LE MÉTAL
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Initialement frappées à partir de flans en cuivre, en bronze, en argent ou en or, les monnaies ont ensuite été obtenues à l’aide de métaux différents et cela pour plusieurs raisons.
L’or et l’argent étaient réservés aux monnaies de grande valeur. Ces pièces, frappées par différents pays ou différentes villes, pouvaient facilement être utilisées un peu partout, dans la mesure où leur valeur égalait celle de leur poids en métal précieux. En revanche, pour la menue monnaie, ces métaux étaient contrindiqués car la quantité de métal équivalent à leur valeur aurait été trop petite pour confectionner une pièce. C’est pourquoi le cuivre et le bronze ont été mis à contribution.
Mais avant d’aborder cet aspect métallique, n’oublions pas qu’il a aussi existé des pièces de monnaie faites dans d’autres matériaux. Par exemple, le carton. La ville de Gand a, en effet, émis en 1920 des pièces de dix centimes en carton.
Vient ensuite la porcelaine qui a été utilisée, par exemple, en Allemagne dans les années 1920 également.
On trouve encore à la fin des guerres, des moyens de paiement improvisés comme cette « pièce » de 50 Pfennig imprimée sur une toile de lin en 1918 :
L’or.
Je ne possède malheureusement que deux pièces en or dans ma collection. Elles font ma fierté car je les ai acquises toutes les deux pour moins de un euro. Voici l’histoire de la première : je suis allé un jour voir un brocanteur de ma connaissance qui tient une boutique rue Pache (maire de Paris pendant la Terreur) dans le onzième arrondissement. Cet endroit est un véritable capharnaüm où l’on peut trouver absolument de tout et où tous les objets mis en vente forment une sorte de foule désordonnée et presque animée. Je lui demandai si, par hasard, il n’aurait pas des monnaies à vendre et il me montra une pochette de format A4 contenant environ 7 à 8 kilos de pièces. Prix : 40 euros. Après une courte hésitation, j’ai topé et ai rapporté mon butin à la maison. Pas bien sûr de mon affaire, j’ouvris le paquet et, tel Onc’ Picsou, je plongeai la main dans ce tas de pièces. J’en retirai une première fois ce que l’on peut appeler du « tout venant » avec certainement des choses intéressantes et d’autres moins. Mais un second coup de sonde fit apparaître une drôle de pièce dorée de nature inconnue. Pas de valeur faciale affichée, juste un bel aspect. Après une rapide recherche sur le Web, je découvris qu’il s’agissait d’un « Souverain » anglais (sovereign), datant de 1907 en excellent état… ou d’une fausse pièce. Après pesée, j’ai reconnu que c’était un vrai. Sa valeur estimée est de 400 € ! Belle prise, non ?
La seconde a une histoire presque semblable mais, à la réflexion, un peu plus croustillante. Chaque mercredi, je me rends à un marché qui se tient à Saint-Mandé près de la Porte de Vincennes. Je fréquente essentiellement deux vendeurs, Jan et Carmino, qui se débrouillent pour me trouver des lots intéressants où je devrais pouvoir trouver mon bonheur. Un jour, triant un immense tas de pièces une par une, je tombe sur une monnaie de toute petite taille assez jolie et attirant l’œil car toute dorée et non oxydée. En ce qui concerne la taille, elle ressemblait plutôt à ces petites pièces de « spielgeld » que l’on trouve parfois, pièces de monnaies destinées au « jeu de la marchande » en Allemagne. Mais le métal n’avait pas l’air d’être du cuivre. Aussi, et même si je n’arrivais pas à déchiffrer ce qui était dessus (j’avais oublié de prendre ma loupe), je décidai de l’acquérir. À la fin de cette activité, je demandai à Carmino de me fabriquer le prix de mes trouvailles. Le contrat oral est de se baser sur une idée du genre « une pièce = un euro », mais au bout d’un certain nombre, comme par exemple « 80 », Carmino arrête de compter les dix ou quinze pièces restantes. Total, je m’en tire pour un peu moins de un euro la pièce alors que certaines d’entre elles valent parfois bien plus. La valeur de cette petite pièce de 1/5 de livre, c’est-à-dire de 2 soles de oro est à peu près de 70 €. Voyons cette petite merveille :
L’argent.
On trouve des pièces en argent bien plus facilement que celles qui sont en or ! Mais, tout comme le souverain que nous venons de voir, elles sont rarement en argent pur. Cela va de moins de 20 % à 100 %. Les pièces à moindre teneur que 50 % en argent ne peuvent, bien entendu pas être considérées comme étant « des pièces en argent », mais bien comme étant des pièces composées d’un autre métal avec un petit additif en argent. La description fine de la composition de ces pièces n’est malheureusement pas toujours disponible et nul ne sait de quoi elles sont faites réellement. Comme exemple, il y a la pièce de 1 Silber Groschen (un « centime » d’argent) émis par la Prusse entre 1821 et 1873 :
Presque toutes les pièces courantes suédoises de 10, 25 et 50 Öre émises entre 1943 et 1961 et de 1 Krona (1 Couronne) entre 1940 et 1968 sont composées de 40 % d’Argent. En émettant ce type de monnaie, la Suède cherchait vraisemblablement à affirmer sa richesse croissante tout en limitant le coût de chaque pièce frappée.
Un bon exemple de pièce en argent quasiment pur est la pièce de 2 nuevos pesos émise par le Mexique en 1993 en l’honneur de Guerrero Aguila :
Le cuivre et le bronze.
Comme il a été dit ci-dessus les deux autres métaux ayant été utilisés anciennement pour frapper des monnaies sont le bronze et le cuivre. Si ce dernier métal est censé être pur (ce qui n’est vraisemblablement jamais le cas) le bronze est un alliage qui n’a pas de composition précise. C’est a priori un mélange de cuivre et d’étain, mais de nombreux autres métaux peuvent s’y ajouter ou même, dans l’antiquité, se substituer à l’étain. On peut citer parmi ces métaux le plomb, le zinc, le nickel ou l’arsenic. Voyons deux exemples de monnaies respectivement frappées en cuivre et en bronze :
Le laiton.
Restons dans les pièces jaunes. Le laiton est un alliage de cuivre et de zinc dans des proportions telles que les propriétés optiques du cuivre l’emportent encore et donnent à ce mélange un aspect « jaune ». Un tel alliage s’oxyde moins que le cuivre et le bronze. Prenons pour exemple la pièce de 5 stotinki de 1974, c’est-à-dire 5 centimes bulgares :
Le laiton se retrouve encore dans plusieurs types de monnaies : les pièces de deux kopecks de l’URSS entre 1961 et 1991, les pièces de 1, 2 et 5 tolar de Slovénie entre 1991 et 2006 ou encore par exemple les pièces de 5, 10, 20 et 50 centimos de Inti, monnaie péruvienne ayant eu cours entre 1985 et 1991, et celles de 10 et 20 centavos de Nuevo Sol, monnaie péruvienne entre 1991 et 2015.
Le cupronickel.
Constitué d’environ 75 % de cuivre et de 25 % de nickel, cet alliage, utilisé très fréquemment pour frapper des monnaies est, semble-t-il, apparu dans cet usage en 1873 et 1874 avec les pièces de 5 et 10 pfennig émises par l’Allemagne récemment unifiée. Malgré sa forte teneur en cuivre, il a un aspect de « métal blanc », pas aussi incolore que le nickel ou l’acier inoxydable. Il est assez résistant à l’usure et à la corrosion et certainement moins cher que le nickel pur. C’est la raison pour laquelle de nombreux pays l’ont utilisé pour frapper leurs monnaies.
Autre exemple pris au hasard parmi les milliers qui existent : les pièces de 10 drachmes grecques de la période allant de 1968 à 1994 :
Le nickel.
Isolé en 1751 par le chimiste suédois Axel Frederik von Cronstedt, ce métal blanc, plus dur et plus tenace que le fer, ne fut extrait efficacement des minerais contenant de l’oxyde de nickel qu’à partir de 1890 avec le procédé « Mond » (du nom de son inventeur Ludwig Mond).
Il existe d’ailleurs une pièce commémorative de cette découverte : c’est la pièce de 5 cents frappée par le Canada (grand producteur de nickel) en 1951.
Le nickel est un élément relativement abondant sur Terre puisqu’il représente 1,8 % de la matière constituant notre planète, une grande partie de ce métal étant cependant incluse dans le noyau terrestre. L’un des principaux gisements de nickel se trouve en Nouvelle Calédonie. C’est l’une des raisons pour lesquelles, à partir de 1960 et de la création du « nouveau franc » (1958) les pièces de 1 franc français étaient composées de nickel pur. Il en fut de même pour les pièce de ½ franc (à partir de 1964) et pour celles de 2 francs (à partir de 1977). Étant reconnu allergisant, il est cependant encore utilisé comme constituant de la partie centrale des pièces de 1 euro en étant toutefois recouvert de cupronickel sur les deux faces.
Le nickel pur n’a pas été très souvent utilisé pour frapper des monnaies, à l’exception du franc français à partir de 1960 et du gulden des Pays-Bas depuis 1967, le cupronickel lui étant souvent préféré. Mais l’exemple choisi ici pour représenter la pièce en nickel est la pièce de 10 francs de Nouvelle Calédonie (entre 1967 et 2005). L’unité monétaire est le « Franc-Pacifique » qui a cours en Nouvelle Calédonie, dans la Polynésie Française et à Wallis et Futuna. 1000 de ces francs valent 8,38 € et, inversement, 1 € vaut un peu plus de 119 francs.
De nombreuses pièces sont, par ailleurs constituées d’acier nickelé, c’est-à-dire d’acier recouvert d’un plaquage de nickel. Ce dernier est bien plus résistant à l’usure et à la corrosion que l’acier et c’est pourquoi on l’utilise à cette fin. Prenons pour exemple la pièce de 100 leones de Sierra Leone datant de 1996 :
L’aluminium.
Isolé chimiquement par Friedrich Wöhler en 1827, l’aluminium n’a été obtenu facilement et à un coût acceptable qu’à partir de 1886 grâce aux travaux de l’américain Charles-Martin Hall et du français Paul Héroult (procédé Hall-Héroult). Avant cette date, il était considéré comme un métal précieux (tel l’or et l’argent) et servait à fabriquer des bijoux ou des couverts de luxe !
L’aluminium n’est pas le métal idéal pour frapper des monnaies. En effet, si ses qualités sont la légèreté et son caractère peu oxydable, ses défauts sont la faible dureté et la malléabilité. Les pièces obtenues avec ce métal s’usent donc facilement et sont vite marquées par les coups qu’elles ne manquent pas de prendre.
Les premières monnaies en aluminium pur apparaissent en 1920 sous la forme de « monnaies de nécessité ». Il en sera question dans un chapitre consacré à ce sujet. La plus ancienne pièce (émise par un pays) que je possède est une pièce de 10 lepta grecque datant de 1922.
Devenu bon marché, l’aluminium est le métal utilisé par les pays qui ne peuvent investir de fortes sommes dans la frappe de leur monnaie. On peut ainsi citer les centimes de Yuan chinois (les pièces de 1, 2 et 5 fen) depuis 1956, toute les monnaies circulantes de la « République démocratique allemande (RDA) » ainsi que les pièces des monnaies dont le cours s’effondre. Par exemple la peseta espagnole a eu un sacré coup de mou entre 1982 et 2000 et cela s’est vu dans les pièces frappées par ce pays :
Le zinc.
Ce métal est connu depuis l’antiquité et est produit de façon industrielle depuis le milieu du XVIIIème siècle. Assez malléable et cassant, il s’oxyde peu à sec et se couvre d’une couche passivante en milieu humide. Bon marché par rapport au cuivre, il a été utilisé en remplacement de ce dernier pour frapper la menue monnaie en temps de guerre, typiquement par les belligérants impliqués dans de lourdes dépenses militaires pendant et juste après les deux grands conflits mondiaux. Ce sont des pièces assez laides car l’oxydation les a rendues toutes noires. Regardons pour exemple une pièce de 5 Pfennig allemande datant de 1917, une pièce de 20 centimes française datant de 1943 et une pièce un peu particulière de 1 cent des États-Unis datant également de 1943.
La monnaie suivante est plus étonnante et correspond à l’effort de guerre consenti par les États-Unis à partir de l’attaque de Pearl Harbor (7 décembre 1941). Le cent américain, habituellement frappé à partir d’un flan constitué d’un alliage de cuivre, d’étain et de zinc, a été, pour un an frappé à partir d’un flan constitué d’une âme d’acier plaquée de zinc.
Le fer.
Métal encore moins cher que les précédents et encore moins adapté à la frappe des monnaies car il est bien plus sujet à la corrosion, le fer a été utilisé en temps de guerre par des pays comme l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie, le Luxembourg, la Norvège ou la Suède. Commençons par la Norvège pendant la seconde guerre mondiale :
L’Autriche-Hongrie déclara la guerre au Royaume de Serbie le 28 juillet 1914. Elle fut l’alliée du Reich allemand et se retrouva complètement soumise à celui-ci en mai 1918 (Conférence de Spa). Cet empire finissant émit en 1916, 1917 et 1918 une pièce de deux Heller (centimes de couronne) qui était en fer.
L’étain.
Connu depuis l’antiquité, l’étain a surtout été utilisé dans des alliages. Le bronze en est un exemple. À l’époque moderne, divers alliages contenant de l’étain à différentes proportions ont parfois servi à frapper des pièces : alliage « cuivre – étain – zinc », alliage « cuivre – aluminium – zinc – étain ». Plus rare est l’alliage « étain – zinc » dont je ne possède qu’un exemple. Il s’agit d’une pièce de 1 sen japonaise émise en 1944, année de guerre comme on sait.
Mais, l’étain pur a aussi été utilisé pour frapper des monnaies. La Thaïlande l’a fait. En effet, les pièces de 1 satang (le centime de baht, qui est l’unité monétaire de ce pays) de 1942 et 1944, celles de 5 satangs, 10 satangs et 20 satangs entre 1942 et 1950, les pièces de 25 et 50 satangs de 1946, sont en étain. Ce métal a souvent été utilisé pour fabriquer des pots ou des couverts en occident. Il est facile à travailler puisque sa température de fusion n’est que de 232 °C. Cependant, sous nos latitudes et du temps où de très grands froids pouvaient survenir, le phénomène appelé « peste de l’étain » pouvait se déclencher. Cela a lieu très lentement en dessous de 13,2 °C et devient très rapide vers – 40 °C. On assiste alors à la pulvérisation du métal. Heureusement c’est improbable en Thaïlande. Voyons la pièce de 50 satangs datant de 1946.
Acier inoxydable.
Ce mélange de fer, de carbone et de chrome a progressivement été mis au point au début du vingtième siècle, le premier véritable acier « stainless » apparaissant en 1913. De tels aciers bon marché furent produits dès 1925. Pourtant, les premières pièces en acier ne firent leur apparition que vers la fin des années trente. En 1939, l’Italie émit une série de monnaies de 20 et 50 centesimi ainsi que de 1 Lira et 2 Lire en acier inoxydable. Voyons par exemple la pièce de 50 centesimi.
Depuis 1939, l’acier inoxydable a été très souvent utilisé par de nombreux pays pour frapper leurs monnaies. Voyons par exemple la pièce de 5 Taka du Bangladesh :
Les alliages.
À part les alliages déjà cités, car fréquemment utilisés, de nombreux mélanges de métaux ont servi à la frappe des monnaies. Tous les cas de figure ne seront pas ici évoqués dans la mesure où, à partir de la deuxième moitié du XIXème siècle, de nombreux nouveaux métaux ont été isolés, souvent grâce aux techniques électrolytiques.
Le plus ancien de ces alliages est le « billion ». Il était utilisé par les Romains du temps de l’Empire et son emploi a perduré jusqu’à la fin du XIXème siècle. Ce billion est un alliage d’argent et de cuivre dans des proportions variant selon la monnaie considérée. Voyons l’exemple de la pièce de 10 centimes suisse frappée en 1850 :
Un autre alliage aujourd’hui oublié et utilisé en temps de guerre est le « maillechort ». Inventé en 1819 par deux métallurgistes lyonnais du nom de Maillet et Chorier, il s’agit d’un mélange de cuivre (majoritaire) de zinc et de nickel dans des proportions pouvant varier : Cuivre : de 45 à 65 %, Nickel : de 10 à 25 % et Zinc : de 20 à 27 %. Il a un aspect jaune clair et est utilisé dans la composition des pièces de 1 euro (en ce qui concerne le pourtour) et de 2 euros (pour le centre). Les pièces les plus connues frappées intégralement dans cet alliage sont celles de 5, 10 et 25 centimes françaises et datant des années 1938 à 1940.
Ce maillechort est à distinguer de ce qu’on appelle le « nickel-laiton » ou encore « laiton au nickel ». En effet, nous avons vu que le laiton était un alliage de cuivre et de zinc. Le maillechort contient au moins 10 % de nickel. Et le « laiton au nickel » n’en contient que 2 à 6 %. Produit spécifiquement pour le monnayage de sécurité, cet alliage est difficile à copier. De plus, sa signature magnétique est caractéristique des pièces qui en sont composées et c’est ce qui sert à leur reconnaissance par les automates où l’on glisse des pièces pour obtenir un service (distributeur de boissons, de tickets de métro, de timbres, etc.). Un bon exemple de pièce en « nickel-laiton » est celle de 1 pound britannique, et cela jusqu’en 2016. Voyons celle qui a été frappées pour les Îles Falkland (autrement dit, les Îles Malouines ou encore « las Islas Malvinas ») en 2004. Bien que peuplée de seulement 3000 habitants, le Royaume Uni tient encore à affirmer sa présence dans ces îles qui ont, depuis 2009, le statut de territoire d’outre-mer autonome.
Un autre alliage fréquemment utilisé de nos jours est « l’aluminium-bronze » ou « bronze d’aluminium ». Rappelons que le bronze est un alliage antique de cuivre et d’étain. L’aluminium-bronze est, lui, un alliage de cuivre et d’aluminium. Voyons l’exemple des pièces frappées par la Sarre lors de sa brève période de quasi-indépendance :
D’autres alliages utilisant différents métaux comme additifs à une base constituée de cuivre ou d’aluminium (le magnésium ou le manganèse), sont utilisés pour la frappe des monnaies, mais il était impossible de ne pas citer ce qu’on appelle « l’alliage nordique » ou « l’or nordique ». Il s’agit d’un mélange de cuivre (89 %), d’aluminium (5 %), de zinc (5 %) et d’étain (1 %), mis au point en Suède pour frapper les pièces de 10 kronor pour ses vertus non-allergéniques. Il est toujours utilisé pour les pièces de 10, 20 et 50 centimes d’euro. Mais, nous allons en voir un usage sur l’exemple d’une pièce commémorative polonaise de 2 Złote :
Les plaquages.
Depuis les premières pièces constituées d’une âme enrobée d’un plaquage fait d’un autre métal et datant de le première guerre mondiale, de nombreuses combinaisons ont été employées. La liste exhaustive serait un peu longue à exposer ici et on simplifiera cette question en disant que parmi les 22 000 pièces que j’ai pu rassembler à ce jour, pas moins de 24 situations différentes peuvent être répertoriées. La situation la plus fréquente est celle d’une pièce constituée d’acier plaqué en cupronickel, bronze, cuivre, laiton, zinc, cuproaluminium ou chrome. Je ne retiendrai ici pour exemple que trois situations qui sortent un peu de l’ordinaire : l’acier plaqué chrome, l’aluminium plaqué cuivre et le cupronickel plaqué or.
→ L’acier plaqué chrome. Le chrome est plus souvent employé comme additif à l’acier afin de le rendre inoxydable qu’en tant que métal pur. Le Canada l’a pourtant utilisé à des fins de plaquage entre 1944 et 1954 pour ses pièces de 5 cents. Voyons par exemple celle qui date de 1952 car elle est doublement plaquée : elle est en acier plaqué nickel et plaqué chrome par dessus !
→ L’aluminium plaqué cuivre. Comme il a été dit ci-dessus, l’aluminium est le métal du pays pauvre, du pays transitoirement en difficulté, qui ne peut se permettre de consacrer une trop grande part de son budget à frapper des monnaies onéreuses. Donc, l’astuce qui consiste à plaquer un flan d’aluminium avec du cuivre est une sorte de cache-misère. Les pièces de 10 Won de Corée du Sud (de 2006 à nos jours) constituées de 52 % d’aluminium plaquées par 48 % de cuivre ne correspondent pas tout à fait à cette description. En revanche, il existe une pièce israélienne de 10 prutot datée de 5717, c’est-à-dire de 1957, qui peut servir d’exemple. En réalité, c’est la seule pièce ayant cet aspect que j’aie jamais rencontrée, à tel point que j’ai initialement cru qu’elle était fausse. En effet sa masse est de 1,61 gramme tandis que celle d’une pièce de cuivre de même dimension serait de l’ordre de 6 grammes.
→ Cupronickel plaqué or. Il fallait bien qu’on en vienne à l’idée de fabriquer des pièces de monnaie ayant l’air d’être en or tout en ne l’étant pas tout-à-fait. C’est ce qui se fait en matière de pièce commémorative à faible tirage et destinée à être vendue à quelques collectionneurs avisés. Ci-dessous un « quarter » américain.
Les bimétalliques.
Ces monnaies dont le flan est constituées d’un centre d’un certain métal entouré d’une couronne faite d’un autre métal, sont apparues en 1982 avec les pièces de 500 lire italiennes. La technique de leur fabrication s’est ensuite répandue dans tout le Monde et elle est très souvent utilisée pour produire les pièces de plus grande valeur faciale car leur contrefaçon est plus difficile à réaliser. Nous prendrons ici deux exemples. Le premier est celui de la pièce de 10 Nuevos Pesos mexicaine datant de 1992 à 1994.
Parmi toutes les sortes de pièces bimétalliques qui ont été frappées depuis 1982, il en est une qui peut être particulièrement remarquée. C’est la pièce de 50 korun émise par la République Tchèque entre 1993 et nos jours. En effet, ordinairement, les pièces bimétalliques sont constituées de deux parties nettement contrastées, avec par exemple d’un côté du cupronickel et de l’autre du laiton ou du bronze. Mais dans le cas de cette pièce le centre est composé d’acier plaqué avec du laiton et le pourtour est constitué d’acier plaqué avec du cuivre. L’aspect obtenu est assez remarquable :
À vrai dire, cette pièce n’est pas la seule bimétallique à présenter un faible contraste entre ses deux parties. La pièce de 10 dinars émise par l’Algérie entre 1992 et nos jours est également peu contrastée : son centre est constitué d’un alliage d’aluminium et de magnésium tandis que son pourtour est en acier inoxydable.
Métaux précieux.
L’or et l’argent ne sont pas les seuls métaux précieux. Les pays qui souhaitent émettre des monnaies à destination des collectionneurs comme des personnes qui thésaurisent dans le métal utilisent parfois le platine. Je ne possède pas de telles pièces. En revanche j’ai acquis une très belle pièce de 25 euros frappée par l’Autriche dans un flan constitué de niobium (au centre) et d’argent.
Les immenses progrès réalisée dans la chimie des métaux à partir du XIXème siècle ont donc permis une grande diversification dans la composition des monnaies frappées par les différents états. Leur usage a été souvent dicté par des motifs d’ordre économique ou militaire. Cette diversité est indéniablement l’un des aspects les plus intéressants de la numismatique.
François Saint-Jalm