Le billet de la Banque de France

Le billet de la Banque de France

LE BILLET DE LA BANQUE DE FRANCE

La Banque de France, soucieuse de mettre les jolies images qu’elle édite en harmonie avec l’évolution de l’esthétique moderne et les tendances du goût public en matière d’art, a décidé de remplacer par des compositions nouvelles, celles des billets de cinq cents et de mille francs, dont les modèles datent déjà d’une époque assez lointaine.

Le billet de la Banque de France

Ce n’est point à dire que les coupures dont il s’agit aient cessé de plaire. En admettant — ce qui n’est pas prouvé, d’ailleurs — que les attributs et les allégories qui les décorent soient d’un autre âge et ne satisfassent plus les purs esthètes, m’est avis qu’auprès de la masse leur popularité n’a pas décru. On ne peut leur denier, en tout cas, la principale qualité exigible d’un billet de banque : ils sont inimitables ; et nous bavons point soutenance que des faussaires, si habiles fussent-ils, aient réussi à les falsifier.

Mais quoi !… Tout passe… Il faut qu’hier cède à demain ; tout s’efface, même les plus Précieuses images… Bref, la Banque a chargé l’éminent peintre lorrain Emile Friant d’exécuter de nouveaux modèles pour les billets destinés à remplacer dans la circulation les vingt millions de coupures de mille et les 9300000 coupures de cinq cents qui s’y trouvent actuellement.

Comment vivent et meurent les billets de banque

Au temps où fut créé chez nous le billet de banque, notre monnaie d’or et d’argent était si abondante qu’on n’eût jamais songé à mettre en circulation des coupures de petite et même de moyenne valeur. On s’en tint aux deux types de 500 et de 1000 francs. Les premières émissions sont datées de 1803, de 1814, de 1817 et de 1831. Tous ces billets étaient imprimés en noir. Celui de 1831, pour décourager les falsificateurs, était fait de deux clichés, l’un au recto, l’autre au verso, tous deux exactement pareils : c’est ce qu’on appelait la gravure « à l’identique ». Le repérage des deux clichés était si bien exécuté au tirage, que cela devait suffire pour rendre vaines toutes les tentatives d’imitation.

Mais on avait compté sans l’invention de la photographie. Quand l’art de Niepce et de Daguerre eut fait quelques progrès, on s’aperçut que grâce à lui, rien n’était plus facile que de fabriquer de faux billets.

On a conté à ce propos cette curieuse anecdote. Vers la fin de l’année 1861, l’impératrice Eugénie alla un jour visiter la Banque de France. Le gouverneur, qui l’accompagnait, lui présenta la collection des billets faux qu’on y conserve dans un petit musée particulier. L’un de ces billets lui parut si habilement imité qu’elle demanda la permission de l’emporter pour le montrer à l’empereur. Mais Napoléon III n’était pas dans son cabinet quand elle entra aux Tuileries. La souveraine, plaça le billet dans un tiroir du bureau de l’empereur et n’y pensa plus. Le lendemain, un solliciteur, auquel Napoléon III avait accordé audience reçut le billet et se fit arrêter chez le premier changeur auquel il le présenta. Quant au billet imprimé en hoir, si facilement imitable par les nouveaux procédés photographiques, il avait vécu : on décida de le remplacer par un billet tiré en bleu. On sait, en effet, que, naguère, le bleu était réfractaire à la photographie… Mais la Photographie fit des progrès. Il vint un jour où, par un système de plaques spéciales et d’écrans, on parvint à photographier le bleu lui-même. Alors, c’était en 1889, on continua à faire les billets bleus, mais on y ajouta fond rose qui devait en rendre l’imitation de plus en plus difficile.

Difficile, mais non point impossible, car les faussaires sont gens ingénieux et habiles à profiter de tous les progrès de la science. Les premiers essais de la photographie en couleurs furent cause que les régents de la Banque adoptèrent un nouveau type de billet qui fut mis en circulation au début de l’année 1910, et tiré en quatre couleurs.

Jusqu’en 1848, il n’y eut en France que des billets de mille et de cinq cents francs. En 1847, pourtant, on avait créé un billet de deux cents francs qu’on ne tarda pas à retirer de la circulation : et, en 1846, on avait émis un billet de cinq mille francs qu’on fit rentrer et qu’on supprima également deux ans après. Ce gros billet était tiré en rouge. Or, il arriva cette chose singulière, tous les billets de cinq mille francs revinrent au bercail, sauf un. Sans doute ce billet fut-il anéanti dans un incendie… En tout cas, si cet orphelin existe encore, celui qui mettrait la main dessus ferait une fructueuse trouvaille. La Banque le lui paierait un bon prix. La grande préoccupation de la Banque est de sauvegarder ses billets contre les imitations des faussaires. Elle prend pour cela les plus infinies précautions.

Résumons les grandes lignes de la fabrication du billet de banque.

Savez-vous ce que c’est que la « ramie » ? La « ramie » est la matière spéciale avec laquelle est fabriqué le papier des billets. C’est une sorte d’ortie exotique que l’Indochine fournit en abondance et dont les usages industriels sont assez variés. On fait avec la ramie des étoffes, des cordes, des chapeaux. La Banque en fait le papier de ses billets.

Première phase : fabrication du papier, dans une usine spéciale placée sous le contrôle rigoureux d’un commissaire qui, toute l’année, habite les bâtiments de la manufacture.

Ce papier est obtenu par des procédés tels qu’il défie toute concurrence et toute contrefaçon. On le fabrique à la main, feuille par feuille. Il est couché sur des moules où on lui donne, en le séchant, des épaisseurs différentes. On s’occupe ensuite des filigranes qui diffèrent suivant que le papier est destiné à telle ou telle coupure.

L’impression des billets nécessite également des encres spéciales, broyées selon les indications très étudiées et très secrètes des ingénieurs de la Banque. Ce travail est exécuté à la Banque même, sur le papier expédié de l’usine en rames de cinq cents feuilles renfermées dans des caisses de fer et scellées du cachet du commissaire surveillant, lequel possède une clef de ces caisses alors que la seconde se trouve à l’hôtel de la rue de La Vrillière.

Ajoutons qu’avant d’être livré à la presse, le papier est scrupuleusement examiné par un comité technique délégué à cet effet par le conseil de régence. Après procès-verbal, les feuilles sont remises au Secrétaire Général et au Contrôleur Général, puis renfermées dans une armoire de fer manœuvrant à deux clefs qui restent entre les mains de ces deux hauts fonctionnaires.

C’est dans cet asile bardé de fer que le papier attend l’heure où il doit recevoir les signes qui lui donneront sa valeur. Le tirage se fait sur les machines Lambert appropriées spécialement à l’usage de la Banque. Les billets sont tirés par quatre à la fois et numéroté automatiquement.

Voici les billets terminés, revêtus des signatures du secrétaire général, du contrôleur général et du caissier général de la Banque. On les met en circulation de quelle durée sera-t-elle ? Trois années en moyenne.

Au bout de ce temps, tous les billets qui reviennent à la Banque sont détruits.

Disons en deux mots par quels procédés. Il y a de cela un peu plus de treize ans, les billets retirés de la circulation étaient, après un minutieux contrôle, déposés dans une grande cuve ; puis, sous la surveillance d’inspecteurs et de chimistes, on les inondait d’acides. Au bout de quelques minutes d’arrosage, les fibres des billets étaient décomposées, et tous ces vieux papiers naguère si précieux ne formaient plus qu’une informe bouillie.

Mais cette pâte n’était pas tout à fait sans valeur. La Banque la vendait aux fabricants de cartonnages, et elle servait à faire les poupées communes, les grosses têtes qu’on voit figurer dans les cortèges de carnaval ou dans les cotillons, et les masques à bon marché. Voilà comment il se faisait que la « marotte » de quatre sous et le masque le plus commun avaient pu être billets de banque dans une vie antérieure. Les choses les plus précieuses en ce bas monde ont parfois le plus vulgaire destin.

Depuis 1912, le procédé de destruction des billets de banque est tout différent. On commence par apposer, sur le billet condamné, un cachet, signe de déchéance ; en même temps, on le perfore d’un gros trou destiné à le rendre désormais impropre à l’usage monétaire. On le classe ensuite dans sa série ; et quand tous les billets d’une même série sont rentrés au bercail, on procède à leur destruction.

Le système employé est dû à l’invention de l’éminent chimiste Haller, membre de l’Académie des sciences, qui mourut récemment. Il consiste en l’incinération des billets à l’intérieur d’une cornue chauffée à l’aide d’une rampe à gaz placée à la partie inférieure. L’opération se fait en deux phases : le papier, d’abord transformé en une masse de coke incandescent, se résout par le refroidissement en une poussière presque impalpable.

Ainsi des centaines de millions s’en vont en cendres et en fumée. Notons en terminant qu’il en est du billet de banque comme de toutes les inventions dont les peuples d’Occident se glorifient. Les Chinois l’ont inventé des centaines, peut-être même des milliers d’années avant nous.

Le voyageur arabe Ibn-Batoutah, qui visita la Chine dans la première partie du XIV“ siècle, raconte :

« Les Chinois font tous leurs échanges avec du papier. Ils n’achètent ni ne vendent avec des dirrhens ou avec des dinars. Reçoivent-ils une pièce de ces monnaies, ils la fondent immédiatisent. Quant au papier-monnaie, chaque billet a à peu près la longueur de la paume de la main et porte l’empreinte du sceau du roi… »

Un billet chinois de ce temps-là, c’est-à-dire du temps où régnait la dynastie des Ming, se trouve au Musée d’Art et d’industrie de Hambourg.

Il est imprimé en noir. Une de ses deux faces porte un gros timbre rouge officiel ; 1’autre face est marquée de deux timbres noirs.

Au milieu se trouve l’inscription suivante : « Papier-monnaie de la dynastie Ming devant circuler dans tout l’Empire avec l’autorisation impériale, le trésorier a émis ce billet et a ordonné qu’il circulerait comme une monnaie de métal. Celui qui le falsifiera sera décapité, et celui qui arrêtera ou fera arrêter, le falsificateur recevra une récompense de 250 taëls et, de plus, il recevra, tous les biens du criminel. »

Comme quoi le métier de faux-monnayeur offrait chez les Chinois de ce temps-là un peu plus de dangers que chez les peuples occidentaux d’à présent. Mais ce n’est pas tout : le billet chinois porte encore une excellente maxime : « Produis tout ce que tu peux et dépense avec économie ». Que de peuples qui ne sont pas Chinois pourraient faire leur profit d’un tel conseil !

Le Petit Journal illustré, 36è année, N°1798 du 7 juin 1925, par Jean Lecoq

Citation

Il est plus aisé de faire revenir un morceau de veau dans le beurre, que les billets de banque dans une caisse désargentée.

Le rangement des billets de banque

Le billet de la Banque de France se range dans un album pour classer les billets de type petit format ou un album de rangement de grande taille.

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