse en plein vol. Heureusement, ce motif a été repris sur la pièce de 50 pingin émise après 1971. Nous la verrons donc après la série qui vient. Et nous commencerons à explorer cette série par la pièce de « ½ pingin » :

½ pingin Irlande 1940
L’avers nous montre la fameuse harpe celtique. Et l’on voit, sur le revers, la représentation d’une truie et de cinq de ses gorets.

Les vrais ! On dit parfois que « dans le cochon tout est bon » mais là le petit goret a l’air de préférer le lait de truie. (Image Scott Bauer – Wikipedia).

La suivante est la pièce de 1 pingin :

1 pingin Irlande 1967
C’est une poule et ses poussins qui apparaissent sur le revers de cette pièce !

La vraie… ou une de ses sœurs ! Ses poussins sont un peu éparpillés, mais elle surveille… (Image Mahina-Photocommunity).

Il faut se mettre à l’irlandais, car en effet la pièce suivante est celle qui équivaut à la pièce de trois pence britannique. Mais, en irlandais, on dit que cette pièce vaut la moitié de celle de six pence, ce qui se dit « 1 reul » (ce mot provient, d’ailleurs, du mot « réal » en espagnol). Donc nous allons voir la pièce de ½ reul ou « leat reul » :

Leat reul Irlande 1965
Nous avons là un magnifique lièvre. Il n’est pas, comme ses deux prédécesseurs, un animal domestique mais bien un être libre.

Le vrai ! Il semble prêt à s’enfuir… (Image : Didier Dron)

Passons à la pièce de « 1 reul », c’est-à-dire de 6 pingin :

1 reul Irlande 1960
C’est la représentation d’un lévrier irlandais (irish wolfhound).

Le vrai ! C’est l’un des plus grands chiens du monde avec une moyenne de 85 cm au garrot. Il est affectueux et a besoin de beaucoup d’espace pour courir, raison pour laquelle on ne le croise pas beaucoup en ville… même pour frimer ! (photo Didier Macrez).

Comme chez les britanniques avant 1971 avec leurs pence et leurs shillings, il fallait aux irlandais 12 pingin pour posséder « 1 scilling » :

1 scilling Irlande 1968
L’animal choisi par le graveur (Percy Metcalfe) est un taureau apparemment énervé. Mieux vaut l’éviter… ou le charger avec une bonne poêle à frire à la main.

En voici un (un vrai !) qui semble plus calme ! (Image Wikipedia).

Comme chacun sait, 2 scillings égalent « 1 floirín » ! Et voici cette monnaie !

1 floirín Irlande 1966
On remarque que l’avers de ces pièces est extrêmement monotone : la harpe, toujours la harpe ! Ici, le revers nous montre un saumon qui semble sauter hors de l’eau.

Et en voilà deux vrais pour le prix d’un. Fréquentant le rayon poissonnerie des supermarchés, on ne peut ignorer que l’Irlande est un pays qui pratique l’élevage du saumon. C’est aussi un lieu de pêche en rivière lorsque ces animaux remontent leur cours pour frayer. (Image : « Irlande sans souci »).

La plus grosse pièce émise par l’Irlande était la demi-couronne ou « leat coróin ». Celle ci valait 2 scillings et 6 pingin, de telle sorte qu’avec 2 leat coróin on avait « 1 punt » qui est l’équivalent irlandais de la « pound » britannique. Voici donc cette pièce qui fait partie des toutes premières émises par la République d’Irlande indépendante en 1928. Elle est en argent et en excellent état. Sa valeur est de l’ordre des 50 € :

Leat Coróin 1928
Nous voyons, sur ce revers, la représentation d’un « Irish Hunter Horse », ou « Irish Sport Horse » (Equus ferus caballus). Anciennement exploité lors de chasses à courre, ce cheval se distingue désormais dans les concours complets d’équitation et dans le saut d’obstacles.

Le voici en vrai ! Belle bête ! Si l’on savait s’y prendre, on le chevaucherait volontiers. (Image : hippologie.fr)

Si l’on souhaite avoir une vue d’ensemble de cette série, il suffit de regarder ci-dessous :

Série Irlande
Il y a donc 5 mammifères, 1 oiseau et un poisson. De plus, parmi ces animaux, cinq sont domestiques et deux sont des êtres libres, bien que le saumon puisse être lui aussi captif. On remarque aussi la même gradation dans les modules de ces pièces, le passage du bronze au cupronickel se faisant par une grande diminution.

Il nous faut encore voir la bécasse qui se trouve représentée à la fois sur les anciennes pièces de 1 feoirling dont je ne possède aucun exemplaire et sur celles de 50 pingin datant d’après la décimalisation de la livre britannique comme de l’irlandaise. Voici celle qui a été frappée en 1998 :

50 pingin Irlande 1998
Si l’on n’a jamais vu de photos de bécasses qu’au sol, il est difficile de reconnaître son allure en vol. Pourtant, avec son œil tout rond, c’est bien une bécasse des bois.

La voilà en vrai ! Cet animal est une des proies préférées des chasseurs, même si certains veulent nous faire croire qu’ils procèdent a leur prédation de façon éthique. De plus, ces animaux souffrent actuellement de leur alimentation qui est essentiellement composée de vers de terre. Or ceux-ci sont les premières victimes de l’usage que font les agriculteurs d’intrants variés et en particulier de pesticides ou de désherbant. Leur population est en chute libre dans les champs cultivés de façon intensive. Par conséquent, nos mignonnes bécasses ont, pour ainsi dire, la dalle ! (Image : La Maison de la Pinatelle).

De la même façon que son voisin britannique, l’inflation a rendu nécessaire la frappe d’une monnaie d’une valeur faciale supérieure à 50 pingin : ce fut, à partir de 1990 la pièce de 1 punt, pendant irlandais de la pièce britannique de 1 pound frappée, elle, à partir de 1983. Voyons donc cette nouvelle monnaie avec la pièce frappée en 2000 juste avant le passage à l’euro :

1 punt 2000 Irlande
Le fier animal qui pose de profil sur le revers de cette pièce est un cerf élaphe. Cet animal est l’un des plus gros mammifères sauvages vivant en Europe. On le trouve aussi en Afrique du Nord, dans les montagnes de l’Atlas, en Amérique du Nord et du Sud. Il a été introduit en Australie et en Nouvelle Zélande, pays où il est devenu une espèce invasive.

Le vrai ! (Image Luc Viatour – Wikipedia)

Nous n’allons pas quitter les régions septentrionales en passant aux monnaies émises par l’Islande. Ce pays, définitivement indépendant depuis 1944, a émis deux séries de pièces, l’une entre 1922 et 1980 et l’autre depuis cette date. C’est cette deuxième série qui se caractérise par son côté animalier. La monnaie islandaise est la couronne (króna) qui est divisée en 100 aurar (singulier : eyrir).

Voyons, pour commencer la pièce de « 5 aurar » :

5 aurar Islande 1981
Nous voilà bien ! Il y a un animal sur chaque face ! Le premier, sur l’avers, est une sorte d’aigle passablement stylisé : il s’agit de « Gammur », un des quatre esprits protecteurs de l’Islande (Landvættir ou « Esprits de la Terre »). Cette face nous permet d’apprendre en outre que « 5 » se dit « fimm » en Islandais alors qu’en norvégien cela s’écrit « fem » et se prononce « fam ». Le revers nous montre la représentation d’une raie.

Exemple de raie ressemblant à celle qui est représentée sur cette pièce : il s’agit d’une « raie pastenague américaine » ou « dasyatis americana ». (Photo : Tomas Willems – Wikipedia). Cet animal évolue cependant dans les eaux tropicales… et n’a pas ce gros tatouage sur le dos.

La pièce suivante de cette série est la pièce de 10 Aurar :

10 Aurar Islande 1981
Là encore, nous trouvons une paire animalière. Un sympathique taureau domine l’avers de cette pièce : il s’agit de Griðungur, un second membre des esprits protecteurs de l’Islande (Landvættir). Pas commode visiblement ! Le revers, en revanche nous montre un calmar volant. Et nous savons dire « dix » en islandais : c’est « tíu ».

Animal très étonnant, le calmar volant est un être capable de se propulser hors de l’eau en expulsant un jet d’eau grâce à un siphon situé du côté de sa tête et qui plane ensuite à l’aide de sa queue et des membranes reliant ses tentacules entre elles. Il vole donc la queue en avant ! (Image : Anthony Pierce – Wikipedia).

Il n’y a pas de pièce de 20 ou 25 aurar dans cette série et nous passons immédiatement à la pièce de 50 aurar :

50 Aurar Islande 1981
Nous avons, derechef, la représentation fort stylisée d’un animal sur l’avers de cette pièce. Mais il s’agit cette fois-ci d’un animal mythique, un dragon, nommé Dreki. C’est le troisième esprit protecteur de l’Islande (Landvættir). Le revers nous montre ce qu’on appelle communément une crevette. De plus, et fort logiquement, nous apprenons que « cinquante » se dit « fimmtíu » du côté de Reykjavík.

 

La vraie ! Cet animal est l’un de ceux qui sont le plus consommés par les humains… De toute façon, elles sont aussi tellement mangées vivantes par d’autres animaux qu’on ne fait que de la pâle imitation ! Il s’agit donc d’une sorte de nourriture universelle. (Image : auteur inconnu)

Voyons maintenant la pièce de 1 couronne (1 króna) qui est la suite logique de cette série :

1 Króna Islande 2007
Mais ma parole ! Mais c’est Bergrisi le géant qui est ainsi représenté sur l’avers de cette pièce ! C’est bel et bien le quatrième esprit protecteur de l’Islande (Landvættir) qui nous est présenté ! Il a l’allure un peu carrée, tout comme son collègue Griðungur. C’est à croire que jouer le rôle d’esprit protecteur mène tout un chacun à prendre un aspect quelque peu patibulaire (ou presque…). Et nous voyons sur le revers une magnifique morue, poisson multinommé « morue », « bacalhao », « cabillaud », etc. Ici, c’est l’espèce « Gadus morhua » que l’on voit. Et le nombre « un » se dit « ein ».

La vraie ! On en mangerait ! (Image : Hans-Petter Fjeld. Wikipedia).

Après la pièce de 1 Króna, vient celle de 5 krónur, comme il se doit :

5 krónur Islande 2005
Et voilà ! Il n’y a que quatre esprits protecteurs, et c’est déjà beaucoup, ce qui fait que la seule solution pour cette pièce était de les rassembler. Rappelons leurs noms : Gammur, Griðungur, Dreki et Bergrisi, des fois qu’on en ait besoin… Le revers de cette pièce fait apparaître deux dauphins communs à bec court (Delphinus delphis) en train de sauter hors de l’eau.

Un vrai et son enfant ! (Image : Jessica Redfern – Wikipedia).

5 krónur, c’est beaucoup, mais ce n’est pas trop ! Car il existe aussi des pièces de 10 krónur :

10 krónur Islande 2004 revers
L’avers ne nous apprend plus rien. En revanche, le revers présente quatre « capelans » (ou Mallotus villosus), petits poissons des zones arctiques. Cet animal est un élément important de la chaîne alimentaire de ces régions. Il est la proie des morues que nous venons de voir, ainsi que des harengs. Il se nourrit, lui, de plancton. En résumé, et sans surprise, les gros mangent les plus petits que soi, comme nous l’avons tous appris dans les cours de récréation (curieuse dénomination…).

En voilà dix, en voilà cent, en voilà mille ! On ne les compte pas et si l’on est un gros poisson, un macareux, un fou de bassan ou un cachalot, on les mange ! (Image : Newfoudland nature).

Cela ne s’arrête pas là. En effet une pièce de 50 krónur a été émise à partir de 1987 :

50 krónur Islande 2000
Il n’y a toujours rien à dire sur l’avers de cette pièce. Mais on voit distinctement une représentation stylisée d’un « crabe enragé » (Carcinus maenas) sur son revers. C’est un petit crabe qui provient des régions arctiques (Islande incluse) et qui tend à se répandre un peu partout sur la planète, transporté qu’il est par les nombreux navires qui en parcourent latitudes et longitudes. C’est ce qu’on appelle une espèce invasive ! Petite remarque numismatique : la pièce qui a été présentée ci-dessus (millésime 2000) n’a été tirée qu’à 10 000 exemplaires et vaut, dans l’état où elle est à peu près 100 € !

Le vrai ! (Image : Hans Hillewaert – Wikipedia)

Mais (roule ma poule !) on continue : il y a aussi la pièce de 100 krónur :

100 krónur Islande 2000
C’est un lompe, ou « grosse poule de mer » (Cyclopterus lumpus). Il s’agit d’un poisson que l’on pêche pour exploiter ses œufs et dont la chair n’est pas appréciée sur nos marchés. De la même façon que pour l’exemple précédent, cette pièce est d’un faible tirage (10 000) et vaut dans les 100 €.

Voyons ce que cela donne globalement :

Série Islande
Cette belle série est, on le voit, exclusivement maritime, signe que l’Islande est un pays principalement tourné vers son extérieur, la mer, même si, on le sait, son intérieur est une importante composante volcanique et tectonique de son identité. Le nom du graveur à qui l’on doit ces pièces m’est inconnu.

C’est à croire que seuls les pays nordiques se préoccupent de ces êtres qui cohabitent avec nous sur cette planète. Il n’en est rien. D’autres pays ont consacré le revers de leurs monnaies aux animaux qui constituent pour eux d’importants éléments de leur identité. Ainsi en est-il de la Zambie, pays situé au nord du Zambèze et s’étant appelé « Rhodésie du Nord » du temps de la colonisation. La monnaie de ce pays est le « kwacha », qui est divisé en 100 « ngwee ». Cette monnaie a été mise en circulation en 1968 et c’est justement par une pièce de 1 ngwee datant de cette année que nous allons commencer :

1 Ngwee Zambie 1968
L’avers nous montre le profil de Kenneth Kaunda, qui fut le premier président de la Zambie indépendante (de 1964 à 1991). Il instaura un régime autoritaire à parti unique et fut finalement vaincu aux élections présidentielles de 1991 par Frederick Chiluba qui, lui, prônait le multipartisme.
On voit, sur le revers, un oryctérope du Cap, seule espèce du genre « orycteropus » et unique membre de l’ordre des « tubulidentés ». Cet animal, encore appelé « cochon de terre » ou « aardvark » en afrikaans, est un termivore dont l’utilité écologique est de réguler la population de ces insectes.

Kenneth Kaunda (William N. Jacobellis) et l’orycterope
Les vrais ! La photo du président date de 1960 et a été prise par William N. Jacobellis. Celle de l’oryctérope est plus récente et provient du « Dictionnaire des animaux du monde ».

La suivante est la pièce de 2 ngwee :

2 Ngwee Zambie 1968
Le revers nous montre un magnifique aigle martial (Polemaetus bellicosus) en vol. Cet animal vit principalement en Afrique sub-saharienne. Il peut s’attaquer à des proies relativement grosses comme des chacals ou des chats sauvages. Il les tue sur place et peut les emporter à plusieurs kilomètres pour s’en repaître.

Le vrai. Il est prudent de ne pas être sa proie favorite, d’autant plus que sa vue est très perçante ! (Image Charles J. Sharp – Wikipedia).

Les deux pièces que nous venons de voir proviennent de la première série qui a été émise entre 1968 et 2012. La pièce de 5 ngwee qui suivait ne représentait pas un animal. En revanche, une série entièrement animalière a été éditée en 2013. Il me manque cependant la première, dont la valeur faciale est de 5 ngwee. Voyons donc la suivante :

10 Ngwee Zambie 2012
Le portrait de Kenneth Kaunda a disparu et laisse la place aux armoiries simplifiées de la Zambie. On y retrouve cependant l’image de l’aigle qui surmonte le blason tenu par un Zambien et une Zambienne fiers de leur mission. La devise est : « One Zambia, One Nation ». L’animal dont on voit la tête, telle un trophée de chasse ou telle la représentation d’un président ou d’un roi, est un eland (Taurotragus oryx). C’est une des plus grandes antilopes d’Afrique qui vit dans une zone débordant des frontières de la Zambie. Capable de résister à la sécheresse en buvant peu, elle se rattrape dès qu’elle trouve un point d’eau. Elle vit dans la savane et dans les zones désertiques en se nourrissant de divers végétaux.

La vraie ! C’est une belle bête (ici un mâle) pouvant peser dans les 600 kg et mesurer en moyenne 1,65 m à l’épaule. (Image Charles J. Sharp – Wikipedia).

Vient ensuite la pièce de 25 ngwee :

25 ngwee Zambie 1992 et détail
L’avers nous est connu. Mais il semble que les personnages que l’on nous montre soient de véritables géants car on devine aux pieds de la dame un zèbre qui semble tout petit. L’oiseau qui se trouve sur le revers est un calao couronné.

Le vrai ! Haut de 45 cm en moyenne, il a le ventre blanc, le dos et les ailes noires. Il mange, à l’aide de son bec rouge, divers insectes qu’il attrape au vol, des grenouilles ou de petits rongeurs, ainsi que des graines et des fruits. (image : Dora Zarazavatsaki).

Poursuivons avec la pièce de 50 ngwee :

50 ngwee Zambie 1992
Il n’y a plus rien à dire sur l’avers. Le revers, en revanche, fait apparaître un cobe de Lechwe, sorte d’antilope à l’arrière-train légèrement surélevé. Cette espèce connaît de nombreux prédateurs mais c’est bien l’espèce humaine qui est responsable de la baisse de sa population passée de 1 million en 1930 à 100 000 de nos jours.

Le vrai ! C’est une belle bête haute de 1 m environ au garrot et pesant dans les 70 kg. Mieux adapté aux terrains humides que secs, il y court plus vite et se réfugie en cas de danger en plongeant dans l’eau. Il ne laisse alors dépasser que ses narines. Il peut faire des bonds de 2 m de haut et de 6 m de long ! (Image: PanBK-Wikipedia).

On ne se lasse pas ! Et l’on envisage maintenant la pièce de 1 kwacha :

1 kwacha Zambie 1992
Nous avons affaire à une paire de faucons taita (Falco fasciinucha) ! Eh oui ! Ces oiseaux vivent dans le sud-est de l’Afrique et sont eux aussi menacés d’extinction… On compte les couples par dizaines ou centaines dans certains pays et c’est tout ! Leur envergure est d’environ 20 cm pour les mâles et 23 cm pour les femelles.

Le vrai ! Les causes de sa baisse démographique sont à chercher dans l’usage de pesticides au Zimbabwe (par exemple) et dans la présence humaine trop proche de ses lieux de nidification (comme les hélicoptères omniprésents vers les chutes du Zambèze) ainsi que dans la concurrence avec d’autres espèces telles que le faucon pèlerin. Qu’on se le tienne pour dit. (Image : avibirds.com)

La série monétaire de la Zambie ne s’arrête pas à la pièce de 1 kwacha. Celle de 5 kwacha la suit comme son ombre :

5 kwacha Zambie 1992
Et nous revoilà dans les antilopes ! Ici, il s’agit d’un hippotrague noir. Ça ne s’invente pas. C’est un animal qui vit, comme ses collègues déjà vus, dans le sud-est africain.

Le vrai ! Ce ruminant vit plutôt en forêt et dans la savane avoisinante. Sensible à la déshydratation, il ne s’éloigne jamais des points d’eau. Il est la proie des lions comme des humains qui s’amusent à le chasser… n’y a-t-il pas d’autres distractions ?, se dit-on. (Image : auteur inconnu)

Allez, une dernière pour la route ! La pièce de 10 kwacha :

10 kwacha Zambie 1992
On voit, sur l’avers, un rhinocéros noir (diceros bicornis). Sa couleur n’est pas évidente à deviner étant donné que la pièce n’est pas peinte. De toute façon, le rhinocéros noir et le rhinocéros blanc ont la même couleur : le gris. Le nom du rhinocéros blanc vient de l’anglais « white » qui est une erreur de traduction de l’afrikaans « wijde », ce qui signifie « large » et non « blanc ». C’est à la forme de leur lèvre supérieure qu’on reconnaît les deux sortes de rhinocéros : le blanc a une lèvre supérieure large et adaptée au broutage de l’herbe, tandis que le noir a une lèvre supérieure pointue et parfaite pour saisir le feuillage des arbres et arbustes. Toutes ces espèces sont en danger de disparition.

Le vrai constitué de 1 000 kg d’os, de viande, d’entrailles, de cuir et de cornes, pour 1,6 m de hauteur au garrot. Cet animal est encore braconné pour lui voler ses cornes dont certains crédules pensent qu’elles ont des propriétés aphrodisiaques (médecine chinoise traditionnelle) ou parce qu’elles sont un symbole de virilité sous la forme d’un manche de poignard (Yémen). Le résultat est que la démographie du rhinocéros noir est déclinante.
(Image : Yathin S. Krishnappa).

Cette série, vue dans son ensemble, donne ceci :

Série Zambie
On a donc trois types d’oiseaux, cinq mammifères dont trois antilopes. Les prédateurs tels que lions, guépards et autres hyènes ont été écartés.

Tout n’a pas été dit, loin de là, mais nous voyons que le monde animal est une vaste source d’inspiration pour les concepteurs de monnaies, dessinateurs et graveurs, qui souhaitent ancrer leur expression artistique dans l’idée que nous sommes indissolublement liés à cette nature que, par ailleurs, nous ne respectons guère.

François Saint-Jalm

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