Les faux billets de la Banque de France au XIXème siècle

Les faux billets de la Banque de France au XIXème siècle

1000 Francs Type 1817 Définitif

1000 Francs Type 1817 Définitif

Les faux billets de la Banque de France au XIXème siècle

Remontons le temps …

On vient de mettre la main sur deux bandes de faux-monnayeurs, dont l’une fabriquait exclusivement des billets d’un franc, et l’autre, des billets de deux francs. Ces faussaires étaient modestes, comme vous voyez ; ils ne s’attaquaient pas au billet de mille francs. Mais, s’ils négligeaient la qualité, Ils se rattrapaient sur la quantité. Rien qu’à l’imprimerie ou la première de ces bandes fabriquait sa camelote, on a trouvé 300000 coupures d’un franc toutes prêtes à être mises en circulation et assez de papier pour en fabriquer encore quelques millions. La police est arrivée à temps pour arrêter cette nouvelle « inflation fiduciaire » ; mais ce zèle des faussaires à fabriquer les petits billets à la grosse, démontre que, si l’on veut éviter bien des déboires au public, il serait temps, grand temps de supprimer ces petites coupures et de mettre enfin en circulation les jetons qu’on nous promet toujours sans nous les donner jamais.

Le billet de la Banque de France fut créé il y a un peu plus d’un siècle. Les premiers types, datés de 1803, puis de 1814 et de 1817, enfin de 1831, étaient imprimés en noir. C’étaient les billets de 1000 francs et de 500 francs.

Celui de 1831, pour décourager les falsificateurs, était fait de deux clichés, l’un au recto, l’autre au verso, tous deux absolument pareils : c’est ce qu’on appelle la gravure « à l’identique ». Le repérage des deux clichés était si bien exécuté au tirage, que cela devait suffire pour rendre vaines toutes les tentatives d’imitation des faussaires. Oui, mais l’on avait compté sans l’invention de la photographie. Quand l’art de Niepce et de Daguerre eut fait quelques progrès, on s’aperçut que, grâce à lui, rien n’était plus facile que de fabriquer de faux billets de banque.

Les faux billets apparurent en effet. La banque venait d’en découvrir un, parfaitement imité, lorsque l’impératrice Eugénie (c’était en 1861) vint y faire une visite. Le gouverneur lui ayant montré le billet faux – un billet de 1000 francs – elle manifesta le désir de l’emporter pour le montrer à l’empereur. En rentrant aux Tuileries, elle le plaça dans un tiroir, parmi d’autres billets, mais oublia totalement d’en parler à Napoléon III. Or, le lendemain, un solliciteur, auquel le souverain avait accordé une audience, reçu le billet et fut arrêté chez le premier changeur auquel il le présenta.

– De qui tenez-vous ce billet ? demanda le commissaire à l’homme qu’on lui amenait.
– De l’Empereur !

Je vous laisse à penser si l’aventure fit du bruit. L’innocente victime fut amplement dédommagée ; mais le billet en noir, si facilement imitable par les procédés photographiques, fut condamnée. On fit le billet bleu dont la mise en circulation eut lieu en 1862. Chacun sait, en effet, que, naguère, le bleu était réfractaire à la photographie … Mais la photographie fit des progrès. Un jour vint où, par un système de plaques spéciales et d’écrans, on parvint à photographier le bleu lui-même. Alors, c’était en 1889, on continua à faire des billets Bleus, mais on y ajouta un fond rose qui devait en rendre l’imitation de plus en plus difficile.

Pourtant, les premiers essais de la photographie en couleurs donnèrent de nouvelles craintes aux régents de la Banque de France. Et de ses craintes naquit l’idée du billet de 1910, tiré en 4 couleurs. Ces messieurs de la banque assuraient que ces billets seraient tout à fait inimitables ; et il faut reconnaître que, jusqu’à présent, les faussaires n’ont pas réussi à l’imiter.

Pour sauvegarder ses billets contre les imitations, la banque prend les plus sévères précautions. Elle a une usine où elle fabrique son papier, et où, par des procédés absolument secrets, on donne à ce papier des filigrane spéciaux à chaque type de billet. La gravure, l’impression, le tirage, tout est fait à la banque même, avec des procédés particuliers, des encres spéciales, suivant des méthodes imaginées par les ingénieurs. Et malgré toutes ces précautions, les faussaires, dans le passé, ont parfois réussi à imiter si bien les billets de la banque que les caissiers eux-mêmes y furent trompés.

Nous ne saurons passer en revue toutes les tentatives de fabrication de faux billets, mais il en est au moins deux ou trois qui valent d’être rappelés.

Le plus fameux faussaire dont les annales de la Banque de France ont conservé le souvenir opérait entre 1853 et 1861. Il s’appelait Giraud de Gâtebourse, un nom qui eût ravi Balzac. C’était un personnage très lancé dans le beau monde. Il avait un château dans la Charente-Inférieure où il recevait des gens de bon ton. Parmi ses amis figurait un haut fonctionnaire de la Banque de France. Quelquefois, ce fonctionnaire, venant chasser dans les tirés giboyeux de son hôte, apparaissait à celui-ci le front soucieux et l’air préoccupé.

– Qu’avez-vous donc, cher ami ? disait Gâtebourse.
– Ma foi, répondait le fonctionnaire, je vous avoue que je suis un peu ennuyé. Figurez-vous que nous recevons en ce moment beaucoup de billets faux.
– Et bien, disait Gâtebourse, que ne changez-vous le type de vos billets ?
– Nous allons le changer, en effet.

Et le bon fonctionnaire décrivait à son ami les projets à l’étude, les modifications proposées … Gâtebourse avait tout loisir de préparer ses prochaines falsifications.

Cependant, la police finit par trouver la piste. Elle remarqua que le foyer d’émissions des faux billets de banque de 100 Francs Type 1848 était dans le département de la Charente-Inférieure. Peu à peu, le cercle de ses investigations se resserra autour de Gâtebourse. Et enfin elle prit le faussaire sur le fait. L’affaire eut un retentissement considérable. Pendant plus de 8 ans, Giraud de Gâtebourse avait inondé la France de faux billets. Sa vie luxueuse, il avait onze domestiques, dix chevaux et une meute de chiens de Saintonge, ces belles relations l’avaient mis longtemps à l’abri des soupçons. Ce fut un jour, pendant qu’il était à la chasse en joyeuse compagnie, qu’un agent de la Sûreté, nommé Tenaille, un beau nom pour un agent, arriva à son château, il fit une perquisition et découvrit tout l’arsenal du faussaire. Quand Gâtebourse rentra, on lui mit la main au collet.

Il passa aux assises le 14 avril 1862.

Condamné aux travaux forcés à perpétuité et déporté à Cayenne, Gâtebourse y trouva une mort effroyable. Ayant réussi à s’échapper, il tenta de gagner la frontière de la Guyane hollandaise par le bord de la mer. Mais il s’égara dans des sables mouvants, s’y enlisa ; et l’on retrouva son corps à demi rongé par les crabes.

Avant Gâtebourse, le plus fameux faussaire avait été un certain Collard, qui opérait en 1822. Ces billets étaient supérieurement imités. C’était, il est vrai, facile en ce temps-là. Il réussit longtemps à dépister la police. Enfin il fut pris, et c’est au fameux Vidocq que revint l’honneur de la capture.

À côté des faussaires fastueux du genre de Gâtebourse, il en est qui se montrent singulièrement modeste dans leurs appétits. Jugez-en par la curieuse histoire que voici.

On remarquait naguère à la Banque de France, il y a de cela une vingtaine d’années, que, chaque mois, arrivaient cinq billets de cent francs faux, fort bien imités, mais portant, régulièrement aussi, les mêmes imperfections légères qui les faisaient reconnaitre. Pas de doute, ce billet était l’œuvre du même faussaire. On mit la police en campagne : elle reconstitua l’itinéraire parcouru par les billets et fini par trouver la région d’où venaient les petits papiers. Mais, en dépit de toutes les recherches, on ne put jamais mettre la main sur leur auteur. Comme il était, somme toute, peu exigeant et se contentait d’émettre, tous les mois, ces cinq billets de cent francs, la Banque de France renonça aux recherches et consentit à l’adroit faussaire la petite rente de six mille francs qu’il prélevait sur elle. Et puis, un jour vint où les faux billets cessèrent d’arriver à la banque. Et l’on constata cette coïncidence : dans la ville considérée comme le lieu d’origine des billets, venait de mourir un respectable fonctionnaire, lequel était, disait ton, un ancien graveur très habile dans son art.

Et cette histoire comporte une morale, en dépit de son immortalité : si l’homme, au lieu de prélever six mille francs par an sur la banque, avait tenté d’en prélever soixante mille, il est probable que les recherches eussent été poussées à fond et qu’il eût été pincé. Sa discrétion le sauva. Comme quoi les filous eux-mêmes ont parfois intérêt à savoir se contenter de peu.

Aujourd’hui, l’industrie de la falsification des billets, je parle des billets de la Banque de France qui sont à peu près inimitable, est moins facile et moins lucrative qu’autrefois. Aussi les falsifications sont-elles devenues de plus en plus rares. La dernière grande manifestation des contrefacteurs date de 1889. A cette époque, il y eut, à Paris, une véritable invasion de faux billets de 500 francs. Il en résultat dans le commerce une sorte de panique. On refusait les billets de cette somme sans les regarder. La banque, cependant, remboursa les billets faux à tous les porteurs qui firent la preuve de leur bonne foi. La loi ne l’oblige pas à ses remboursements ; mais elles les effectuent généralement ; et c’est ainsi qu’elle s’est constitué une collection des plus curieuses. On peut voir, rue La Vrillière, toute la série des falsifications tentées depuis qu’existe le billet de banque. On y voit même une œuvre des plus curieuses dans sa perfection naïve : c’est un billet de 50 francs qu’un calligraphe dessina à la plume il y a une soixantaine d’années… A la plume !… Vous jugez du travail de bénédictin accompli par ce faussaire … Cet homme fit cela pour 50 francs : et il risqua les galères par-dessus le marché.

1000 Francs Type 1817 Définitif

1000 Francs Type 1817 Définitif, faux billet réalisé à la plume

Voilà de l’amour de l’art, ou je ne m’y connais pas !

Jean LECOQ

Pour le rangement des faux billets, en général, ils se rangent à la suite d’un authentique avec une mention visible dans un album pour classer les billets de type petit format ou un album de rangement de grande taille. Aussi, pour le classement des fausses monnaies, vous pouvez choisir entre l’album monnaies de petite dimension ou bien le grand modèle de classeur avec les pochettes à étui carton autocollant ou à agrafer.

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