LE MÉTAL

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Initialement frappées à partir de flans en cuivre, en bronze, en argent ou en or, les monnaies ont ensuite été obtenues à l’aide de métaux différents et cela pour plusieurs raisons.

L’or et l’argent étaient réservés aux monnaies de grande valeur. Ces pièces, frappées par différents pays ou différentes villes, pouvaient facilement être utilisées un peu partout, dans la mesure où leur valeur égalait celle de leur poids en métal précieux. En revanche, pour la menue monnaie, ces métaux étaient contrindiqués car la quantité de métal équivalent à leur valeur aurait été trop petite pour confectionner une pièce. C’est pourquoi le cuivre et le bronze ont été mis à contribution.

Mais avant d’aborder cet aspect métallique, n’oublions pas qu’il a aussi existé des pièces de monnaie faites dans d’autres matériaux. Par exemple, le carton. La ville de Gand a, en effet, émis  en 1920 des pièces de dix centimes en carton.

10 Cents Gent

Image tirée du site « Numista »

Vient ensuite la porcelaine qui a été utilisée, par exemple, en Allemagne dans les années 1920 également.

Pièce de 1 Mark émise en Saxe en 1920 (Image tirée du site « Numista »)

On trouve encore à la fin des guerres, des moyens de paiement improvisés comme cette « pièce » de 50 Pfennig imprimée sur une toile de lin en 1918 :

Image tirée du site « Vcoins »

L’or.

Je ne possède malheureusement que deux pièces en or dans ma collection. Elles font ma fierté car je les ai acquises toutes les deux pour moins de un euro. Voici l’histoire de la première : je suis allé un jour voir un brocanteur de ma connaissance qui tient une boutique rue Pache (maire de Paris pendant la Terreur) dans le onzième arrondissement. Cet endroit est un véritable capharnaüm où l’on peut trouver absolument de tout et où tous les objets mis en vente forment une sorte de foule désordonnée et presque animée. Je lui demandai si, par hasard, il n’aurait pas des monnaies à vendre et il me montra une pochette de format A4 contenant environ 7 à 8 kilos de pièces. Prix : 40 euros. Après une courte hésitation, j’ai topé et ai rapporté mon butin à la maison. Pas bien sûr de mon affaire, j’ouvris le paquet et, tel Onc’ Picsou, je plongeai la main dans ce tas de pièces. J’en retirai une première fois ce que l’on peut appeler du « tout venant » avec certainement des choses intéressantes et d’autres moins. Mais un second coup de sonde fit apparaître une drôle de pièce dorée de nature inconnue. Pas de valeur faciale affichée, juste un bel aspect. Après une rapide recherche sur le Web, je découvris qu’il s’agissait d’un « Souverain » anglais (sovereign), datant de 1907 en excellent état… ou d’une fausse pièce. Après pesée, j’ai reconnu que c’était un vrai. Sa valeur estimée est de 400 € ! Belle prise, non ?

Souverain. Poids : 7,99 g. Teneur en or : 91,7 %.

La seconde a une histoire presque semblable mais, à la réflexion, un peu plus croustillante. Chaque mercredi, je me rends à un marché qui se tient à Saint-Mandé près de la Porte de Vincennes. Je fréquente essentiellement deux vendeurs, Jan et Carmino, qui se débrouillent pour me trouver des lots intéressants où je devrais pouvoir trouver mon bonheur. Un jour, triant un immense tas de pièces une par une, je tombe sur une monnaie de toute petite taille assez jolie et attirant l’œil car toute dorée et non oxydée. En ce qui concerne la taille, elle ressemblait plutôt à ces petites pièces de « spielgeld » que l’on trouve parfois, pièces de monnaies destinées au « jeu de la marchande » en Allemagne. Mais le métal n’avait pas l’air d’être du cuivre. Aussi, et même si je n’arrivais pas à déchiffrer ce qui était dessus (j’avais oublié de prendre ma loupe), je décidai de l’acquérir. À la fin de cette activité, je demandai à Carmino de me fabriquer le prix de mes trouvailles. Le contrat oral est de se baser sur une idée du genre « une pièce = un euro », mais au bout d’un certain nombre, comme par exemple « 80 », Carmino arrête de compter les dix ou quinze pièces restantes. Total, je m’en tire pour un peu moins de un euro la pièce alors que certaines d’entre elles valent parfois bien plus. La valeur de cette petite pièce de 1/5 de livre, c’est-à-dire de 2 soles de oro est à peu près de 70 €. Voyons cette petite merveille :

Elle est composée d’or à 917 ‰. Frappée en 1964 à 25 000 exemplaires, il est rare de croiser son chemin.

L’argent.

On trouve des pièces en argent bien plus facilement que celles qui sont en or ! Mais, tout comme le souverain que nous venons de voir, elles sont rarement en argent pur. Cela va de moins de 20 % à 100 %. Les pièces à moindre teneur que 50 % en argent ne peuvent, bien entendu pas être considérées comme étant « des pièces en argent », mais bien comme étant des pièces composées d’un autre métal avec un petit additif en argent. La description fine de la composition de ces pièces n’est malheureusement pas toujours disponible et nul ne sait de quoi elles sont faites réellement. Comme exemple, il y a la pièce de 1 Silber Groschen (un « centime » d’argent) émis par la Prusse entre 1821 et 1873 :

1 Silber Groschen datant de 1863 : il est composé de 22,2 % d’argent ! On peut lire sur le revers qu’il faut réunir 30 de ces pièces pour obtenir un thaler.

Presque toutes les pièces courantes suédoises de 10, 25 et 50 Öre  émises entre 1943 et 1961 et de 1 Krona (1 Couronne) entre 1940 et 1968 sont composées de 40 % d’Argent. En émettant ce type de monnaie, la Suède cherchait vraisemblablement à affirmer sa richesse croissante tout en limitant le coût de chaque pièce frappée.

Une couronne suédoise datant de 1948 (40 % d’argent). On voit sur l’avers le profil de Gustaf V et on peut lire sa devise (chaque roi a la sienne qui est inscrite sur les monnaies frappées pendant son règne) : « Med folket för fosterlandet ». C’est-à-dire : « Avec le peuple pour la patrie ».

Un bon exemple de pièce en argent quasiment pur est la pièce de 2 nuevos pesos émise par le Mexique en 1993 en l’honneur de Guerrero Aguila :

Le personnage qui apparaît sur le revers est un « guerrier-aigle » ou « cuāuhpilli » en nahuatl, langue des Aztèques. En effet, il s’agissait d’une catégorie élevée de guerriers aztèques qui jouissaient d’un certain nombre de privilèges (comme manger de la chair humaine lors des cérémonies où des sacrifices étaient effectués), après avoir accompli des faits de guerre remarquables (comme faire un certain nombre de prisonniers au combat, prisonniers qui étaient ensuite sacrifiés). Il est curieux de voir l’un de ces pays qui s’est construit sur la destruction, si ce n’est l’anéantissement, d’une culture (aussi étonnante qu’elle puisse être), l’honorer ainsi sur une monnaie en argent quasiment pur. Elle pèse 15,42 g, c’est-à-dire une demi once. La valeur du métal qui la constitue est, aujourd’hui, de 10,3 €. En tant que monnaie émise à 2 500 exemplaires seulement, elle en vaut à peu près le double.

Le cuivre et le bronze.

Comme il a été dit ci-dessus les deux autres métaux ayant été utilisés anciennement pour frapper des monnaies sont le bronze et le cuivre. Si ce dernier métal est censé être pur (ce qui n’est vraisemblablement jamais le cas) le bronze est un alliage qui n’a pas de composition précise. C’est a priori un mélange de cuivre et d’étain, mais de nombreux autres métaux peuvent s’y ajouter ou même, dans l’antiquité, se substituer à l’étain. On peut citer parmi ces métaux le plomb, le zinc, le nickel ou l’arsenic. Voyons deux exemples de monnaies respectivement frappées en cuivre et en bronze :

Monnaie de cuivre de 3 centesimi frappée en Italie lorsque l’empereur Napoléon 1er régnait sur une partie de l’Europe. Nous reviendrons dans un autre chapitre sur la spécificité des pièce de 3 unités monétaires.

Pièce en bronze japonaise de 1 Sen (un centième de Yen) frappée en l’an 2 de l’ère Taisho (1913), pendant laquelle régna l’empereur Yoshihito (de 1912 à 1926). Nous détaillerons plus loin les spécificités des monnaies japonaises. On peut lire sur l’avers l’inscription « 1 Sen », le « 1 » étant représenté par un trait horizontal. L’année du règne est écrite sur la droite de l’avers : cela se lit de droite à gauche (en imaginant la pièce tournée d’un quart de tour). Les deux premiers idéogrammes signifient « Taisho », puis vient le nombre « 2 » et enfin le mot « année ».

Le laiton.

Restons dans les pièces jaunes. Le laiton est un alliage de cuivre et de zinc dans des proportions telles que les propriétés optiques du cuivre l’emportent encore et donnent à ce mélange un aspect « jaune ». Un tel alliage s’oxyde moins que le cuivre et le bronze. Prenons pour exemple la pièce de 5 stotinki de 1974, c’est-à-dire 5 centimes bulgares :

On voit sur l’avers les armoiries de la République Populaire de Bulgarie (Narodna Republika Bulgaria) et les dates « 681 » (fondation du premier empire bulgare) et « 1944 » (Établissement de la République Populaire de Bulgarie). Le revers est plus sobre conjuguant les informations monétaires avec la présence de deux épis de blé, docilement courbés le long du listel, comme c’est souvent la cas dans ce type de pièce.

Le laiton se retrouve encore dans plusieurs types de monnaies : les pièces de deux kopecks de l’URSS entre 1961 et 1991, les pièces de 1, 2 et 5 tolar de Slovénie entre 1991 et 2006 ou encore par exemple les pièces de 5, 10, 20 et 50 centimos de Inti, monnaie péruvienne ayant eu cours entre 1985 et 1991, et celles de 10 et 20 centavos de Nuevo Sol, monnaie péruvienne entre 1991 et 2015.

Pièce de 20 centimos de inti montrant le visage du Grand Amiral Miguel Grau (1834 – 1879) mort à bord de son navire, le « Huascar » à la bataille de la Punta Angamos lors de la Guerre du Pacifique (ou guerre du salpêtre) menée contre le Chili. Le nom de cette monnaie péruvienne sera éclairci dans le chapitre consacré aux monnaies ibériques.

Le cupronickel.

Constitué d’environ 75 % de cuivre et de 25 % de nickel, cet alliage, utilisé très fréquemment pour frapper des monnaies est, semble-t-il, apparu dans cet usage en 1873 et 1874 avec les pièces de 5 et 10 pfennig émises par l’Allemagne récemment unifiée. Malgré sa forte teneur en cuivre, il a un aspect de « métal blanc », pas aussi incolore que le nickel ou l’acier inoxydable. Il est assez résistant à l’usure et à la corrosion et certainement moins cher que le nickel pur. C’est la raison pour laquelle de nombreux pays l’ont utilisé pour frapper leurs monnaies.

Pièce de 10 pfennig de 1874. On remarque sur l’avers la lettre B caractéristique de l’atelier de frappe situé à Hanovre.

Autre exemple pris au hasard parmi les milliers qui existent : les pièces de 10 drachmes grecques de la période allant de 1968 à 1994 :

La pièce de 10 drachmes émise en 1968. La Grèce est alors une monarchie et son roi Constantin II, très bien peigné, est représenté sur l’avers. Cependant, suite à un coup d’état datant de 1967 et à un contre coup d’état tenté en cette même année, le roi vivait en exil.

Sur la pièce de 10 drachmes datant de 1973, le roi a disparu puisque les « colonels » ayant organisé un référendum afin d’abolir la monarchie ont établi une « démocratie », comme il est indiqué sur l’avers. Cependant, la pluralité politique n’était toujours pas de mise.
Le revers de cette pièce nous montre le cheval Pégase dont nous ne chercherons pas ici à révéler le sens en quelques lignes. On peut cependant interpréter cette représentation comme étant celle d’une sorte de liberté (illusoire sous les dictateurs qui dirigeaient la Grèce au moment de la frappe de cette monnaie). L’avers représente une autre figure mythique : un phœnix en train de renaître du feu qui l’a consumé. Figé dans la position que lui a donné le graveur (« I.Stinis »), on pourrait aussi croire que cette image personnifie la dictature dont l’avenir est menacé : le feu lui brûle le cul ! Elle prendra fin en juillet 1974.

Enfin la pièce de 10 drachmes datant de 1988. La Grèce est enfin redevenue démocratique malgré les difficultés qu’elle aura encore à traverser, comme nous le savons. On voit le philosophe antique Démocrite, qui fut un des inventeurs de la notion d’atome, unité ultime constituant la matière. Cette idée traversera les siècles, sera combattue, puis reviendra au XIXème siècle pour acquérir une forme moderne difficile à représenter. Le choix du graveur (« L. Orphanos ») a été de rester simple et de montrer la version bohrienne d’un atome de lithium : trois électrons circulent autour du noyau.

Le nickel.

Isolé en 1751 par le chimiste suédois Axel Frederik von Cronstedt, ce métal blanc, plus dur et plus tenace que le fer, ne fut extrait efficacement des minerais contenant de l’oxyde de nickel qu’à partir de 1890 avec le procédé « Mond » (du nom de son inventeur Ludwig Mond).

Il existe d’ailleurs une pièce commémorative de cette découverte : c’est la pièce de 5 cents frappée par le Canada (grand producteur de nickel) en 1951.

Cette pièce est bien évidemment constituée de nickel pur. On voit sur son revers une usine de traitement du minerai accompagnée de quelques feuilles d’érable, cela va sans dire.

Le nickel est un élément relativement abondant sur Terre puisqu’il représente 1,8 % de la matière constituant notre planète, une grande partie de ce métal étant cependant incluse dans le noyau terrestre. L’un des principaux gisements de nickel se trouve en Nouvelle Calédonie. C’est l’une des raisons pour lesquelles, à partir de 1960 et de la création du « nouveau franc » (1958) les pièces de 1 franc français étaient composées de nickel pur. Il en fut de même pour les pièce de ½ franc (à partir de 1964) et pour celles de 2 francs (à partir de 1977). Étant reconnu allergisant, il est cependant encore utilisé comme constituant de la partie centrale des pièces de 1 euro en étant toutefois recouvert de cupronickel sur les deux faces.

Le nickel pur n’a pas été très souvent utilisé pour frapper des monnaies, à l’exception du franc français à partir de 1960 et du gulden des Pays-Bas depuis 1967, le cupronickel lui étant souvent préféré. Mais l’exemple choisi ici pour représenter la pièce en nickel est la pièce de 10 francs de Nouvelle Calédonie (entre 1967 et 2005). L’unité monétaire est le « Franc-Pacifique » qui a cours en Nouvelle Calédonie, dans la Polynésie Française et à Wallis et Futuna. 1000 de ces francs valent 8,38 € et, inversement, 1 € vaut un peu plus de 119 francs.

Cette pièce vaut donc 0,42 € sur le sol calédonien. L’avers montre sans originalité le profil de Marianne. Le revers est plus « couleur locale » puisqu’il représente une case néo-calédonienne et sa flèche faîtière entourée d’un palmier et de pins.

De nombreuses pièces sont, par ailleurs constituées d’acier nickelé, c’est-à-dire d’acier recouvert d’un plaquage de nickel. Ce dernier est bien plus résistant à l’usure et à la corrosion que l’acier et c’est pourquoi on l’utilise à cette fin. Prenons pour exemple la pièce de 100 leones de Sierra Leone datant de 1996 :

On voit, sur l’avers le portrait du roi Naimbana (1710 – 1793) qui régna sur le « Royaume-Koya » et qui signa le traité d’établissement de la colonie britannique en Sierra Leone. L’avers montre une branche de cacaoyer, ses feuilles et ses graines.

L’aluminium.

Isolé chimiquement par Friedrich Wöhler en 1827, l’aluminium n’a été obtenu facilement et à un coût acceptable qu’à partir de 1886 grâce aux travaux de l’américain Charles-Martin Hall et du français Paul Héroult (procédé Hall-Héroult). Avant cette date, il était considéré comme un métal précieux (tel l’or et l’argent) et servait à fabriquer des bijoux ou des couverts de luxe !

L’aluminium n’est pas le métal idéal pour frapper des monnaies. En effet, si ses qualités sont la légèreté et son caractère peu oxydable, ses défauts sont la faible dureté et la malléabilité. Les pièces obtenues avec ce métal s’usent donc facilement et sont vite marquées par les coups qu’elles ne manquent pas de prendre.

Les premières monnaies en aluminium pur apparaissent en 1920 sous la forme de « monnaies de nécessité ». Il en sera question dans un chapitre consacré à ce sujet. La plus ancienne pièce (émise par un pays) que je possède est une pièce de 10 lepta grecque datant de 1922.

L’avers porte une inscription signifiant « Royaume de Grèce ». Une couronne fort bien adaptée à cette situation est placée au centre. Le revers est, on le voit, des plus sobres : une branche de lauriers épousant gentiment la forme de la pièce et la valeur faciale : 10 lepta, c’est-à-dire 10 centièmes de drachme.

Devenu bon marché, l’aluminium est le métal utilisé par les pays qui ne peuvent investir de fortes sommes dans la frappe de leur monnaie. On peut ainsi citer les centimes de Yuan chinois (les pièces de 1, 2 et 5 fen) depuis 1956, toute les monnaies circulantes de la « République démocratique allemande (RDA) » ainsi que les pièces des monnaies dont le cours s’effondre. Par exemple la peseta espagnole a eu un sacré coup de mou entre 1982 et 2000 et cela s’est vu dans les pièces frappées par ce pays :

1 Peseta datant de 1982 (date écrite dans la petite étoile située sous le « Ñ » de ESPAÑA). Elle est en bronze d’aluminium, c’est-à-dire obtenue à partir d’un alliage essentiellement composé de cuivre et d’aluminium.

1 Peseta datant de 1984. L’avers n’a pas changé. Sur le revers, qui a été remanié, la petite étoile où est inscrit le véritable millésime de la pièce a été remplacée par la marque de l’atelier de Madrid, situé maintenant à gauche du « 1 ». Le mot PESETA est désormais écrit en entier et non en abrégé. Et surtout, le métal a changé : c’est maintenant de l’aluminium pur.

1 Peseta datant de 1990. La pièce est toujours en aluminium, mais elle est maintenant toute petite (14 mm de diamètre au lieu de 21 mm). Elle est si minuscule qu’il n’y a plus de place pour tout écrire : le mot PESETA se trouve ici incrusté dans le « 1 » !

Le zinc.

Ce métal est connu depuis l’antiquité et est produit de façon industrielle depuis le milieu du XVIIIème siècle. Assez malléable et cassant, il s’oxyde peu à sec et se couvre d’une couche passivante en milieu humide. Bon marché par rapport au cuivre, il a été utilisé en remplacement de ce dernier pour frapper la menue monnaie en temps de guerre, typiquement par les belligérants impliqués dans de lourdes dépenses militaires pendant et juste après les deux grands conflits mondiaux. Ce sont des pièces assez laides car l’oxydation les a rendues toutes noires. Regardons pour exemple une pièce de 5 Pfennig allemande datant de 1917, une pièce de 20 centimes française datant de 1943 et une pièce un peu particulière de 1 cent des États-Unis datant également de 1943.

C’est une des rares pièces allemandes qui ne porte aucune marque d’atelier. Pour toutes les autres dates, une lettre indiquant le lieu de frappe est placée à gauche et à droite de la queue de l’aigle. 1916, comme 1917, a dû correspondre, côté allemand, à un grave creux économique et les autorités monétaires, qui avaient utilisé le fer en 1916, ont poursuivi en 1917 avec le zinc.

L’expression « État français » est ce qui était inscrit sur les monnaies françaises frappées par le régime de Vichy dirigé par le Maréchal Pétain. Cela n’a rien à voir avec ce qui apparaît sur les monnaies de notre pays : « République française ». À part cela, rien de bien original : du blé et du chêne… le tout en zinc.

La monnaie suivante est plus étonnante et correspond à l’effort de guerre consenti par les États-Unis à partir de l’attaque de Pearl Harbor (7 décembre 1941). Le cent américain, habituellement frappé à partir d’un flan constitué d’un alliage de cuivre, d’étain et de zinc, a été, pour un an frappé à partir d’un flan constitué d’une âme d’acier plaquée de zinc.

Comme toutes les pièces de 1 Cent entre 1909 et 2018, l’avers nous montre le profil d’Abraham Lincoln, un homme d’une autre trempe que ce Trump qui nous trompa. Sa seule particularité est liée à la matière qui la compose : le fer et le zinc. 1943 correspond à l’époque où 86 000 tonnes d’argent appartenant au Trésor américain ont été utilisées (pour être ensuite restituées) afin de réaliser les bobines électriques destinées à la séparation électromagnétique des isotopes de l’uranium dans le but de fabriquer l’une des bombes nucléaires lâchées sur les populations japonaises en 1945 (Little Boy sur Hiroshima et Fat Man sur Nagasaki).

Le fer.

Métal encore moins cher que les précédents et encore moins adapté à la frappe des monnaies car il est bien plus sujet à la corrosion, le fer a été utilisé en temps de guerre par des pays comme l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie, le Luxembourg, la Norvège ou la Suède. Commençons par la Norvège pendant la seconde guerre mondiale :

1942 est la date où Vidkun Quisling fut nommé « ministre-président » du gouvernement collaborationniste mis en place par les Nazis en Norvège. Le passage du bronze au fer correspond à l’effort de guerre consenti par ce gouvernement en faveur de l’occupant. Le monogramme du roi Haakon VII a été remplacé par un symbole ressemblant à l’une des versions du logo du « Nasjonal sameling », parti pronazi créé en 1933 par Quisling.

Monogramme du roi Haakon VII, exilé le 7 juin 1940 à Wormit en Écosse. Il fut utilisé par les résistants norvégiens comme symbole de leur cause.

À gauche un détail de l’avers de la pièce de 5 Øre datant de 1942.
À droite, une des versions du logo du Nasjonal Samlung.

L’Autriche-Hongrie déclara la guerre au Royaume de Serbie le 28 juillet 1914. Elle fut l’alliée du Reich allemand et se retrouva complètement soumise à celui-ci en mai 1918 (Conférence de Spa). Cet empire finissant émit en 1916, 1917 et 1918 une pièce de deux Heller (centimes de couronne) qui était en fer.

On reconnaît, sur l’avers l’aigle à double tête, aigle à multi-usages puisqu’il a servi a plusieurs pays. Il est d’ailleurs très habile de ses serres puisqu’il tient, dans l’une une épée et un sceptre et dans l’autre un « orbe crucigère », sorte de sphère surmontée d’une croix (sphère crucigère) qui ressemble un peu (si on oublie cette satanée croix) aux bombes que lançaient à l’époque les anarchistes bien décidés à en découdre.

L’étain.

Connu depuis l’antiquité, l’étain a surtout été utilisé dans des alliages. Le bronze en est un exemple. À l’époque moderne, divers alliages contenant de l’étain à différentes proportions ont parfois servi à frapper des pièces : alliage « cuivre – étain – zinc », alliage « cuivre – aluminium – zinc – étain ». Plus rare est l’alliage « étain – zinc » dont je ne possède qu’un exemple. Il s’agit d’une pièce de 1 sen japonaise émise en 1944, année de guerre comme on sait.

Sur l’avers de cette pièce, on peut lire en écriture verticale les signes 大日本 qui se lisent « Dai ni hon ». Cela signifie Grand Japon, ou, de façon plus imagée le « pays où naît le Soleil », puisque, vu de Chine, le Japon se trouve à l’Est. En dessous, il faut lire 年九十和昭 de droite à gauche. Le premier groupe d’idéogrammes ( 和昭 ) signifie « ère Showa » qui correspond au règne de l’empereur Hiro Hito. Ensuite vient le signe « 十 » qui signifie « 10 », puis le signe « 九 » qui signifie « 9 » nous sommes donc dans le dix-neuvième année de cette ère puisque le signe « 年 » signifie « année ». C’est, la 19ème année de l’ère Showa et pour nous l’année 1944. Le revers porte l’inscription « un Sen » ainsi que le sceau impérial du Japon en son centre.

Mais, l’étain pur a aussi été utilisé pour frapper des monnaies. La Thaïlande l’a fait. En effet, les pièces de 1 satang (le centime de baht, qui est l’unité monétaire de ce pays) de 1942 et 1944, celles de 5 satangs, 10 satangs et 20 satangs entre 1942 et 1950, les pièces de 25 et 50 satangs de 1946, sont en étain. Ce métal a souvent été utilisé pour fabriquer des pots ou des couverts en occident. Il est facile à travailler puisque sa température de fusion n’est que de 232 °C. Cependant, sous nos latitudes et du temps où de très grands froids pouvaient survenir, le phénomène appelé « peste de l’étain » pouvait se déclencher. Cela a lieu très lentement en dessous de 13,2 °C et devient très rapide vers – 40 °C. On assiste alors à la pulvérisation du métal. Heureusement c’est improbable en Thaïlande. Voyons la pièce de 50 satangs datant de 1946.

L’avers nous montre le profil du roi Rama VIII, de son vrai nom « Phrabat Somdej Phra Paramenthara Maha Ananda Mahidol Phra Athama Ramathibodinthra ». Il régna de 1935 à 1946, mais ne fut jamais couronné. Vivant à Lausanne, il ne s’est installé en Thaïlande qu’en 1945. Mais il mourut à l’âge de 20 ans le 9 juin 1946 lors « d’un accident d’arme à feu » quelque peu obscur. L’avers nous dévoile l’être mythique nommé « Garuda » à l’histoire longue et devenu le protecteur des enseignements de Bouddha. C’est l’emblème de la monarchie Thaï. À gauche de cet être hexamembré on peut lire le nombre 50 et à droite l’abréviation de « satang ». Enfin nous pouvons lire « année 2489 », qui correspond dans notre calendrier à 1946. La numération thaï et le calendrier ayant cours dans ce pays seront abordés plus loin.

Acier inoxydable.

Ce mélange de fer, de carbone et de chrome a progressivement été mis au point au début du vingtième siècle, le premier véritable acier « stainless » apparaissant en 1913. De tels aciers bon marché furent produits dès 1925. Pourtant, les premières pièces en acier ne firent leur apparition que vers la fin des années trente. En 1939, l’Italie émit une série de monnaies de 20 et 50 centesimi ainsi que de 1 Lira et 2 Lire en acier inoxydable. Voyons par exemple la pièce de 50 centesimi.

L’avers nous montre le profil de Victor Emmanuel III, un gars qui n’a pas l’air commode. L’indication abrégée « roi et empereur » nous informe de ses états de service. Il fut en effet roi d’Italie de 1900 à 1946, empereur d’Éthiopie de 1936 à 1941, et roi d’Albanie de 1939 à 1943. Le revers porte l’indication « Italie » ainsi que la valeur faciale de la monnaie. Un aigle, animal que l’on trouve souvent sur les monnaies, est prêt à l’envol et tient dans ses serres un « faisceau », symbole des fascistes italiens constitué d’un fagot de branches et d’une hache. Sous l’année 1939, on trouve le nombre XVII. Il s’agit de l’année indiquée dans le calendrier fasciste mis en place par Mussolini en 1925. Son point de départ est le 29 octobre 1922, lendemain de la « Marche sur Rome » qui marque la prise du pouvoir par les fascistes. Il existe des pièces datées de 1939 XVIII du fait que les années ne se recouvrent pas exactement. Ce calendrier a été aboli le 20 avril 1945.

Depuis 1939, l’acier inoxydable a été très souvent utilisé par de nombreux pays pour frapper leurs monnaies. Voyons par exemple la pièce de 5 Taka du Bangladesh :

C’est une pièce dont le listel (le rebord qui ordinairement est surélevé par rapport aux deux faces) est très estompé. On en voit une trace sur l’avers en bas à gauche/ la frappe n’est pas très soignée. Cet avers représente l’emblème du Bangladesh (un nénuphar) entouré de gerbes de riz. Ce nénuphar est surmonté de trois feuilles de thé. Les quatre étoiles représentent les quatre principes fondateurs de ce pays devenu indépendant en 1971 : nationalisme, laïcité, socialisme et démocratie. Le revers représente le pont Jamuna ou pont Bangabandhu qui enjambe le Brahmapoutre au Nord Ouest de Dacca. Il est long de 4,8 km. On peut lire la valeur faciale de cette pièce en anglais et en bengali : ৫ পাঁচ টাকা . Le premier signe est le chiffre « 5 » dans l’écriture de cette langue. L’année est indiquée en haut et à droite : ১৯৯৬ , c’est-à-dire 1996.

Les alliages.

À part les alliages déjà cités, car fréquemment utilisés, de nombreux mélanges de métaux ont servi à la frappe des monnaies. Tous les cas de figure ne seront pas ici évoqués dans la mesure où, à partir de la deuxième moitié du XIXème siècle, de nombreux nouveaux métaux ont été isolés, souvent grâce aux techniques électrolytiques.

Le plus ancien de ces alliages est le « billion ». Il était utilisé par les Romains du temps de l’Empire et son emploi a perduré jusqu’à la fin du XIXème siècle. Ce billion est un alliage d’argent et de cuivre dans des proportions variant selon la monnaie considérée. Voyons l’exemple de la pièce de 10 centimes suisse frappée en 1850 :

La surface est un peu altérée par l’oxydation et l’usure : c’est quand même une pièce circulante émise il y a plus de 170 ans ! C’est aussi une des premières pièces frappées par l’État Fédéral Suisse après sa formation en 1848. En effet, si la première alliance entre cantons suisses date de 1291, ce pays, tel que nous le connaissons, c’est-à-dire sans frontières internes entre ses différents cantons, s’est dotée d’une constitution commune en 1848. La première série de pièces de cet état a été frappée en 1850 et est venue remplacer les monnaies propres à chaque canton qui circulaient antérieurement.

Un autre alliage aujourd’hui oublié et utilisé en temps de guerre est le « maillechort ». Inventé en 1819 par deux métallurgistes lyonnais du nom de Maillet et Chorier, il s’agit d’un mélange de cuivre (majoritaire) de zinc et de nickel dans des proportions pouvant varier : Cuivre : de 45 à 65 %, Nickel : de 10 à 25 % et Zinc : de 20 à 27 %. Il a un aspect jaune clair et est utilisé dans la composition des pièces de 1 euro (en ce qui concerne le pourtour) et de 2 euros (pour le centre). Les pièces les plus connues frappées intégralement dans cet alliage sont celles de 5, 10 et 25 centimes françaises et datant des années 1938 à 1940.

Il s’agit de la dernière pièce de 25 centimes frappée par la France. En effet, après cette date, ce sont des pièces de 20 centimes qui ont été émises par l’État français de Philippe Pétain puis par la République (en 1945 – 1946). Ensuite, ces centimes ont disparu et la plus petite pièce française circulante fut celle de 50 centimes puis de 1 Franc. Après la réforme d’Antoine Pinay en 1958, les nouveaux centimes comportaient des pièces de 1, 5, 10, 20 et 50 centimes.
La pièce qui est ici montrée est quasi neuve. Elle présente l’originalité d’avoir un trou légèrement décentré par rapport à la frappe. Comme ce n’est pas le cas pour l’avers, on peut se dire que la frappe des deux faces est légèrement désaxée l’une par rapport à l’autre.

Ce maillechort est à distinguer de ce qu’on appelle le « nickel-laiton » ou encore « laiton au nickel ». En effet, nous avons vu que le laiton était un alliage de cuivre et de zinc. Le maillechort contient au moins 10 % de nickel. Et le « laiton au nickel » n’en contient que 2 à 6 %. Produit spécifiquement pour le monnayage de sécurité, cet alliage est difficile à copier. De plus, sa signature magnétique est caractéristique des pièces qui en sont composées et c’est ce qui sert à leur reconnaissance par les automates où l’on glisse des pièces pour obtenir un service (distributeur de boissons, de tickets de métro, de timbres, etc.). Un bon exemple de pièce en « nickel-laiton » est celle de 1 pound britannique, et cela jusqu’en 2016. Voyons celle qui a été frappées pour les Îles Falkland (autrement dit, les Îles Malouines ou encore « las Islas Malvinas ») en 2004. Bien que peuplée de seulement 3000 habitants, le Royaume Uni tient encore à affirmer sa présence dans ces îles qui ont, depuis 2009, le statut de territoire d’outre-mer autonome.

Toujours la queen sur l’avers ! Les armoiries des Îles Falkland sont sur le revers, avec un inévitable mouton, un navire emblématique et une devise : « Desire the right ».

Un autre alliage fréquemment utilisé de nos jours est « l’aluminium-bronze » ou « bronze d’aluminium ». Rappelons que le bronze est un alliage antique de cuivre et d’étain. L’aluminium-bronze est, lui, un alliage de cuivre et d’aluminium. Voyons l’exemple des pièces frappées par la Sarre lors de sa brève période de quasi-indépendance :

L’avers montre un puits de mine et la schématisation d’une fonderie. Au centre la blason de la Sarre utilisant pour sa représentation les codes héraldiques de la gravure : les traits horizontaux correspondent à la couleur bleue (appelée « azur » dans le langage héraldique) et les trait verticaux incarnent la couleur rouge (« gueules » dans ce même langage). Appartenant à la zone d’occupation française après la seconde guerre mondiale, la Sarre est devenue un état sous protectorat français entre 1947 et 1957. En tant que tel, ce territoire a, par exemple, participé aux jeux olympiques de Helsinki en 1952. Après une consultation référendaire, il a rejoint l’Allemagne fédérale pour en devenir un Land. La pièce exhibée ci-dessus est la trace de cette période un peu particulière de l’histoire franco-allemande.

D’autres alliages utilisant différents métaux comme additifs à une base constituée de cuivre ou d’aluminium (le magnésium ou le manganèse), sont utilisés pour la frappe des monnaies, mais il était impossible de ne pas citer ce qu’on appelle « l’alliage nordique » ou « l’or nordique ». Il s’agit d’un mélange de cuivre (89 %), d’aluminium (5 %), de zinc (5 %) et d’étain (1 %), mis au point en Suède pour frapper les pièces de 10 kronor pour ses vertus non-allergéniques. Il est toujours utilisé pour les pièces de 10, 20 et 50 centimes d’euro. Mais, nous allons en voir un usage sur l’exemple d’une pièce commémorative polonaise de 2 Złote :

Frappée en alliage nordique, cette pièce commémore le 10ème anniversaire du Wielka Orkiestra Swiatecznej Pomocy. Fondé en 1993, c’est le grand orchestre de charité de noël. Sa fonction est de pallier les faiblesses du système de solidarité polonais en venant au secours des enfants malades ainsi que des personnes âgées en détresse.
On remarque que le trou de cette pièce est légèrement décentré.

Les plaquages.

Depuis les premières pièces constituées d’une âme enrobée d’un plaquage fait d’un autre métal et datant de le première guerre mondiale, de nombreuses combinaisons ont été employées. La liste exhaustive serait un peu longue à exposer ici et on simplifiera cette question en disant que parmi les 22 000 pièces que j’ai pu rassembler à ce jour, pas moins de 24 situations différentes peuvent être répertoriées. La situation la plus fréquente est celle d’une pièce constituée d’acier plaqué en cupronickel, bronze, cuivre, laiton, zinc, cuproaluminium ou chrome. Je ne retiendrai ici pour exemple que trois situations qui sortent un peu de l’ordinaire : l’acier plaqué chrome, l’aluminium plaqué cuivre et le cupronickel plaqué or.

→ L’acier plaqué chrome. Le chrome est plus souvent employé comme additif à l’acier afin de le rendre inoxydable qu’en tant que métal pur. Le Canada l’a pourtant utilisé à des fins de plaquage entre 1944 et 1954 pour ses pièces de 5 cents. Voyons par exemple celle qui date de 1952 car elle est doublement plaquée : elle est en acier plaqué nickel et plaqué chrome par dessus !

À part la curiosité que représente sa composition, il s’agit de la pièce courante de 5 cents canadienne. On y voit, sur l’avers, le profil bien peigné du roi Georges VI, rendu récemment célèbre par un film dont le sujet était le bégaiement. Il est roi par la grâce de Dieu : cela se lit. Le revers nous montre un castor (Castor canadensis) tapi sur son terrier entouré d’eau. Deux feuilles d’érable choient opportunément.

→ L’aluminium plaqué cuivre. Comme il a été dit ci-dessus, l’aluminium est le métal du pays pauvre, du pays transitoirement en difficulté, qui ne peut se permettre de consacrer une trop grande part de son budget à frapper des monnaies onéreuses. Donc, l’astuce qui consiste à plaquer un flan d’aluminium avec du cuivre est une sorte de cache-misère. Les pièces de 10 Won de Corée du Sud (de 2006 à nos jours) constituées de 52 % d’aluminium plaquées par 48 % de cuivre ne correspondent pas tout à fait à cette description. En revanche, il existe une pièce israélienne de 10 prutot datée de 5717, c’est-à-dire de 1957, qui peut servir d’exemple. En réalité, c’est la seule pièce ayant cet aspect que j’aie jamais rencontrée, à tel point que j’ai initialement cru qu’elle était fausse. En effet sa masse est de 1,61 gramme tandis que celle d’une pièce de cuivre de même dimension serait de l’ordre de 6 grammes.

Sur l’avers, on peut voir, surmontant l’inscription Al Israël (en arabe) et surmontée par l’inscription Israël (en hébreu, à lire de droite à gauche comme pour l’arabe), une amphore qui est la reprise de ce que l’on voit sur une ancienne monnaie datant de la révolte de Bar-Kokhba (132-135 de l’ère chrétienne) menée par les Juifs de Judée contre l’Empire Romain (voir ci dessous). Sur le revers, sont rassemblées les informations pratiques : l’indication « 10 prutot », le « prutah » étant la millième partie de la livre israélienne, ainsi que l’année. Celle-ci se lit de droite à gauche. Les deux premiers signes disent « 400 » et « 300 », ce qui fait une somme de « 700 ». La petite apostrophe qui suit est là pour dire « 10 » et le signe suivant est un « 7 ». D’où « 717 ». Comme cette pièce date de 5717, on voit que le nombre de millénaires a été omis, comme s’il était évident que nous en sommes au sixième (le premier allant de l’an 1 à l’an 1000, celui qui va de 5001 à 6000 est donc le sixième).

Pièce originelle datant de la révolte de Bar Kokhba dont a été tiré le motif de la pièce de 10 prutot vue ci-dessus.

→ Cupronickel plaqué or. Il fallait bien qu’on en vienne à l’idée de fabriquer des pièces de monnaie ayant l’air d’être en or tout en ne l’étant pas tout-à-fait. C’est ce qui se fait en matière de pièce commémorative à faible tirage et destinée à être vendue à quelques collectionneurs avisés. Ci-dessous un « quarter » américain.

C’est la 73ème pièce d’une série de 10 000 de pièces semblables, certificat à l’appui, qui a été émise par les États-Unis. Nous reparlerons plus loin de ces séries commémoratives américaines.

Les bimétalliques.

Ces monnaies dont le flan est constituées d’un centre d’un certain métal entouré d’une couronne faite d’un autre métal, sont apparues en 1982 avec les pièces de 500 lire italiennes. La technique de leur fabrication s’est ensuite répandue dans tout le Monde et elle est très souvent utilisée pour produire les pièces de plus grande valeur faciale car leur contrefaçon est plus difficile à réaliser. Nous prendrons ici deux exemples. Le premier est celui de la pièce de 10 Nuevos Pesos mexicaine datant de 1992 à 1994.

L’avers représente les armoiries du Mexique. On y voit un aigle royal perché sur un figuier de barbarie et dévorant un serpent. Mis à part le serpent, qui a été ajouté, cette scène correspond à la tradition aztèque. Ce peuple errait au Mexique en cherchant le lieu où il recevrait un signe divin (sous la forme d’un aigle mexicain (caracara cheriway) perché sur un figuier de barbarie – cette scène est représentée sur la première page du Codex Mendoza). C’est en ce lieu que fut construite la capitale aztèque : Tenochtitlan. Le revers montre en son centre une partie de la « Piedra del Sol » ou « Cuauhxicalli ». La tête centrale montre les attributs de deux divinités : « Tonatiuh » (le dieu du Soleil) et « Tlaltecuhtli » (dieu de la Terre). Le second cercle montre quatre glyphes caractéristiques de quatre dieux (« Ehecatl », « Tecatlipoca », « Tlaloc » et « Chalchiuhtlicue »).
Le centre de cette pièce est en argent, tandis que le pourtour est en « bronze-aluminium » (voir la partie « alliages »). On lit sur ce pourtour sa valeur faciale. Écrite avec le symbole monétaire, cela donne « 10 N$ », le symbole « $ » étant communément utilisé en Amérique du Sud pour désigner le peso.

Parmi toutes les sortes de pièces bimétalliques qui ont été frappées depuis 1982, il en est une qui peut être particulièrement remarquée. C’est la pièce de 50 korun émise par la République Tchèque entre 1993 et nos jours. En effet, ordinairement, les pièces bimétalliques sont constituées de deux parties nettement contrastées, avec par exemple d’un côté du cupronickel et de l’autre du laiton ou du bronze. Mais dans le cas de cette pièce le centre est composé d’acier plaqué avec du laiton et le pourtour est constitué d’acier plaqué avec du cuivre. L’aspect obtenu est assez remarquable :

L’avers nous montre le Pont Charles (ou Karolův Most) ainsi que le Château de Prague (ou Pražský hrad). Le tout est entouré de la devise : « Praga mater urbium » c’est-à-dire : « Prague mère des villes » Le revers nous montre le lion caractéristique des armoiries de Bohème.

À vrai dire, cette pièce n’est pas la seule bimétallique à présenter un faible contraste entre ses deux parties. La pièce de 10 dinars émise par l’Algérie entre 1992 et nos jours est également peu contrastée : son centre est constitué d’un alliage d’aluminium et de magnésium tandis que son pourtour est en acier inoxydable.

Cette pièce fait partie d’une « série animalière » émise par l’Algérie et sera plus amplement commentée dans le chapitre consacré à ces séries.

Métaux précieux.

L’or et l’argent ne sont pas les seuls métaux précieux. Les pays qui souhaitent émettre des monnaies à destination des collectionneurs comme des personnes qui thésaurisent dans le métal utilisent parfois le platine. Je ne possède pas de telles pièces. En revanche j’ai acquis une très belle pièce de 25 euros frappée par l’Autriche dans un flan constitué de niobium (au centre) et d’argent.

On voit, sur l’avers, une Lune et un Soleil qui entraînent les engrenages d’une horlogerie. Un sablier personnifie le temps et une spirale infinie contenant la suite des heures nous indique ce qu’il y a d’inéluctable et d’interminable dans ce phénomène encore inexpliqué. Le revers nous indique qu’il est dix heures 10. Le cercle inscrit dans celui qui porte les nombres des heures contient les signes du Zodiaque.

Les immenses progrès réalisée dans la chimie des métaux à partir du XIXème siècle ont donc permis une grande diversification dans la composition des monnaies frappées par les différents états. Leur usage a été souvent dicté par des motifs d’ordre économique ou militaire. Cette diversité est indéniablement l’un des aspects les plus intéressants de la numismatique.

François Saint-Jalm

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