LA CARTE DE GÉOGRAPHIE SUR LES PIECES DE MONNAIE

LA CARTE DE GÉOGRAPHIE SUR LES PIECES DE MONNAIE

LA CARTE DE GÉOGRAPHIE SUR LES PIÈCES

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L’un des aspects justifiant l’émission d’une pièce de monnaie par un pays est parfois l’affirmation de son identité nationale. Si nous nous éloignons des relents chauvins et nationalistes qui agrémentent de plus en plus les discours politiques actuels, force est de constater que chacun bombe le torse sur l’une ou l’autre des faces des monnaies qui sortent des ateliers de frappe de nombreux pays. Les concepteurs de l’euro (pratiquement absent de ces chapitres) l’ont bien compris et ont choisi de ne pas oublier cet attachement de chacun à sa terre natale. Heureusement, dans le cas très particulier de cette monnaie, le mélange des populations dû principalement au tourisme fait qu’après plus de quinze ans, nous avons tous dans nos porte-monnaies des pièces européennes provenant des quatre coins de ce continent.

S’il est clair que la fierté nationale peut s’exprimer en honorant tel ou tel personnage ayant joué un rôle dans l’histoire du pays, une façon toute simple de procéder consiste à inscrire dans le métal le tracé du pourtour géographique du territoire qui le constitue. De nombreux pays s’y sont complu comme nous allons le voir.

Comment ne pas initier cette liste d’adorateurs géographiques par la France qui a émis, entre 1974 et 1987 une pièce de 10 francs que nous avons d’ailleurs déjà vue dans le chapitre consacré aux graveurs français :

10 francs 1974 France
Le tracé du pourtour de ce que les français d’outre-mer appellent la métropole est largement stylisé. Cela ne l’empêche pas d’être facilement reconnaissable, cette forme s’étant imprimée dans nos consciences depuis l’école primaire. Cependant on remarque que notre artiste (Georges Mathieu) a été quelque peu gêné par le problème corse. En effet ce département (le 20) se trouve sérieusement détaché du continent en fixant fièrement son existence à des latitudes plus méridionales que celle de Perpignan. Le graveur a donc choisi d’effectuer une sorte de dérive du département en fichant cette Corse en plein dans le port de Marseille. Parallèlement le centralisme qui caractérise notre pays est symbolisé par la série d’éclairs qui émane du lieu où se trouve approximativement Paris.

Parmi les pays limitrophes de la France, l’Espagne n’est pas réputée pour la variété de ses pièces de monnaies. Ayant été, pour un grand nombre, émises lors de la dictature de Francisco Franco (nous reviendrons sur cet aspect dans un autre chapitre), elles nous montrent souvent le portrait de ce général qui a si bien su assassiner la République Espagnole, tout comme ses partisans, sur leur avers (ensuite remplacé par le profil du roi) et un florilège de symboles (tels des armoiries) sur le revers. Il existe cependant une exception constituée par les pièces de 2 pesetas frappées en 1982 et 1984. Ces pièces sont doublement exceptionnelles. Tout d’abord ce pays n’a pas pour coutume d’émettre des pièces de 2 pesetas. Il passe le plus souvent de la pièce de 1 peseta à celle de 5 pesetas sans intermédiaire. De telles curiosités de 2 unités monétaires ont certes été « monnaie courante » dans le dernier quart du XIXème siècle, mais elles ont disparu du circuit espagnol à partir de 1905. Des pièces de 2 ½ pesetas ont également été frappées en 1946 et 1953. Voyons donc une des deux pièces de 2 pesetas datant des années 80 :

2 pesetas 1984 Espagne
L’avers nous montre le profil de Juan Carlos 1er qui régna sur l’Espagne entre 1975 et 2014. Son principal mérite est d’avoir su faire passer son pays de la dictature franquiste à une démocratie monarchique. Ses différentes aventures seront reprises dans un chapitre consacré aux rois et aux reines. Si nous regardons maintenant le revers de cette pièce, force est de constater la disparition pure et simple du Portugal : tout se passe comme s’il était parti au large, laissant de nouvelles côtes à cette Espagne qui, elle même, aurait largué les amarres avec la France. Cela fait penser au « Radeau de pierre » (« A jangada de pedra »), roman écrit par José Saramago en 1986 où c’est la péninsule ibérique toute entière qui part à la dérive. Les dépendances quasi ultramarines de l’Espagne sont représentées : les Îles Baléares à l’est de Valencia, ainsi que les Îles Canaries qui sont découpées en deux parties entourées d’un cadre, celle qui est en dessous de la première se situant en réalité à l’ouest de celle-ci. On voit également, au sud de Gibraltar, se dessiner la côte nord du Maroc et, telles de petites crottes, les villes de Ceuta (à l’ouest) et de Melilla forment des boursoufflures qui sont les deux actuels ancrages de l’Espagne sur le continent africain. La pointe du rocher de Gibraltar semble absente de cette jangada espagnole. L’annexion n’est pas pour demain.

Restons sur les bords de la Méditerranée pour explorer ce qui s’est fait en Italie en matière de « carte de géographie ». On ne trouve guère la carte de ce pays sur ses propres pièces. Peut-être est-ce dû au fait qu’il n’est réuni que depuis 1870 (à l’exception notable de San Marino et, à partir de 1929, du Vatican), ou peut-être est-ce dû, plus prosaïquement, à la forme allongée de son territoire qui n’est guère compatible avec la forme plutôt circulaire des monnaies. Cependant, on trouve bien une pièce italienne avec une carte : c’est une pièce de 1000 lires qui a été émise en 1997 et en 1998 (en ne comptant que les tirages numériquement importants) en l’honneur de l’Europe. En 1997, deux versions de cette pièce ont été frappées :

1000 Lire 1997 Italie
Première version.

1000 Lire 1997 Italie
Deuxième version.
Que dire ? Tout d’abord, et même en des temps où la condition féminine n’est toujours pas dans des clous égalitaires, la personne symbolique que l’on voit sur l’avers est « l’Italia Turrita », ou Italie « tourée » qui est une sorte de « Marianne » transalpine. Son qualificatif de « tourée » vient de son chapeau en forme de ville fortifiée comme en portent de nombreuses allégories de villes et pays. Les douze étoiles de cette face nous situent au temps ou cet attelage fonctionnait relativement en petit nombre. Cette « Marianne » italienne porte une sorte de foulard assez négligemment fagoté ce qui pourrait indiquer qu’elle a des origines tziganes. La carte de géographie qui est montrée place l’Allemagne en plein centre et une mise en scène théâtrale dévoile dans une sorte d’effeuillage les différents pays qui ont décidé de faire cause commune. Cette pièce a été frappée en 1997 dans ses deux versions. La première fait apparaître une Allemagne réduite au territoire qui résultait des accords de Yalta et qui ont abouti à la création de deux États : la RFA et la RDA. On voit donc les frontières de la RFA sur cette monnaie. Seulement voilà, la réunification des deux Allemagnes en une seule et même nation s’est produite entre 1989 et 1990. Les concepteurs des monnaies italiennes se sont évidemment rendus compte de l’erreur et ont émis sans tarder une deuxième version de cette pièce où apparaît l’Allemagne réunifiée. Inutile de dire que ce bug réjouit les numismates : ils ont ainsi deux monnaies à insérer dans leur collection.

Si d’Italie on traverse la mer Adriatique, on arrive sur les côtes de l’ex-Yougoslavie. Ce pays fédéral a, on le sait, été découpé en ses différentes composantes à la suite de guerres sanglantes et extrêmement traumatisantes pour les populations impliquées. C’est la Croatie qui a récupéré presque toute la côte yougoslave, le reste revenant au Monténégro. La Bosnie Herzégovine, elle, se retrouve confinée à l’intérieur des terres à l’exception de six ou sept kilomètres de côte autour de la ville de Neum, unique station balnéaire bosniaque. Cet accès à la mer coupe d’ailleurs le territoire croate en deux parties. Nul ne sait si les bosniaques sont fiers du pays dont ils sont maintenant les citoyens mais l’attachement qu’ils peuvent avoir pour lui se traduit sur certaines de leurs pièces. La monnaie bosniaque est le « mark convertible ». Le dinar yougoslave a été abandonné à la déclaration de l’indépendance de ce pays en 1992, qui marque également le début de la guerre de Bosnie. Il a été remplacé de facto par le mark allemand. Puis cette monnaie a pris le nom de mark convertible avec l’émission de pièces et de billets spécifiques. Cette monnaie est toujours indexée sur l’euro avec le même taux que le mark allemand en 2001. Voyons donc la pièce de 50 feninga datant de 2007 :

50 feninga 2007 Bosnie
La carte de la Bosnie Herzégovine est bien visible sur le revers de cette pièce. Le petit pédoncule que l’on voit en bas et légèrement à gauche du « 0 » de « 50 » est l’accès bosniaque à la mer dont il a été question ci-dessus. L’avers de cette pièce est intéressant en ce sens que l’on peut voir dans ce triangle rectangle une stylisation du pourtour de ce pays. C’est certainement vrai, mais il s’agit aussi de la moitié des armoiries de ce pays, comme on peut le voir sur cette pièce de 1 mark convertible :

1 mark convertible 2008 Bosnie
Cette pièce est globalement aride et peu enthousiasmante. La valeur faciale n’est pas de 1 kilomètre mais, on le sait, de 1 mark convertible (1 Konvertible Mark). On voit sur l’avers le blason bosniaque qui, dans sa version officielle datant de 1998, est divisé en deux parties. Le triangle supérieur droit, déjà vu sur la pièce de 50 feninga, est jaune (en langage héraldique, il est d’or) tandis que le reste, y compris ce qui entoure les étoiles est bleu (héraldiquement d’azur). Les sept étoiles (l’une est coupée en deux parties) sont blanches (c’est-à-dire d’argent). La symbolique est la suivante : les trois côté du triangle qui, on le rappelle a une forme proche de celle du territoire bosniaque, représentent les trois nationalités présentes dans ce pays : bosniaque, serbe et croate. Les étoiles symbolisent l’Europe. On note qu’il y en a huit sur la pièce de 50 feninga et cinq sur celle-ci…

Restons sur les rives de la Méditerranée et voyons comment la question territoriale a été traitée en Grèce, pays marqué par plusieurs contentieux frontaliers indirects (Macédoine et Chypre). La carte de la Grèce est représentée sur une pièce commémorative de 30 drachmes émise en 1963 :

30 drachmes 1963 Grèce
Cette pièce commémore le centenaire de la monarchie grecque. Elle a déjà été évoquée dans le chapitre consacré aux « pièces de 3 » et sera revue dans le chapitre consacré aux rois et reines. En effet 5 rois de Grèce nous montrent leur profil sur l’avers. Le revers de cette pièce est tout entier dédié à la carte de la Grèce. Nous allons en regarder quatre vues détaillées :

 

30 drachmes 1963 Grèce revers détails
On peut lire en haut de ce revers (image en haut à gauche) : ΜΑΚΕΔΟΝΙΑ, c’est-à-dire « Macédoine » ; puis ΘΡΑΚΗ, c’est-à-dire « Thrace ». Verticalement, sur la gauche on lit : ΗΠΕΙΡΟΣ, c’est-à-dire « Épire ». Puis horizontalement et un peu en dessous, il y a : ΘΕΣΣΑΛΙΑ ce qui signifie « Thessalie ». Tout-à-fait à gauche de cette face (image en bas à gauche), on distingue le mot : ΕΠΤΑΝΙΣΟΣ qui a pour sens « Ionien » et qui désigne ici les îles ioniennes (à ne pas confondre avec l’Ionie qui est une région de l’ouest de l’actuelle Turquie). En haut et à droite, on peut lire verticalement : ΝΗΣΟΙ ΑΙΓΑΙΟΥ dont le sens est « Îles égéennes ». Puis tout-à-fait à droite, on lit toujours verticalement ΔΩΔΕΚΑΝΗΣΟΣ qui désigne assurément le « Dodécanèse ». Et, pour finir, tout en bas de ce revers, il est écrit ΚΡΗΤΗ, et c’est de la « Crète » dont il s’agit. Curieusement, le Péloponnèse n’est pas nommé… peut-être fait-il partie de la Thessalie, mais c’est improbable. Ainsi, le territoire grec nous a-t-il été présenté dans certains de ses détails qu’on ne peut plus, désormais, ignorer.

La suite de notre voyage vers l’est nous amène en Iran. Ce pays a connu, en 1979, un changement radical de régime politique puisque la monarchie incarnée par Reza Pahlavi a été remplacée par ce qu’on appelle une république islamique avec à sa tête Rouhollah Moussavi Khomeini. Regardons de près cette pièce de 50 rials émise en 1982 :

50 rials 1982 Iran
Le revers de cette pièce est principalement consacré à l’industrie pétrolière et accessoirement à l’agriculture. L’inscription qui figure en haut de cette face (جمهوری اسلامی ايران ) signifie : « République islamique d’Iran ». L’avers nous dévoile la carte de ce pays avec, comme nouveauté par rapport aux monnaies précédentes, le relief. Cet Iran n’a pas l’air tout plat ! Qu’y a-t-il d’écrit sur cette face ? En haut, on peut lire : آزادی. Cela signifie : « liberté ». À droite, il y a l’inscription : استقلال. Son sens est : « indépendance ». Sur la gauche on peut voir écrit : جمهوری اسلامی . Comme ci-dessus, cela veut dire « République islamique ». Deux autres inscriptions sont lisibles en plus petit. Au dessus de la carte du pays, il y a :دریای مازندران . Le sens de ces signes est : Mer de Mazandaran. Quid ? Le Mazandaran est la région de l’Iran qui borde la mer Caspienne. Et il se trouve que le peuple iranien nomme « mer de Mazandaran » ce que nous appelons « mer Caspienne ». Juste au dessus de la date (1361 écrite en caractères persans… voir le chapitre portant sur les chiffres et celui portant sur les calendriers), la côte de l’Arabie Saoudite et des Émirats Arabes Unis est dessinée et on peut lire :خلیج فارس. Là, aucun doute, on doit comprendre : « Golfe ». Ainsi cette pièce, qui caractérise l’arrivée au pouvoir d’une clique religieuse, met quand même en avant les spécificités géographiques de ce pays toujours englué dans sa religiosité dictatoriale.

La mer Caspienne est, à tous égards, une sorte de curiosité. C’est ce qui reste d’une ancienne mer appelée « Parathétis » qui occupait l’Europe centrale et une partie de l’Asie mineure il y a plus de 5 millions d’années. Plus grande que l’Allemagne, la mer Caspienne est encore salée mais sa salinité est trois fois moindre que celle des eaux océaniques actuelles. Sur sa rive orientale une grande lagune appelée « Kara-Bogaz-Gol » n’est séparée d’elle que par un fin cordon de sable percé par un mince chenal par lequel les eaux de la Caspienne viennent l’alimenter. Cela n’empêche pas ce vaste réservoir d’eau d’avoir, lui, une salinité très élevée, 10 fois supérieure à celle des océans et légèrement supérieure à celle de la célèbre Mer Morte. Plusieurs pays bordent cette bizarrerie géologique : au nord il y a la Russie et le Kazakhstan, à l’ouest l’Azerbaïdjan, à l’est le Turkménistan et au sud l’Iran, comme nous l’avons vu ci-dessus. Deux pays de cette région nous intéressent : l’Azerbaïdjan et l’Ouzbékistan qui se situe juste au nord du Turkménistan. Effectuant un voyage numismatique d’ouest en est, commençons donc par l’Azerbaïdjan.

La monnaie de l’Azerbaïdjan est le manat. À part des spécimens de pièces commémoratives, il n’existe pas de pièce circulante de 1 manat. En revanche on a bien quelques monnaies pour les centimes de manat qui s’appellent des « qəpik ». La lettre « ə » se prononce comme le « ai » de « quai », ce qui fait que le mot « qəpik » se prononce « quai pique ». Mais il est bien clair que ce mot a pour origine le mot russe « kopeck » qui désigne les centimes de rouble. Par ailleurs, le mot « manat » vient du russe « moneta » qui signifie « pièce de monnaie » dans cette langue. Restons dans la curiosité monétaire locale : l’Azerbaïdjan a émis une seule série de pièces en 2006. Elles sont non datées et si leur avers montre la carte de l’Azerbaïdjan, le revers dénote une inspiration diverse et quelque peu incohérente, comme nous allons le voir :

3 qepik 2006 Azerbaïdjan
Il existe une pièce de 1 qəpik, mais je ne la possède pas. Ceci est celle de trois qəpik, et cette valeur faciale correspond bien à la tradition russe, puis soviétique. L’avers nous montre la carte de l’Azerbaïdjan. La capitale de ce pays, Bakou, se trouve à l’extrémité de la pointe que l’on voit tout-à-fait à droite. On remarque, sur la gauche, une sorte d’île. Pourtant nous sommes à l’intérieur des terres. Il en est ainsi car le territoire de l’Azerbaïdjan est coupé en deux parties par l’Arménie. De plus, un morceau de la partie principale de ce territoire a déclaré unilatéralement son indépendance : il s’agit du Haut Karabagh, dont la population est majoritairement arménienne. Cet État n’est pas reconnu mais n’en émet pas moins sa monnaie. Le revers nous présente deux livres et une plume : il honore vraisemblablement la littérature.

Passons à la pièce de 5 qəpik :

5 qepik 2006 Azerbaïdjan
Ici, le revers nous montre la Tour de la Vierge, située à Bakou. C’est une construction très ancienne (possiblement datant du XIIème siècle) et dont la fonction originelle est mal connue. Somme toute, cette pièce est consacrée au patrimoine culturel de l’Azerbaïdjan.

10 qəpik maintenant :

10 qepik 2006 Azerbaïdjan
L’objet présenté sur l’avers de cette pièce est un casque médiéval provenant du Haut Karabagh, qui se dit en langage local : « Nagorno Karabakh ».

Après la pièce de 10 qəpik, voyons celle de 20 :

20 qepik 2006 Azerbaïdjan
L’avers est sans surprise quand le revers semble nous exposer les délices conjugués de la géométrie et de l’architecture. Un pentagone de côté « a » et d’angle au sommet « β » est en effet partiellement dessiné avec son cercle inscrit derrière la représentation d’un escalier en colimaçon.

Et enfin, la pièce de 50 qəpik :

50 qepik 2006 Azerbaïdjan
On a droit, pour cette dernière pièce, à une sorte de glorification de l’extraction pétrolière et même, peut-être, à l’injonction curieuse de s’éclairer à la torchère. Il faut dire que cette activité rapporte énormément de devises à ce pays qui exporte le précieux liquide vers l’Europe grâce à l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan qui contourne l’Arménie (pays brouillé avec la Turquie où se trouve le port de Ceyhan).

Puisqu’il a été question du « Haut Karabagh », voyons, par parenthèse et vagabondage, une des pièces émise par cet État autoproclamé. Sa monnaie est le « dram » arménien qui vaut un peu moins de deux millièmes d’euro. Voyons ci-dessous une pièce de 5 drams dont la valeur est à peu près égale à un de nos centimes :

5 drams 2004 Haut Karabagh
L’avers nous montre les armoiries du Haut Karabagh. La statue qui est ici sur le revers se trouve aussi représentée au milieu de l’écusson de l’avers. Cette statue, inaugurée en 1967, donc sous le régime soviétique, porte plusieurs noms. Le premier est : « Մենք ենք մեր սարերը » (prononcer : « Menk’ enk’ mer sarerě »). Il signifie : « nous sommes nos montagnes ». Le second est : « Մամիկ եւ Պապիկ » (prononcer : « Mamig yev Babig »). Il signifie : « Grand-père et Grand-mère ». Ce monument, érigé à Stepanakert, capitale du Haut-Karabagh, est un symbole fort de l’identité de la population arménienne de cette province officiellement incluse dans l’Azerbaïdjan. (Notons que ce texte a été écrit avant la guerre qui eut lieu entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan en 2020).

Nous pouvons maintenant en venir au cas de l’Ouzbékistan. Ce pays est donc situé à l’est de la mer Caspienne et juste au nord du Turkménistan. C’est un pays qui n’est actuellement bordé par aucune mer. Sa monnaie est le so’m (ou som). Et il a émis une pièce de 5 so’m en 2001 où figure sa carte géographique.

5 so’m 2001 Ouzbékistan
L’emblème actuel de l’Ouzbékistan est surmonté par une étoile tartésique (۞) avec en son centre un croissant et une étoile. L’ensemble correspond au fait que la majorité des Ouzbeks est musulmane bien que pratiquant peu la religion. Un aigle (un khumo) est au centre et symbolise la joie. Blé et coton entourent cette liesse et représentent l’activité agricole qui occupe 10 % de la surface de ce pays désertique. Sur le revers, la carte ouzbèke cohabite avec la valeur faciale de cette pièce. Seul problème : cette carte n’est pas tout-à-fait juste.

 

5 so’m 2001 Ouzbékistan erreur corrigée sur le revers
L’échancrure que l’on peut voir au nord-ouest de cette carte fait en réalité partie du territoire Ouzbek (secteur jaune sur l’image de droite). On peut s’étonner de l’existence d’une telle erreur. Elle provient d’une sorte de catastrophe écologique provoquée par le détournement de l’Amou-Daria et du Syr-Daria afin de permettre l’irrigation des plantations de coton. Ces deux fleuves alimentaient anciennement la mer d’Aral et la conséquence de ces agissements a été la disparition progressive de cette mer intérieure.

 

La mer d’Aral en 1989 et en 2008.
(Image NASA)

La carte actuelle de l’Ouzbékistan est donc la suivante :

Carte de l’Ouzbékistan
Image Wikipédia modifiée par François Sain-Jalm
On peut imaginer que le graveur de cette pièce avait en main la carte de son pays datant de l’époque où la mer d’Aral existait encore et qu’il a pensé que les limites de l’Ouzbékistan se situaient sur les rives de cette mer, ce qui d’ailleurs, n’était certainement pas vrai.

Nous pouvons maintenant quitter les déserts ouzbeks pour passer à l’Inde en nous dirigeant vers le sud-est et en parcourant une belle distance. Ce pays gigantesque est devenu indépendant en 1947. Cela n’a pu se faire sans partitionner l’empire colonial britannique des Indes en deux « dominions » : ce qui deviendra le Pakistan et ce qui deviendra l’Inde. Cette partition a occasionné d’importants déplacements de populations ainsi que d’innombrables morts. Du reste, l’État indien du Jammu et Cachemire est toujours l’objet de différents frontaliers entre ces deux pays. Initialement conçue comme étant un royaume attaché au Commonwealth, l’Inde est devenue une république en 1950. Cette histoire mouvementée justifie l’émission par ce pays, entre 1982 et 2004, de pièces de deux roupies faisant apparaître sa carte géographique et portant la mention « national integration » (intégration nationale) :

2 rupees 1997 Taegu Inde
Le territoire qui est montré sur l’avers de cette pièce inclut au nord l’État du Jammu et Cachemire dans son étendue la plus large, c’est-à-dire avec des zones revendiquées par le Pakistan ou par la Chine. Au sud et à l’est se trouve un chapelet d’îles. Ce sont les îles Laquedives. Peuplées majoritairement de musulmans, elles ont été oubliées par les négociateurs pakistanais lors de la partition. Les jeunes autorités indiennes y ont alors envoyé leur marine pour les occuper. Elles font donc maintenant partie du territoire indien. Plus à l’est, une autre série de points représente les îles Andaman et Nicobar dont l’île « Sentinelle du Nord » (habitée par l’un des derniers peuples de chasseurs-cueilleurs du monde) fait partie. Lorsqu’on sait que ce grand pays, initialement laïc, est encore traversé par des tensions liées aux castes et aux religions, on comprend qu’il soit indispensable de rappeler la nécessité de se rassembler. Un drapeau indien est planté tout-à-fait au sud dans l’état du Tamil-Nadu et flotte sur le nord du pays.

Notre prochaine étape à la fois géographique et numismatique sera le Népal. Petit pays enclavé sur les contreforts de l’Himalaya, le Népal a deux géants pour voisins : l’Inde et la Chine. Longtemps resté une monarchie très archaïque (jusqu’en 2006), ce pays est devenu une république démocratique fédérale à la suite d’une guerre civile féroce (1996 – 2006). Une nouvelle constitution a été promulguée en 2015.

C’est en 2007 et en 2009 que fut frappée une pièce de 1 roupie népalaise montrant la carte du pays :

1 rupee 2007 Népal
Outre divers symboles et la date écrite dans le calendrier local, l’avers nous montre le Mont Everest au dessus de l’inscription : सगरमाथा. Celle-ci se prononce « Sagaramāthā » et signifie tout simplement « Everest ». Sur le revers, la carte du Népal est bien au centre et porte l’inscription « नेपाल » qui signifie sans surprise : « Népal ». Un paysage montagneux surmonte cette carte avec l’inscription en caractères latins « NEPAL Re-1 », soit peut-être « première république népalaise ». Par ailleurs, quelques nuages séparent cette carte de l’inscription « १ रुपैयाँ », c’est-à-dire « 1 roupie ».

Toujours plus à l’est, nous arrivons à Taïwan, ou plus exactement à la République de Chine. Rappelons brièvement son histoire : En 1912, fut créée en Chine la « République de Chine ». Cette structure mettait fin à l’Empire chinois et perdura jusqu’en 1949, date à laquelle le pouvoir fut pris par le mouvement communiste avec à sa tête le célèbre Mao Zedong. Tchang Kaï-Chek, qui était alors président de cette république, dut fuir à Taïwan, île qui était alors sous administration japonaise (depuis le traité de Smolensk en 1895) après avoir été chinoise (de 1683 à 1895) où il maintint le régime qui était auparavant celui de la Chine toute entière entre 1912 et 1949. C’est pourquoi le nom de ce pays est officiellement « République de Chine ». Jusqu’en 1971, c’est cette République de Chine qui était internationalement reconnue, mais à cette date, l’ONU, qui avait initialement proposé à Tchang Kaï-Chek la reconnaissance de la République populaire de Chine (le régime communiste, donc), choisit, devant le refus de celui-ci, de remplacer purement et simplement les représentants de Taïwan par ceux de Beijing (résolution n° 2758). À l’heure actuelle, le gouvernement de la République populaire de Chine revendique le territoire de Taïwan en tant que province chinoise. Réciproquement, le gouvernement de Taïwan revendique la totalité du territoire de la Chine, y compris la Mongolie et de petits bouts d’Inde, d’Afghanistan, de Birmanie, du Bhoutan, du Japon, du Pakistan, du Tadjikistan et de Russie. La carte ci-dessous montre l’étendue de ces prétentions :

Carte des revendications territoriales de Taïwan
Ce n’est pas rien (carte Wikipédia).

La monnaie de Taïwan est le Nouveau Dollar Taïwanais qui remplace l’ancien ayant eu cours entre 1946 et 1949 sous l’administration japonaise. Ce dernier, ayant connu une hyperinflation, a donc dû être abandonné et remplacé par le nouveau à l’arrivée des nationalistes chinois. Sa typographie officielle (ISO 4217) est : TWD, mais on écrit cela localement : NT$ ou, pire encore : 元 . Il s’agit-là du symbole chinois simplifié du Yuan. D’ailleurs, les sites de numismates présentent les pièces Taïwanaises en tant que « Yuan » et non en tant que « Dollar de Taïwan ». Décidément, dans ce pays, c’est compliqué !

Malgré les revendications territoriales de Taïwan sur le reste de la Chine et même au delà, ce petit pays a émis en 1949 et 1955 deux pièces (l’une en bronze et l’autre en aluminium) montrant une carte se limitant au pourtour de l’île :

1 Jiao 1955 Taïwan
Le profil de Sun Yat-Sen nous est présenté sur l’avers de cette pièce. C’est l’un des principaux acteurs de la chute de la dynastie des Qing (abdication de Puyi) et de la création de la République de Chine dont il fut, pour un an, le premier président. Son territoire excluait la Mongolie, le Tibet, la Corée et Taïwan, pour ne citer que le principal. Les quatre premiers idéogrammes que l’on peut lire de droite à gauche sur cet avers sont : 中華民國 (ici écrits de gauche à droite). Ils signifient : « République de Chine ». Les quatre suivants indiquent l’année d’émission (44, c’est-à-dire 1955) et cette façon de procéder sera expliquée dans le chapitre consacré aux calendriers. Sur le revers on retrouve une façon d’inscrire les informations propre aux anciennes pièces chinoises avec deux directions de lecture, l’une horizontale et l’autre verticale. Horizontalement, on peut lire de droite à gauche : 壹角 (ici écrit dans l’autre sens). Cela signifie « 1 jiao », c’est-à-dire un dixième de yuan ou de dollar taïwanais). Verticalement, on peut lire de haut en bas : 臺灣省. Cela signifie : « Province de Taïwan ». On en conclut que les autorités taïwanaises se sont résolues à ne représenter que le territoire de ce qu’ils considèrent juste comme une des nombreuses provinces de l’immense territoire qui constitue selon eux la République de Chine.

Si nous voyageons maintenant en poursuivant vers l’est et en nous arrêtant dans une contrée où une monnaie comporte une carte de géographie, nous ne pouvons faire autre chose que traverser l’Océan Pacifique et poser notre ancre aux États-Unis d’Amérique. Pendant dix ans, de 1999 à 2009, cet immense pays a émis des pièces de « 1 quarter dollar » dédiées à chacun des États qui le constituent. Plus d’une quinzaine d’entre elles montrent la carte de l’État concerné. Nous allons en voir trois en commençant par celle qui concerne la Louisiane car elle montre aussi la carte des États-Unis en entier :

1 quarter dollar 2002 Louisiane États Unis
Intéressons-nous surtout à l’avers de cette pièce. La zone mise en surépaisseur sur le territoire américain est cette partie qui s’appelait anciennement la Louisiane (en l’honneur de Louis XIV) et qui, suite à diverses péripéties, a été vendue aux États Unis en 1803 par Napoléon Bonaparte, alors Premier Consul, et cela sans le consentement de l’Assemblée Nationale (vente illégale, donc). En 1812, date figurant sous le mot « Louisiane », la Louisiane devint le 18ème État des États-Unis. Plus tard, il sera découpé en d’autres États, ce qui est compréhensible dans la mesure où de vastes régions n’étaient alors occupées par pratiquement aucun colon. Le territoire actuel de la Louisiane est d’ailleurs bien indiqué sur cette pièce : cela a la forme d’une chaussette, la partie correspondant au bout d’un gigantesque pied représentant la zone où le Mississippi se jette dans le Golfe du Mexique et où s’accumulent les alluvions qu’il a charrié tout au long de son interminable cours. Un pélican brun, qui vit sur cette côte, est également représenté : bien que son aire d’habitation soit bien plus étendue que les seules rives de la Louisiane, cet oiseau est une sorte d’emblème national et figure sur le drapeau de cet État. Au dessous de la date « 1812 », on peut voir une trompette qui émet de son propre chef quelques notes de musique et qui nous rappelle que le jazz est né à New Orleans. Elle nous fait également penser à Louis Armstrong (Satchmo) né en 1901 dans cette ville, et jazzman hors pair.

Le second État que nous allons visiter est la Pennsylvanie. Lieu d’implantation de certaines des premières colonies des Amériques (Nouvelle Suède, Nouvelle Hollande, par exemple) il fut ensuite soumis à l’autorité britannique en 1664. Octroyée en 1682 à William Penn par Charles II d’Angleterre pour services rendus par son père, cette terre a été nommée Sylvania par son récipiendaire puis Pennsylvanie par son royal donateur. C’est l’un des treize États fondateurs des États-Unis après que ceux-ci se furent rebellés contre la politique fiscale de la couronne britannique. La déclaration d’indépendance des États-Unis fut ensuite adoptée en 1776 à Philadelphie, principale ville de cet État où Benjamin Franklin s’était d’ailleurs installé initialement comme imprimeur, puis comme homme politique, ambassadeur, et homme de science. Voyons donc la pièce de un « quarter dollar » émise par les États-Unis en l’honneur de la Pennsylvanie :

1 quarter dollar 1999 Pennsylvanie États Unis
On voit, sur l’avers de cette pièce, une statue qui représente le « Commonwealth » et dont l’original se situe au sommet de la coupole du Capitole de l’État de Pennsylvanie, en sa capitale Harrisburg. Cela peut paraître bizarre, dans la mesure où les États-Unis n’ont jamais fait partie de ce que nous connaissons sous ce terme. Pourtant, juste après la Révolution Américaine (1775 – 1783), quatre États se regroupèrent en une sorte de confédération appelée « Commonwealth » : le Kentucky, le Massachusetts, la Pennsylvanie et la Virginie. Le terme a été repris par les Britanniques en 1931 dans le sens avec lequel nous l’utilisons aujourd’hui. Derrière cette statue, le contour géographique de cet État nous montre que le découpage des terres volées aux autochtones ne s’est pas fait sur le terrain, mais bien sur une table avec une bonne règle et un crayon. Divers intérêts locaux sont peut-être intervenus sur la frontière est qui n’est guère rectiligne, et la règle a peut-être ripé (excès de whisky ?) lorsqu’il s’est agi de finir le tracé dans le coin nord-ouest. Et voilà le travail ! La forme bizarre qui se trouve représentée en surépaisseur dans ce coin nord-ouest est une « clé de voûte », pièce maîtresse d’un arc ou d’une voûte (en architecture) et qui en assure la solidité et l’équilibre. Sa présence ici vient du surnom donné à cet État : « the keystone state ». Le slogan « Virtue Liberty Independance » ne vaut, bien sûr, que pour l’occupant blanc et mâle… sauf peut-être le premier terme.

Un troisième quarter, un troisième État, et c’est le cinquantième : Hawaï. Découvert par les austronésiens il y a environ 1500 ans, cet archipel a probablement été abordé pour la première fois par des Européens en 1527 (expédition de Alvaro de Saavedra – Espagne). En 1599, une groupe de huit hommes déserte le « Leifde », navire hollandais, et s’y installe, épousant des Hawaïennes, selon les dires rapportés par William Ellis en 1822. Toujours est-il que l’on écrit souvent que les Îles Hawaï ont été découvertes par James Cook en 1778 lors de son troisième voyage d’exploration. Après des guerres qui durèrent de 1795 à 1810, l’ensemble des Îles fut réuni sous l’autorité du roi Kamehameha 1er. Le royaume ainsi constitué perdura jusqu’en 1893 (règne de la reine Liliʻuokalani). Elles furent ensuite annexées unilatéralement par les États-Unis en 1898, ce qui n’a aucune valeur en droit international. Hawaï devint le cinquantième État des États-Unis en 1959. Volcaniques, ces îles sont situées au dessus d’un des 45 « points chauds » que compte notre planète. Il s’agit d’un lieu de la surface terrestre où arrive un panache ascendant provenant de régions assez profondes de la Terre (la base du manteau terrestre en ce qui concerne Hawaï). Le chapelet d’îles qui en résulte est dû au mouvement tectonique de la plaque du Pacifique. La pièce de 1 quarter dédiée à Hawaï se présente ainsi :

1 quarter dollar 2008 Hawaï États Unis
Le roi Kamehameha 1er Montre le chemin sur le revers de cette pièce. Huit des 137 îles de l’archipel sont représentées sur la même face : ce sont les plus importantes ainsi que celles qui ont émergé le plus récemment. Tous les volcans actifs de l’archipel se trouvent d’ailleurs sur l’Île d’Hawaï, la plus à l’est et la plus grande. La devise « UA MAU KE EA O KA ‘ĀINA I KA PONO » signifiant « L’existence de notre pays se perpétue avec intégrité » est par ailleurs écrite.

Poursuivons notre voyage vers l’est, mais cette fois-ci en plongeant également vers le sud, dans la mer des Caraïbes au large du Nicaragua. On trouve là plusieurs îles, l’île San Andrés, celle de la Providence ainsi que Santa Catalina, sans compter une bonne dizaine d’atolls inhabités qui font partie intégrante du territoire de la Colombie. Ce pays a donc tenu à nous rappeler sa souveraineté sur ces terres, d’autant plus que des mouvements séparatistes y ont vu le jour depuis 1960, en émettant une pièce de dix pesos dans la période allant de 1981 à 1989.

10 pesos 1981 Colombie
L’avers est étonnant en ce sens qu’il ne se limite pas à nous présenter des symboles nationaux tels que des armoiries ou le seul portrait d’un personnage politique d’importance. Il semble que nous assistions, sur cette face, à un acte de bravoure d’ordre militaire effectué par un dénommé « Cordoba ». En effet, le général José María Córdova Muñoz est considéré comme l’un des héros de la guerre d’indépendance qui permit, entre autres, au Pérou et à la Colombie de s’affranchir de la tutelle espagnole. Cette guerre est une conséquence indirecte de l’occupation de l’Espagne par les armées napoléoniennes entre 1808 et 1814. La dernière bataille de cette guerre, où notre héros se distingua particulièrement, fut celle d’Ayacucho, au Pérou. Elle se déroula plus exactement dans la Pampa de Quinua, au nord de cette ville en 1824. Sur le revers apparaissent, sans autre lien avec l’avers que la notion de territoire national qui suppose qu’une nation existe, les trois îles citées ci-dessus. La première est en réalité plus au sud qu’elle n’est représentée sur cette face. Les deux plus grandes sont parcourues par des routes tandis que Santa Catalina n’est reliée à l’île de la Providence que par une passerelle, ce qui y rend le séjour particulièrement quiet.

Terminons notre tour du Monde vers l’est en nous rendant au Brésil. Pays lusophone occupant près de la moitié de l’Amérique du Sud, son histoire a, elle aussi, été marquée par les aventures napoléoniennes dans la péninsule ibérique. Lorsque le Portugal a été occupé par les troupes impériales, le Brésil n’était pas autre chose qu’une colonie portugaise secouée de temps à autres par différents mouvements séparatistes et révolutionnaires (A Revolução Pernambucana par exemple). La cour de la reine Maria 1ère du Portugal (dans l’incapacité de régner) ainsi que l’héritier de son trône João, qui était alors régent (depuis 1792), s’enfuit précipitamment au Brésil. Maria décéda à Rio de Janeiro en 1816 et son fils prit alors le titre de Roi du Portugal, du Brésil et d’Algarves sous le nom de João VI, transformant de facto le Brésil en royaume. Entre-temps, l’armée brésilienne occupa la Guyane Française en guise de rétorsion contre l’occupation napoléonienne du Portugal. À cette occasion, le jardin botanique de Cayenne fut pillé et ses richesses transférées au Brésil. João VI rentra au Portugal en 1820, laissant son fils Pedro au Brésil en tant que vice-roi. Mais en 1821, celui-ci décida de ne plus retourner au Portugal et de déclarer le Brésil indépendant : il devint ainsi sans combat ni guerre le premier roi du Brésil (1821 – 1831). Après une période de régence (1831 – 1840) un second roi, Pedro II régna sur ce pays entre 1840 et 1889. Un coup d’État militaire mit fin à cette copie royale de l’Europe pour laisser place à une sorte de république sud-américaine qui connût de nombreuses péripéties. La période actuelle n’en est que la continuation.

Entre 1942 et 1956, le Brésil émit des pièces de 1 et 2 cruzeiros montrant, sur leur avers, la carte du Brésil. Voyons une de celles de 1 cruzeiro :

1 Cruzeiro 1945 Brésil
Le revers nous indique la valeur faciale de cette monnaie : 1 cruzeiro. Nous reviendrons, dans un chapitre consacré aux monnaies faibles, sur les différents épisodes monétaires brésiliens. Mais on remarque que des étoiles sont également présentes sur cette face : ce sont les étoiles formant la Croix du Sud, constellation bien connue de l’hémisphère sud, même si l’on habite dans l’hémisphère nord. L’étoile située sous le « R » de « cruzeiro » est l’étoile Acrux (alpha crucis), celle située sous le « 19 » est bêta crucis, à gauche du « 1 » on voit gamma crucis (ou Gacrux) et à droite de ce même « 1 » il y a delta crucis (en haut) et epsilon crucis un peu plus bas. Cette croix du sud est bien utile pour s’orienter à l’aide des étoiles lorsqu’on se trouve dans l’hémisphère sud. L’avers est tout envahi par la carte du Brésil. L’échancrure au nord-est correspond à l’absence des trois pays qui s’y trouvent ordinairement : Guyana, Suriname et Guyane française (département français). Le bassin amazonien est bien visible ainsi que des formations montagneuses dont nous ignorons tout en Europe. Il y a du sud au nord la Serra do Mar, la Serra da Mantiqueira et la Serra do Espinhaço.

Espérons que ce pays saura sortir (une fois de plus) de l’ornière politique où il s’est récemment fourré !

François Saint-Jalm

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