LES PIÈCES BATEAUX ET NAVIRES

LES PIÈCES BATEAUX ET NAVIRES

LES PIÈCES BATEAUX ET NAVIRES

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L’histoire de l’humanité est celle d’une grande migration. Notre espèce, Homo Sapiens, est en effet issue de l’Afrique. Et il est arrivé un moment où certains de nos ancêtres sont allés occuper des terres plus septentrionales en passant par l’actuel Moyen Orient. De là, quelques-uns ont progressivement pris place en Europe quand d’autres ont poursuivi leur longue route en se dirigeant vers le soleil levant. Ce faisant, nos ancêtres ont rencontré d’autres humains, les Néandertaliens et les Denisoviens (entre  autres) et quelques mélanges génétiques s’en sont suivis avant la disparition complète de ces espèces humaines différentes de la nôtre. La grande migration humaine s’est poursuivie essentiellement par voie de terre et a duré jusqu’à il y a un peu plus de 1000 ans, lorsque les actuels Inuits du Grønland se sont installés le long des côtes de cet univers glacé. Seul le peuplement de l’Océanie n’a pu se faire qu’en empruntant des embarcations et, même si on ne sait pas très bien quel en a été le scénario, on ne peut douter que les ancêtres des actuels habitants des îles du Pacifique n’ont pas pris la voie des airs pour y parvenir. Au final, les humains ont occupé pratiquement toutes les terres émergées habitables possibles et la lenteur du processus a pu faire croire à chacun que le sol qu’il foulait était sa terre à lui, et qu’il en était ainsi depuis la nuit des temps.

Pourtant, cette histoire, telle qu’elle est succinctement résumée ci-dessus, ne dit pas tout. En effet, la bougeotte humaine n’a pas cessé pour autant. En de nombreux endroits, d’importants mouvements de populations ont eu lieu, générant de multiples guerres ou, inversement, provoqués par des conflits récurrents.

De plus, même dans les temps les plus reculés, le commerce s’est développé et le transport des marchandises qu’il nécessitait a justifié l’emploi de moyens de déplacement commodes bien que parfois dangereux : les bateaux. On a donc, par exemple, un long passé de navigation en mer Méditerranée. De même, les polynésiens ont toujours su passer d’une île à l’autre en franchissant des distances considérables à l’aide d’embarcations d’assez petites dimensions.

On peut dire aussi que le perfectionnement de la construction navale comme celui de la navigation a conduit les humains à ne plus seulement longer les côtes mais à prendre la perpendiculaire pour un jour affronter le grand large.

Sans entrer dans les détails, rappelons les voyages effectués par les peuples nordiques à partir IXème siècle et qui eurent pour conséquence le peuplement de l’Islande, celui provisoire du Grønland du sud et les tentatives d’établissement au Vinland (actuelle Terre Neuve) par ces vaillants navigateurs.

Citons également le voyage bien connu effectué par Marco Polo en extrême orient entre 1271 et 1295 par voie terrestre et maritime, tout comme ceux effectués par le navigateur chinois Zheng-He entre 1405 et 1433 en direction de l’Indonésie, de l’Inde et de l’Afrique :

Voyage de Marco Polo. Terre et mer.

 

Voyages de l’Amiral Zheng-He.

Enfin, avec les expéditions de Christophe Colomb, de Vasco de Gama, de Magellan et de bien d’autres, c’est à la poursuite de la grande migration initiale que nous assistons : les descendants de ceux qui étaient partis d’Afrique pour occuper l’Europe, après avoir bien tournicoté dans ce cul-de-sac et s’être bien bagarrés sur le pourtour méditerranéen (entre autres terrains de jeu) ont pris le large et sont allés, sans se douter de ce qu’ils allaient trouver, au devant des descendants de ceux qui avaient pris la direction de l’est. Comme on le sait, le contact n’a pas été doux et nous en vivons encore les rudes conséquences.

Tous ces jours et ces nuits passés par nos prédécesseurs sur le pont d’un navire ou à bord de diverses embarcations se retrouvent sur les faces de certaines de nos monnaies. Commençons donc par cette pièce de 10 shekalim israélienne sur laquelle on voit le souvenir d’une ancienne pièce datant de l’époque d’Herodes Archelaos, fils d’Hérode et ayant régné sur la Judée, la Samarie et l’Idumée entre l’an 4 et l’an 6 de l’ère commune :

10 sheqalim Israël 5745
On voit, sur l’avers, la représentation simplifiée d’une galère, telle qu’il pouvait en exister sur les rives de la Méditerranée au début de l’ère commune (E.C.). On apprend, au passage quelques lettres de l’alphabet hébreu : « ש » ou « shin » qui prend en charge le son « ch », puis « ק » ou « qof » qui prend s’occupe du son « k », suivi, de droite à gauche par « ל » ou « lamed » qui se charge du son « l » et, enfin la lettre « ם » ou « mem » qui se prononce « m ». D’où « shqlm » et, avec les voyelles implicites additionnelles : « shekalim ». L’image de cet avers reprend celle qui se trouvait sur une pièce datant de l’époque envisagée :

Pièce antique juive. Image Wikipedia
Il n’est pas exceptionnel, pour ce pays, de reprendre les thèmes d’anciennes monnaies et un chapitre sera ainsi consacré aux pièces commémoratives de pièces plus anciennes.

Les galères n’ont pas seulement inspiré les Israéliens : d’autres peuples vivant sur les côtes méditerranéennes ont connu ce type d’embarcations. Prenons l’exemple de la Grèce :

50 drachmes Grèce 2000
L’avers représente le profil d’Homère (OMHROS), poète bien connu. Le revers nous montre une trirème grecque, navire où l’on invitait anciennement de nombreux esclaves à galérer leur vie et leur mort durant. Cependant les rames ne sont pas représentées.

La Grèce n’est pas le seul pays du bassin méditerranéen (avec Israël) à avoir utilisé le thème de la galère. Le Liban, terre où vivaient anciennement les Phéniciens, a lui aussi frappé plusieurs monnaies montrant une galère. Voyons la pièce de 5 piastres datant de 1925 et celle de 10 piastres émise en 1955 :

5 piastres État du Grand Liban 1925
L’avers montre le symbole national du Liban : un cèdre. Et on peut lire : « État du Grand Liban ». Il s’agit d’une entité autonome faisant partie de la Syrie alors sous mandat de la France et divisée en plusieurs États. La dénomination que nous lisons sur cette pièce a eu cours entre 1920 et 1926, date à laquelle une constitution fut écrite et où le Liban est devenu la « République Libanaise » qui était encore administrée par la France. Après divers aléas politiques et militaires le Liban acquit sa véritable indépendance en 1944.
La galère qui figure sur le revers de cette pièce est un peu stylisée et pour tout dire bizarre. En effet, les rames sont reliées entre elles par un trait assez mystérieux et elle ne comporte pas de mât ni de voile. Seules les galères très anciennes et peut-être quelque vaisseaux d’apparat en étaient dépourvus.

Passons à la pièce de 10 piastres datant de 1955 :

10 piastres République Libanaise 1955
1955 : le Liban est maintenant un pays indépendant, même si ses relations avec la France tout comme avec sa voisine la Syrie ne sont toujours pas des plus simples. La galère qui se trouve représentée sur le revers est plus conforme aux modèles connus quoique fort petite : il n’y a que huit rames par bord. On distingue, outre le barreur qui se trouve sur une sorte de piédestal, trois silhouettes qui ne peuvent être celles des rameurs. Ces personnages semblent tenir une sorte de bâton… ce sont peut-être ce qu’on appelle des « garde chiourme ». Souquez les gars !

De la même façon que ses voisins que nous venons d’évoquer, l’île de Chypre a fait référence à la navigation antique. Voyons donc cette pièce de 5 mils datant de 1978 :

5 mils Chypre 1978
Pas de rames, mais une voile qui tire le navire vers son but (situé sur la droite du revers), le plus souvent en longeant les côtes méditerranéennes pour assurer les nombreux échanges commerciaux de l’Antiquité. Le gouvernail est une sorte de grosse rame située sur le flanc tribord de ce navire.

Au cours des deux cents années allant de l’an 800 à l’an 1000, ceux qu’on appelle les Vikings et qui n’étaient pas autre chose que certains des habitants du Danemark actuel se sont déployés dans toute l’Europe grâce à des raids exécutés avec leurs fameux drakkars. Lors de ces opérations de peuplement de nouvelles terres ou de pillages, ils ont semé la peur, ainsi que leurs blonds cheveux et leurs yeux bleus, en longeant les côtes et en remontant les fleuves. Retrouve-t-on la trace de tous ces déplacements maritimes et fluviaux dans les monnaies ? Mais oui ! Par exemple sur cette pièce de 20 kroner norvégienne :

20 kroner Norvège 2000
On voit le profil de Harald V, roi de Norvège depuis 1991 sur l’avers. La proue du drakkar Oseberg est représentée sur le revers. Ce navire a été construit en 820 de l’ère commune. Il servait à la navigation côtière et pouvait atteindre jusqu’à 10 nœuds de vitesse. En 834, il a été utilisé comme tombe pour deux personnages féminins pas exactement identifiés mais ne pouvant pas être « n’importe qui » vu le contenu de cette tombe. Il a été excavé en 1904-1905 par Gabriel Gustafson et Haakon Shetelig. On peut actuellement le voir au Musée des navires vikings d’Oslo à Bygdøy. Allez-y !

L’autre pièce que je possède et où l’on voit un drakkar a curieusement été émise par la Corée du Nord dans une série consacrée au vingt et unième anniversaire de la FAO (Food and Agriculture Organisation of the United Nations) et qui montre successivement une galère, un drakkar, un TGV et un avion à réaction biréacteur, tous moyens de transport que les Coréens du nord utilisent de façon coutumière, chacun le sait. Voyons celle qui concerne le drakkar :

½ chon Corée du Nord 2002
L’emblème de la Corée du Nord est visible sur l’avers et nous le reverrons plus en détail dans un chapitre consacré à ce type d’amas de symboles. Et l’on voit un magnifique drakkar sur le revers avec la valeur faciale : ½ chon, c’est-à-dire ½ centime de won. La représentation de ce bateau n’est pas folklorique, à part peut-être le fait que les rames sont plus longues au milieu du bateau qu’aux extrémités. On remarque, en particulier la barre horizontale qui croise le mât à hauteur d’homme : il s’agit du faîte de la toile de tente qui y était installée en cas de pluie. Cela dit, ça ne devait pas être commode de se rendre en Islande avec un tel navire !

Puisque nous nous sommes promis de vagabonder dans les monnaies, restons un instant dans l’Extrême Orient et voyons cette pièce de 5 won de Corée du Sud :

5 won Corée du Sud 1972
Si elle circulait encore, cette pièce vaudrait 0,4 centimes d’euro ! Son avers est en revanche très intéressant puisqu’on y découvre un « keobuk-seon » ou « bateau-tortue ». C’est un type de bateau de guerre qui a été utilisé entre le XVème et le XIXème siècle par les soldats coréens. Ce navire est entièrement fermé et caparaçonné. Cette enveloppe est censée empêcher les flèches et les pierres ennemies d’atteindre l’équipage qui y est enfermé. Mêmes enflammées, ces flèches ne pouvait que rebondir sur cette surface blindée. Le bateau était conçu pour s’approcher de l’ennemi de telle sorte qu’il soit possible de tirer dessus à l’aide de canons qui se trouvaient sur chacune de ses faces. L’avant (la proue) de ce navire lourd à manœuvrer est représenté à gauche, là où se trouve une tête de dragon en fer par laquelle du soufre fondu pouvait aussi être envoyé sur d’éventuels assaillants. C’est très étonnant !

Voyons maintenant les navires qui furent conçus afin de traverser l’océan pour les premières fois. Tant du point de vue maritime que numismatique, les choses ne sont pas aussi simples que lorsqu’on écrit la phrase : « les premiers navigateurs ayant traversé l’Atlantique à partir de la péninsule ibérique voguaient à bord de caravelles ». Et, pour s’y retrouver un peu, voyons la pièce de 10 escudos portugaise datant de 1972 :

10 escudos Portugal 1972
Le revers montre les armoiries du Portugal ainsi que la valeur faciale. On voit, à cette occasion, que le symbole utilisé par les Portugais pour désigner l’escudo est : . Le navire qui apparaît sur l’avers est une caravelle qui a des voiles latines, c’est-à-dire que la vergue qui porte la voile est fixée en oblique sur le mât et que, par conséquent, cette voile est triangulaire. C’est avec de tels navires que Bartolomeu Dias passa pour la première fois (en 1488) ce qu’il appela le « Cap des Tempêtes » et qui est devenu ensuite le « Cap de Bonne Espérance ». Les noms de ses navires étaient la « São Cristóvão » et la « São Pantaleão ». L’image qui nous est montrée a ceci de bizarre que cette caravelle a ses voiles sorties et gonflées par le vent, mais qu’elle semble hors de l’eau. Le graveur a oublié la mer !

Les caravelles qui ont été utilisées par Christophe Colomb pour atteindre les Antilles étaient d’un autre genre. On en voit une représentation sur les pièces portugaises des années 1932 à 1951 :

10 escudos Portugal 1955
Les armoiries du Portugal cohabitent, sur l’avers de cette pièce, avec une sphère armillaire qui symbolise vraisemblablement l’extension géographique colossale de ce petit pays sur toute la planète. L’avers nous présente, en revanche, une version plus « colombienne » de la caravelle avec trois mâts, les deux premiers portant des voiles carrées et le dernier une voile latine. Il s’agit en fait d’une caraque. Rappelons, cependant que l’ensemble des voyages de ce génois a été financé par la couronne d’Espagne (en particulier la judéophobe Isabelle la catholique). Cette fois-ci le navire vogue bel et bien.

Ces représentations des navires ayant participé aux premiers grands voyages de conquêtes sont très présentes sur les faces des pièces portugaises, pays amplement tourné vers la mer. Elles sont, en revanche, quasi absentes des monnaies espagnoles. Si l’on se limite à la peseta, une seule pièce montre une caravelle ressemblant à la « Santa-Maria », initialement nommée la « Gallega ». C’est une pièce de 25 céntimos datant de 1925 :

25 centimos Espagne 1925
Le revers est assez banal, quoique les lettres « P.C. » et « .S. » qui y figurent soient un peu mystérieuses. On voit nettement un navire de type « caravelle » sur l’avers, avec le même gréement que sur la pièce portugaise précédente : mât de misaine et grand mât avec des voiles carrées et un mât d’artimon avec une voile latine. Le bordage, cependant, ne ressemble pas tout-à-fait à celui d’une caravelle.

Tout cela est bel et bon, mais qu’en est-il des pays atteints par ces voyages conquérants (n’oublions pas que Colomb s’est fait nommer par la reine vice-roi des terres découvertes avant même d’y être allé) ? Comment ont-ils commémoré cela ? Notre navigateur génois a effectué quatre voyages au cours desquels il a exploré les petites Antilles, Cuba, l’île Hispañola (actuellement divisée en Haïti et République Dominicaine) et les côtes du Honduras, de Belize et du Panama. Où sont les souvenirs dans les pièces émises par ces États ?

On trouve des navires de conquérants sur les pièces des « États de l’Est Caraïbe » (anciennement « British Caribbean Territories – Eastern Group » devenu ensuite « East Caribbean States » après l’accession à l’indépendance de ces îles). La monnaie est le dollar des Caraïbes orientales qui regroupe six pays indépendants (Antigua et Barbuda, la Dominique, Sainte-Lucie, Grenade, Saint-Christophe et Niévès ainsi que Saint-Vincent et les Grenadines) et deux territoires encore dépendants de la couronne britannique (Anguilla et Montserrat).

25 cents British Caraibbean Territories – Eastern Group 1965
Désormais, nous avons acquis la connaissance de ce que pouvait être ces premiers navires qui traversèrent l’océan : le revers de cette pièce nous le rappelle. L’avers, en revanche, montre le profil couronné de la Queen jeune.

Une autre pièce des pays visités par Colomb fait référence à ce passé aux conséquences pesantes pour de nombreux humains. C’est la pièce de 1 dollar de Belize (1 BZD = 0,45 €). Voyons celle qui date de 2007 :

1 dollar Belize 2007
L’avers nous démontre une fois de plus qu’un pays (ici Belize, ancien Honduras Britannique), après avoir été une colonie britannique, a du mal à se défaire de ce passé en forme de sparadrap du Capitaine Haddock : la Queen est toujours là pour dire que le Royaume Uni l’est aussi. On voit, sur le revers une scène historique qui ne concerne pas véritablement ce pays mais plutôt toute cette région des Antilles et de l’Amérique Centrale : la Santa-Maria vogue en effet de conserve avec la « Pinta » (la « maquillée »), à droite de l’image et la « Niña » (la « petite ») à gauche de cette gravure. Le vrai nom de la Pinta était la « Santa Ana » et elle devait son surnom au fait que sa coque était peinte de couleurs vives. Quant à la Niña (de son vrai nom la « Santa-Clara »), son surnom n’est dû qu’à sa petite taille par rapport à ses camarades. Rappelons que la Santa-Maria fit naufrage sur les rives de Haïti lors du premier voyage de C. Colomb et que ce dernier n’a touché les rives de l’actuel Belize que lors de son quatrième voyage.

Les bateaux traditionnels des régions conquises de force par les Européens en Amérique ne se retrouvent guère sur les faces des monnaies des pays qui sont nés de ces périodes mouvementées. Mais on trouve au Canada quelques pièces qui montrent des canoës de facture locale. Voyons cette pièce commémorative de 25 cents datant de 1999 et consacrée au « mois de mai » :

25 cents Canada 1999 May
Cessons de commenter l’omniprésence de cette Queen qui, ici, est mise sur le revers de la pièce. L’avers représente un authentique canoë fabriqué par les « Indiens » de la partie septentrionale de l’Amérique. L’observation attentive de la gravure due à Sergiy Minenok nous apporte quelques éléments de réflexion. Les trois pagayeurs sont en fait une sorte de trappeur originaire de notre Europe et deux autochtones (une femme et un homme) qui sont placés, dans cet ordre, derrière ce colosse. On pourrait croire que c’est lui qui dirige le voyage entrepris par ces trois humains mais c’est ignorer qu’en matière de navigation en canoë, c’est celui qui est à l’arrière qui pilote et donc ici c’est l’Indien. Pagayant tantôt d’un côté puis de l’autre, il dirige l’embarcation vers où il lui semble que les courants sont les plus favorables et les récifs les moins dangereux. L’image est gravée au moment où les deux hommes effectuent leur effort du même côté, tandis que la femme est seule à tirer du sien. Le but est vraisemblablement de faire tourner l’embarcation vers babord. Le trappeur porte un chapeau de type Davy Crockett, chapeau de fourrure avec une queue de raton laveur cousue à l’arrière comme on rêvait d’en avoir lorsqu’on avait huit ans. Ses compagnons de voyage ont des coiffures plus locales, l’homme amérindien ayant des plumes d’oiseau fichées dans son scalp. Quelle est leur destination ? Nul ne le sait. Mais on leur souhaite une bonne journée d’efforts et un repos bien mérité par la suite.

Même si la pièce dont nous allons parler a déjà été évoquée dans le chapitre intitulé « Les subdivisions et multiples », il est impossible, ici, de ne pas y revenir. Il s’agit de la pièce de ½ penny émise par la Grande Bretagne entre 1937 et 1970, avec plusieurs variantes sur l’avers selon le roi ou la reine qui y figure. Celle qui a été présentée dans ce précédent chapitre datait de 1966, voyons donc celle qui a été frappée en 1941 :

Half penny Royaume Uni 1941
Le navire qui est représenté sur le revers ressemble beaucoup à une caravelle. Il s’agit du « Pélican », renommé par son capitaine Francis Drake le « Golden Hind » juste avant de s’engager dans le Détroit de Magellan. Envoyé en mission par Elizabeth I pour tenter de limiter ou même de reprendre les implantations espagnoles sur la côte pacifique de l’Amérique du Sud, il fut le réalisateur du second tour du Monde à la voile. Premier chef d’expédition à effectuer un tel voyage en entier, il en rapporta de nombreuses richesses volées aux Espagnols dont il arraisonna plusieurs navires sur les côtes d’Amérique du Sud. Son périple est retracé sur la carte ci dessous :

Voyage de Drake 1577-1580 (Image Wikipedia)
Contrairement à ce que montre cette carte, Drake n’a pas doublé le Cap Horn et n’a donc pas emprunté ce qui s’appelle maintenant la passage de Drake qui est cette région maritime située entre le Cap Horn et l’Antarctique : il est passé par le détroit de Magellan. On remarque aussi qu’au lieu de rentrer tout de suite en traversant le Pacifique il a longé les côtes américaines jusqu’au nord des actuels États-Unis d’Amérique. Il voulait en effet tenter de rentrer au Royaume de sa Majesté en utilisant ce qui s’appelle le « passage du nord-ouest », c’est-à-dire en passant au nord du Canada. Mais, voyant qu’il commençait à faire trop froid, il renonça et rentra en bouclant le tour du Monde.

Le but poursuivi par les navigateurs n’était pas seulement de « découvrir » de « nouvelles » terres, mais bien de s’y installer, d’établir des colonies, malgré la présence de peuples autochtones. Le cas de la ville du Cap est un peu différent car la Compagnie des Indes Orientales (Vereenigde Oostindische Compagnie ou « VOC ») ne souhaitait initialement installer qu’une sorte de poste relais destiné à l’approvisionnement en vivres et en eau fraîche de ses navires en partance pour l’Indonésie et le Tonkin où elle avait ses comptoirs. Cette mission a été confiée à Jan Anthoniszoon van Riebeeck en 1651. Parti de l’île de Texel  (Pays-Bas) en décembre 1651, il parvint dans la baie de l’actuelle ville du Cap à bord de son navire (le « Drommedaris ») le 6 avril 1652. Cet événement est commémoré sur cette pièce de 5 shillings d’Afrique du Sud et datant, elle, de 1952 :

5 shillings Afrique du Sud 1952
Toujours bien peigné Georgius sextus règne sur l’avers de cette monnaie de belle taille (28,28 grammes d’un alliage fait à 50 % d’argent, 38,6 mm de diamètre et 3,06 mm d’épaisseur). On voit le Drommedaris lors de son arrivée en vue de la « Table Mountain » (environ 1000 m d’altitude) et sur le point de jeter l’ancre.

Mais la suite de la grande migration humaine ne s’est pas limitée à faire et refaire le tour du Monde à la voile ou à se lancer dans le commerce intercontinental. En effet, si la longitude recèle en elle un appel puissant (à l’ouest, toujours plus à l’ouest !), la latitude ne l’est pas moins. Qu’y a-t-il tout au nord de cette planète ? Qu’y a-t-il dans le grand sud ? En ce qui concerne cette partie méridionale de notre planète, c’est James Cook qui découvrit l’existence d’une terre australe désormais appelée « Antarctique ». Il fit cette découverte en naviguant volontairement toujours plus au sud lors de son second voyage (il en fit trois). Mais c’est le navire qu’il commandait lors de son premier voyage que la Nouvelle Zélande a célébré sur ses pièces de 50 cents émises entre 1967 et 2019. Il s’agit de l’Endeavour :

50 cents Nouvelle Zélande 2009
L’objectif de ce premier voyage qui se déroula entre 1768 et 1771 était d’observer le transit de la planète Vénus devant le soleil qui devait avoir lieu en 1769 mais qui n’était observable que depuis les quasi antipodes du Royaume-Uni. L’observation fut faite depuis l’Île de Tahiti, déjà occupée par les Français. Après cela le navire aborda la Nouvelle Zélande, déjà visitée une fois par Abel Tasman en 1642. C’est visiblement cet épisode du premier voyage de Cook qui est célébré sur cette pièce.

 

Premier voyage de Cook – Image Alexius Horatius – Wikipedia

Les Européens ne sont pas les seuls à avoir parcouru les mers en ces temps anciens. Nous avons vu que des navigateurs chinois ont pu visiter les côtes de l’Inde et de l’Afrique. Il en est de même des marins arabes. Lors de son voyage d’exploration qui eut lieu entre 1497 et 1499, Vasco de Gama accosta en 1498 à « Calicut » (l’actuelle Kozhikode située au Kerala) déjà visitée par Zheng-He en 1406. En chemin il visita l’Île de Mozambique où il rencontra des personnes arabophones et pratiquant l’islam. C’est dire que les navires des peuples arabes avaient déjà pris la route du sud. Voyons, par exemple ce bateau représenté sur les pièces du Koweït :

100 fils Koweit 1985
Le revers est sobre : on peut lire « Kuwait » en caractères latins et en arabe (en fait Al Kuwait) et la valeur faciale : 100 fils. L’avers peut nous faire croire que l’on a sous nos yeux la représentation d’un boutre en train de naviguer sur les eaux du Golfe Persique. Il n’en est rien puisque c’est d’un « bhum » (prononcer « boum ») qu’il s’agit. C’est le plus ancien des boutres puisqu’il en existait avant l’arrivée des navires portugais (Vasco et ses compatriotes). Il a deux mâts supportant des « voiles arabes », c’est-à-dire des voiles trapézoïdales ressemblant à des voiles latines mais dont la pointe inférieure aurait été coupée. On peut lire également la date d’émission écrite en chiffres arabes dans le calendrier géorgien et dans le calendrier musulman : 1985 – 1405.

Restons dans les eaux, que l’on souhaite limpides, du Golfe qui baigne les côtes de l’Iran, de l’Iraq, du Koweït, de l’Arabie Saoudite, de Bahreïn, du Qatar et des Émirats Arabes Unis pour observer une pièce de 10 fils de ce dernier pays :

10 fils Émirats Arabes Unis 1989
Le revers est juste informatif. Tandis que l’avers nous montre un autre type de boutre en train de naviguer : c’est un « ganja », brother ! Peut-être transporte-t-il à fond de cale quelques ballots contenant l’herbe du même nom… On ne sait guère. Toujours est-il que ce type de navire a écumé les mers situées entre Oman et l’Inde.

Restons dans les navires traditionnels tout en changeant de continent et passons aux embarcations de l’Océanie. Par exemple nous avons ce magnifique camakau (prononcer :  [ða ma kau]), bateau utilisé anciennement par les habitants des Îles Fidji :

50 cents Fiji 1976
Il s’agit d’un bateau doté d’un balancier, dont se sont inspirés les concepteurs des trimarans modernes. La voile quasi-triangulaire est rapiécée par endroits. Un barreur dirige l’embarcation qui semble transporter quelques bagages ainsi que deux passagers :

50 cents Fiji 1976 détail
Un enfant est assis sur le balancier et une femme se tient sur le chargement du navire. Cette représentation est en fait la reproduction d’une gravure que l’on trouve dans les « Voyages au Pôle Sud et dans l’Océanie sur les corvettes l’Astrolabe et la Zélée » de Jules Dumont d’Urville :

Image tirée des Voyages au Pôle Sud et dans l’Océanie sur les corvettes l’Astrolabe et la Zélée.
L’image est bien la même. Il est surprenant de voir que le graveur de cette pièce (Ken Payne, graveur américain décédé en 2012) ait eu recours à un dessin réalisé lors d’un voyage d’exploration mené par les Français dans cette région alors que les peuples qui y vivaient étaient encore relativement libres. On reconnaît les réparations de fortune faites sur cette voile : ce sont exactement les mêmes. Le barreur barre toujours, l’enfant n’a pas bougé, mais tous les personnages qui se trouvent au milieu de cette scène ont été remplacés sur notre monnaie par un·e unique voyageur·euse. Cette embarcation est impressionnante en ce sens qu’elle nous permet de bien comprendre comment ces êtres humains avaient de longue date maîtrisé l’océan. (Image Wikipédia).

Restons aux antipodes de l’Europe en considérant une pièce de 5 francs émise par la France pour les « Établissements Français de l’Océanie » devenus ensuite la « Polynésie Française ». Celle-ci est constituée de cinq archipels : l’archipel de la Société (où se trouvent Tahiti et Bora Bora, par exemple), l’archipel des Tuamotu (qui comprend les îles devenues inhabitables de Moruroa et Fangataufa), l’archipel des Gambier, l’archipel des Australes et les Îles Marquises.

5 francs Établissements français de l’Océanie 1956
Minerve est là, devant nous, assise sur un trône, cachant à moitié ce qui semble être les tables de la loi (curieuse référence biblique sur une monnaie de la République). Elle tient une torche de la main gauche, signe qu’elle se trouve peut-être dans une grotte, et, de son bras droit, serre contre son sein,comme si c’était son bébé, une corne d’abondance pleine de fruits. Un paysage typique de la Polynésie envahit tout le revers avec ses cocotiers et sa côte découpée. Une coquille de bénitier (tridacna) pleine de fruits (encore !) nous souhaite la bienvenue. Échouée sur une plage, une pirogue à voile, véhicule typique des îles du Pacifique, attend ses passagers. Une autre, plus loin, est à peine esquissée par le graveur (Lucien Bazor – voir le chapitre sur les graveurs français). L’avers comme le revers des pièces de 50 centimes, 1 franc, 2 francs et 5 francs de la Polynésie Française datant de 1952 à nos jours sont exactement les mêmes que ceux de cette pièce. Notons également que le franc dont il est question est le « franc pacifique ». Un tel franc vaut à peu près 0,84 centime d’euro. Ce qui fait qu’un euro vaut à peu près 1,19 francs.

Poursuivons notre insubmersible vagabondage numismatique en revenant sur des rivages de la Gambie, pays très tôt marqué par la traite des humains. Visité dès les IXème et Xème siècle par les commerçants arabes, ce petit pays a été le lieu de nombreux affrontements entre les différents pays qui se sont senti avoir des pulsions colonisatrices : Portugais, Espagnols, Anglais, Français, Hollandais et même l’improbable Duché de Courlande, vassal de la « Pologne-Lituanie ». Indépendante depuis 1965, la Gambie a encore connu plusieurs soubresauts politiques (dont la création d’une éphémère confédération sénégambienne  en 1989) pour en arriver à élire, de façon semble-t-il régulière, son actuel président. Depuis 1971, la monnaie gambienne est le « dalasi », divisé en 100 « bututs ». Et regardons donc la pièce de 5 bututs datant de 1998 :

5 bututs Gambie 1998
Ayant une courte côte maritime sur le front de l’Océan atlantique et étant constitué des rives du fleuve Gambie, ce pays se livre surtout à la navigation fluviale. Le navire que nous voyons sur l’avers de cette pièce est vraisemblablement voué au transport de denrées le long de cet axe de communication. Doté de deux voiles, l’une à corne, de forme carrée et tendue par la bôme (en bas) et la corne (en haut), l’autre étant tout simplement un foc ou une trinquette, il naviguait d’est en ouest et réciproquement le long du fleuve. Il semble avoir un fond assez plat, permettant de ne pas craindre les hauts-fonds et son bordage n’est pas très élevé car les tempêtes ne doivent pas y être fréquentes.

Revenons au Canada pour cette fois-ci nous intéresser à un petit bateau longtemps utilisé à Terre-Neuve pour la pêche à la morue : il s’agit d’un « doris ». L’origine de son nom est mal connu : soit c’est le prénom de l’épouse du concepteur de cette embarcation, soit ce nom dérive de celui du fleuve « Douro » (nom qui se prononce « dorou »… c’est comme ça) coulant en Espagne et au Portugal et se jetant dans l’Atlantique à Porto… allez savoir !

25 cents Terre Neuve Canada 1992
La pêche à la morue s’effectuait avec une ligne dotée de hameçons qu’il « suffisait » d’agiter au milieu d’un banc de telles proies. Le pêcheur chargeait ensuite sa pêche sur des navires plus gros où l’opération de salage pouvait commencer. Inutile de dire que les gars qui se livraient à ce type d’activité n’avaient pas seulement froid aux yeux mais à tout le corps. Rudes vies !

Toujours au Canada, voyons la pièce de 10 cents. Indémodable depuis 1937, elle nous montre toujours le même voilier :

10 cents Canada 1992
Il s’agit du Bluenose. C’est une goélette inaugurée en 1921 en Nouvelle Écosse, province dont les habitants portaient le surnom de « blue nose »… sympa pour eux ! Ce bateau était conçu, là encore, pour la pêche à la morue. Cependant, ce type de navire se livrait aussi à des compétitions : la « course des Provinces maritimes et de la Nouvelle Angleterre », en particulier. Cette goélette est ainsi restée invaincue pendant 17 ans. Elle a ensuite été utilisée comme transporteur de marchandises aux Îles Caraïbes et a finalement coulé à l’Île-à-Vache, près d’Haïti en janvier 1946. La gravure effectuée par Emmanuel Otto Hahn sur cette monnaie reproduit fidèlement l’image suivante :

Le Bluenose – Image Wikipedia

La marine à voile a, semble-t-il, connu ses dernières années fastes aux alentours de la seconde guerre mondiale puisque de nombreuses goélettes (ou schooners en anglais) sillonnaient alors les mers. Voyons par exemple le Kirk B, honoré par les Îles Caïman sur ses monnaies de 25 cents depuis 1972 :

25 cents Îles Caïman 2008
L’avers montre la quatrième effigie de notre chère Queen qui, pour l’occasion, a dépensé des fortunes en coiffeur. L’image du Kirk B voiles sorties et affrontant les flots emplit le revers où, sans plus de précision, le nombre 25 nous informe que nous avons là un quart de dollar (monnaie locale : 1 CI$ = 1,06 €). Ce navire a été construit en 1929 par la société « RB Leitch » et était la propriété de « RB Kirkconnel and Brothers ». Il a été utilisé pour le transport de fret entre la Jamaïque et les Îles Caïman, puis entre Cuba et la Jamaïque. On s’en servit aussi comme bateau de pêche et de chasse à la tortue. Son gréement diffère sensiblement de celui du Bluenose vu précédemment.

Admirons encore un beau voilier avant de passer à d’autres types de navires : il s’agit du « Novas de Alegria » qui figure sur les pièces de 20 escudos émises par le Cap Vert en 1994.

20 escudos Novas Cap Vert 1994
Le revers nous montre l’emblème de la République du Cap Vert. Deux rameaux de palmier encadrent trois maillons d’une chaîne sous un cercle qui contient, dans un triangle, une torche allumée. 10 étoiles sont sur le pourtour et représentent les îles de cet archipel. On voit, sur l’avers le « Novas de Alegria », navire qui, dans les années 1950, effectuait la liaison entre Dakar et le Cap Vert.

Nous avons vu, au début de ce chapitre quelque peu désordonné, un curieux bateau de guerre coréen, le « bateau-tortue », et nous allons voir son pendant américain représenté sur un « quarter dollar » commémoratif comme les États-Unis d’Amérique se plaisent à en émettre :

Quarter Dollar Vicksburg États Unis 2011
Georges Washington regarde vers ce qui est notre gauche sans s’apercevoir que nous l’observons fixement. Autour de lui, les inscriptions indispensables sont écrites dans une calligraphie dénuée de toute fantaisie. La possible contradiction entre la notion de liberté et la référence à dieu ne semble gêner personne. L’avers est plus intéressant puisqu’il nous montre l’USS Cairo, sorte de cuirassé utilisé par l’armée régulière pendant la guerre de sécession. Il fut coulé sur la rivière Yazoo lors du siège de Vicksburg le 12 décembre 1862. Renfloué en 1964, c’est maintenant une pièce de musée.

Uss Cairo – Image Francis Trevelyan Miller 1877 – 1959
C’était un cuirassier dont la coque était en fer. Mis à part son mode de propulsion assuré par une machine à vapeur entraînant une roue à aube centrale, il a un petit air de famille avec le bateau tortue du début de ce chapitre.

Un autre navire de guerre fut mis numismatiquement à l’honneur par l’ennemi juré des États‑Unis : l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques, ce que nous résumons souvent par URSS et les anglicistes par USSR. Il s’agit du croiseur Aurora :

20 kopeck URSS 1967
Il est écrit sur l’avers de cette pièce qu’elle commémore le cinquantième anniversaire du pouvoir (ВЛАСТИ) soviétique. En clair, la révolution d’octobre 1917 date de cinquante ans. Or il se trouve que c’est à partir de ce bâtiment que le coup d’envoi de cette révolution a été donné le 25 octobre par un tir à blanc déclenchant la prise du Palais d’hiver où siégeait alors le gouvernement provisoire (dirigé par Kerenski). Lancé en mai 1900, il a participé à la guerre russo japonaise (1904-1905) et à la première guerre mondiale dans la marine impériale. C’est actuellement un navire musée à Saint-Petersbourg. S’il est difficile d’interpréter ce trait horizontal, partant du poste de commandement, que l’on peut voir sur le revers de cette pièce (est-ce un fanal lumineux ou un son produit par une corne de brume ?), il est en revanche facile de distinguer ce coup de canon à blanc qui mit le feu aux poudres révolutionnaires.

Croiseur Aurora Saint Petersburg juin 2006 – Image Dmitri Avdeev
Le voici attendant ses visiteurs en 2006. Cette image tend à confirmer que le trait horizontal signalé ci-dessus est bien une puissante matérialisation artistique d’un faisceau lumineux réalisée avec conviction par le graveur de cette pièce (I.S. Komshilov).

Peu de pays ont mis en avant la marine de commerce contemporaine. Visiblement les grands voiliers, les navires de l’ancien temps ou la marine militaire sont plus rutilants. On trouve cependant une sorte de cargo représenté sur une pièce de 50 centavos (de cruzeiro novo) émise par le Brésil entre 1967 et 1979 :

50 centavos Brésil 1977
La république brésilienne (actuellement dans la tourmente) est représentée sur l’avers, tandis que le revers nous montre un cargo à quai et la grue qui procède à son chargement (ou à son déchargement). Cette image nous rappelle ainsi qu’une part importante du transport des marchandises s’effectue par mer sur des navires pas toujours d’équerre et brûlant un carburant de médiocre qualité.

Comme on le sait, l’activité humaine des 200 dernières années (en comptant un peu large) a pour conséquence des modifications climatiques irréversibles (du moins dans des délais brefs). Une augmentation sensible de la moyenne conventionnelle des températures terrestres est en cours et elle se poursuivra dans les décennies à venir. Parmi les conséquences qui sont envisagées figure la fonte durable de la banquise arctique et, dans un premier temps, sa disparition totale pendant les mois d’été. Les rapaces de l’industrie pétrolière tout comme ceux du commerce international programment donc l’exploitation des ressources pétrolières du grand nord ainsi que l’ouverture de lignes maritimes passant par l’Océan Arctique. Jusqu’à présent la navigation dans les eaux arctiques se faisait sur la trace de puissants brise-glaces tel que celui qui est représenté sur cette pièce de 5 markkaa émise par la Finlande entre 1979 et 1993 :

5 markkaa Finlande 1985
Le revers, outre la valeur faciale, nous montre ce qui semble être un vol d’oiseaux un peu bizarre. En effet, ceux qui sont en léger relief volent vers la droite quand ceux qui sont en creux volent vers la gauche. Chacun sait qu’il est très rare de voir deux vols collectifs d’oiseaux de la même espèce se croiser ainsi. En général, toute la troupe suit le même mouvement. L’avers nous montre le brise-glace Urho. Ce navire fait partie d’une flotte de tels polymusclés de la propulsion dont la fonction est de maintenir les liaisons maritimes dans le golfe de Botnie pendant l’hiver.

Brise-glace Urho – Image Wikipedia
Le voilà au travail. (Image Wikipedia).

Cependant, la navigation peut aussi avoir une dimension ludique et sportive comme l’atteste cette pièce de 1 réal brésilienne consacrée aux épreuves de voile des Jeux Olympiques de Rio de Janeiro qui se sont déroulés à grands frais en 2016 :

1 réal Brésil Voile 2015
Chacun se souvient que ces compétitions nautiques ont eu lieu dans des conditions déplorables. La baie où ces épreuves ont pris place était encore pleine de détritus quelques jours avant le coup d’envoi et une alerte bactérienne majeure a alors fortement inquiété les compétiteurs. On voit pourtant le barreur de ce voilier tout à son ouvrage… mais la pièce a été frappée en 2015 : c’étaient donc les J.O. en rêve !

Comme à chaque chapitre, le sujet abordé n’est pas traité en totalité : il y a toujours bien trop à dire. Mais il apparaît ici que le thème « bateaux et navires » nous apprend beaucoup sur la relation que de nombreux pays entretiennent avec la mer et avec les voyages qu’elle autorise si tant est qu’on ait un peu de cran.

François Saint-Jalm

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