Portrait d'Emanuel HERRMANN sur une carte postale autrichienne

Portrait d'Emanuel HERRMANN sur une carte postale autrichienne

LA CARTE POSTALE

Jubilé de la carte postale en 1899

D’après Le Monde illustré N°2189 du 11 mars 1899

Voici 25 ans d’écoulés depuis que la carte postale a été introduite en France comme une innovation postale pratique, et 30 ans depuis qu’elle fut employée pour la première fois en Autriche dans la correspondance postale.

Qui ne connaît cet humble petit morceau de papier colorié, imprimé au recto d’un titre officiel et d’un timbre-poste, et dont le verso est destiné aux nouvelles écrites ?

EMANUEL HERRMANN, INVENTEUR DE LA CARTE POSTALE.

La patrie de la carte postale est l’Autriche puisqu’elle y a été introduite pour la première fois en 1869. Six mois après elle était mise dans la circulation en Allemagne, mais sous une forme que la pratique ne tarda pas à démontrer défectueuse, car, outre que le format du papier était plus grand que celui de la carte autrichienne, le port en était deux fois plus élevé. Cette circonstance obligea l’administration postale d’Allemagne à suspendre l’émission de cette nouveauté si peu pratique et contribua beaucoup à ce que le gouvernement allemand lit mettre en circulation un an et demi plus tard une carte postale identique à celle adoptée en Autriche, tant en ce qui concernait son modeste port qu’en ce qui concernait son gracieux format.

En 1870, outre l’Allemagne, l’Angleterre, le Luxembourg et la Suisse adoptèrent la carte postale. En 1871, ce fut le tour de la Belgique, des Pays-Bas, du Danemark ; en 1872, celui de la Suède, de la Norvège et de la Russie ; en 1873, celui de la France, des Etats-Unis d’Amérique, de la Serbie, de la Roumanie, de l’Espagne ; celui de l’Italie en 1874, etc., de sorte que la carte postale se trouve de nos jours répandue sur toute la surface de notre globe. Dans tout l’empire d’Allemagne, l’inventeur de la carte postale passe pour être le Dr Stephan, secrétaire d’État, décédé il y a trois ans à Berlin.

Cette prétention est entièrement erronée, car il résulte clairement des indications précitées sur l’époque exacte de l’apparition de la carte postale dans les différents pays, que celle-ci a été en usage en Autriche avant de l’être en Allemagne. C’est donc bien dans la première de ces contrées qu’il convient logiquement de rechercher son inventeur.

Inventeur carte postale

L’inventeur de la carte postale

En effet, le père de la carte postale est un Autrichien, le Dr Emanuel Alexander Herrmann, né le à Klagenfurt, Autriche, mort le à Vienne, actuellement professeur à l’école polytechnique de Vienne. C’est lui qui publia le 26 janvier 1869 dans l’organe viennois Neue freie presse un article intitulé : « Du nouveau procédé de correspondance par l’intermédiaire de la poste ». Sa proposition fut immédiatement mise sur la sellette par le gouvernement autrichien qui, après en avoir conféré avec le Dr Herrmann, décida d’introduire les cartes postales dans la circulation à partir du 1er octobre 1869. Le ministère du commerce autrichien certifia officiellement ces faits dans une lettre au Dr Herrmann en date du 11 janvier 1894 et par là mit une fin à toutes les contestations relatives à l’inventeur de la carte postale.

Ceux qui soutiennent que c’est Stephan qui fut l’inventeur de la carte postale, fondent leurs raisons sur la considération que celui-ci avait proposé à la Conférence postale tenue à Carlsruhe en 1865, l’adoption de la carte postale.

Cette prétention est néanmoins incompatible avec la vérité, puisque les comptes-rendus officiels des séances de ladite Conférence n’en font aucunement mention. Par contre, il est avéré que Stephan montra aux membres de la Conférence dans une réunion tout intime une feuille écrite par lui qui présentait l’idée d’une feuille de poste ; mais ceux-ci ne jugèrent pas opportun de conférer officiellement sur ce projet, le port élevé de cette feuille de poste (10 Pfennings) et son grand format leur paraissant être peu pratiques.

Plus tard, le baron de Kolbensteiner, délégué autrichien, confirma cet incident en me disant : « Il est vrai que Stéphan nous communiqua à Carlsruhe une idée parente, mais nous n’y attachâmes aucune importance, c’est aussi pourquoi il l’abandonna. »

Et quand je demandai pourquoi on ne l’avait point prise en considération : « Une feuille de poste, avec le port d’une lettre, y pensez-vous ? » me fut-il répondu. Voilà comment Kolbensteiner toucha par ces quelques mots au cœur de la vérité que Stéphan dansson obstination dut constater encore une fois à ses propres dépens quelque temps après (en 1870), torque introduisit sur le territoire postal d’Allemagne une carte postale à l’affranchissement égal à celui d’une lettre !

D’ailleurs il ne tarda pas à reconnaître Herrmann pour le légitime inventeur de la carte postale, puisque,

Après s’être convaincu de l’insuccès de son idée, il adoptait entièrement le modèle autrichien et gardait le silence sur sa prétendue participation à l’invention.

Au début, la carte postale ne jouit guère de la considération du beau sexe, et plus d’une de ces dames se sentit même offensée à la réception d’une carte postale. Ce papier brunâtre, à la mine si simple et si peu attrayante, paraissait impropre à l’échange des mille et un petits secrets féminins.

La carte postale illustrée

Plus tard, la carte postale apparut sous un aspect différent : on lui consacra un papier et plus fin et plus blanc, on l’orna de vignettes. Des lors, « la carte postale illustrée » était née. Et alors, ô prodige ! comme si elle eût été touchée par la baguette magique de quelque génie bienfaisant, elle prit sur-le-champ un vaste essor et conquit d’emblée la faveur du monde féminin tout entier.

Pendant le laps de temps de trente années marquées par son existence, la carte postale a incontestablement prouvé qu’elle est un indispensable agent de culture intellectuelle. La haute portée de cette mission ne peut être mieux appréciée que par ces simples chiffres comparatifs de statistique postale.

Or, les postes du monde entier transportent présentement 20 millions de cartes postales par jour, c’est-à-dire 7 milliards 300 millions par an, ni plus ni moins ! S’il était donné à l’homme d’avoir les yeux du mythologique Argus et qu’il put voir ce qui se passe sur le globe terrestre, il regarderait avec stupeur comment d’heure en heure ces masses mouvantes de cartes grossissent sous forme d’avalanche, et comment elles se meuvent avec une vitesse plus ou moins grande d’une frontière à l’autre des villes, des pays, des États, jusqu’aux mers et aux bornes du monde les plus éloignées, en éparpillant de tous côtés des millions de nouvelles.

La carte postale illustrée vu par la presse française

D’après Le petit Journal N°14491 du samedi 30 aout 1902, la direction des contributions indirectes vient de rappeler aux titulaires des bureaux de tabac certaines prescriptions un peu trop méconnues, paraît-il, et relatives à la vente des cartes postales illustrées. Il est dit, dans la récente circulaire administrative, que « la vente et l’exhibition de tout objet, gravure ou dessin, de nature à créer au gouvernement des difficultés d’ordre diplomatique sont interdites. »

Cette disposition vise spécialement les cartes postales illustrées, représentant les charges des souverains étrangers. Il paraît que, dans les milieux diplomatiques, on s’est ému de certaines caricatures où les têtes couronnées sont dessinées avec une liberté d’interprétation qui en fait de véritables satires graphiques. La majesté impériale ou royale a fourni, dans ces dernières années, matière à la verve des dessinateurs parisiens. Cependant, en dépit des restrictions rêvées par les contributions indirectes, le principe de la liberté industrielle demeure sauvegardé, en ce qui concerne le commerce des cartes postales.

Sont seules soumises à des mesures de rigueur, celles de ces cartes dont les vignettes affriolantes pourraient constituer l’offense aux bonnes mœurs. L’inventeur de la carte postale était loin de se douter que son invention finirait par soulever la susceptibilité du corps diplomatique. On se demande même si Talleyrand, le roi des diplomates, serait parti en guerre contre ces mignons carrés de papier. Il est vrai que l’invention des cartes postales est tellement entrée dans la pratique, qu’elle constitue un mode de correspondance en quelque sorte intangible. Il me paraît difficile d’apporter des entraves à un commerce après tout inoffensif, qui est utile au public, le distrait et l’amuse. La liberté de la presse et de la librairie comporte forcément la faculté de fabriquer ces cartes postales, pourvu qu’elles portent les indications réglementaires et qu’elles rentrent normalement dans l’application du tarif. Ce droit a été, d’ailleurs, formellement reconnu par l’administration des postes.

La carte postale, devenue aujourd’hui un document public au même titre que le livre et le journal, a une histoire intéressante à raconter. Vers 1868, le docteur Emmanuel, professeur à l’Académie militaire de Wiener-Neustadt, avait contracté l’habitude d’expédier sa correspondance à découvert, c’est-à-dire sur une simple feuille de papier, qu’il jetait à la boite sans cette chemise pro tectrice qu’on appelle l’enveloppe. Comme ces communications écrites étaient régulièrement affranchies, la poste les transmettait au même titre que les lettres ordinaires. Dans les premiers temps, les facteurs ne se faisaient point faute de les lire, mais, à la longue, tout plaisir finit par lasser, et la correspondance de l’original docteur circula avec autant de discrétion que les autres. Toutefois, l’administration autrichienne fut frappée de l’innovation et une ordonnance impériale transforma en réforme publique l’initiative prise par un simple particulier. De là, la carte postale passa en Belgique, en Hollande, puis en Amérique. Il va sans dire que les Yankees, grands ménageurs de temps, se montrèrent ravis des carrés de papier que leur envoyait la vieille Europe. Aussi, depuis cette époque, le commerce des cartes postales a-t-il pris aux Etats-Unis une extension considérable. En 1872, la carte postale fut officiellement adoptée en Suède, en Norvège et au Danemark. Dans ces  pays, son prix variait de 42 à 15 centimes. La Russie l’adopta aussi, mais en fixant sa taxe à 20 centimes.

Enfin, grâce à l’intervention de M. Wolowski, un vote du 19 décembre 1872 légalisa, en France, la circulation des cartes postales. Nous avions été les derniers à nous en servir, mais il nous était réservé de rendre ce système de correspondance aussi attrayant que possible. Je tiens à constater ici que la carte postale a été inventée par un fonctionnaire autrichien d’origine française, et que ce sont les imprimeurs, lithographes et dessinateurs français, qui l’ont fait entrer dans le domaine de l’art. Grâce à nous, les cartes postales sont devenues, en effet, de véritables œuvres d’art graphique. On sait quelle extension a pris depuis vingt ans la pratique de la photographie. Les professionnels ne sont plus les seuls à « emprisonner le soleil. » Les collégiens, les touristes, les gens du monde se livrent à ce passetemps amusant et utile, puisqu’il contribue à donner une forme exacte aux souvenirs. Aujourd’hui, on ne se contente plus de voyager, on photo graphie son voyage et le soir, autour de la table de famille, le pied dans la pantoufle, on se délecte en passant en revue les sites, les monuments, les mille endroits qu’on honora d’une visite.

Il y a quinze ans environ, nos cartes postales commencèrent à s’agrémenter de vignettes représentant des vues de villes, de monuments, de paysages, etc. Ce n’était là qu’un premier pas. On finit par y ajouter la figure humaine, les chefs-d’œuvre de la peinture et de la sculpture. Toutes les célébrités y passèrent ; Victor Hugo et Gambetta, aussi bien que Rostand et d’autres servirent d’illustrations aux correspondances particulières. Enfin, Léandre vint… c’est-à dire que la carte postale illustrée coloriée entra, elle aussi dans la circulation.

Ce fut un beau jour pour les collectionneurs. L’excessive variété des vignettes, des dessins, des illustrations d’après photographies, a permis, aux fureteurs et aux bibelotiers de constituer des collections de cartes postales, qui seront, un jour, extrêmement curieuses à consulter quand on voudra bien connaître notre époque surmenée et hâtive. La carte postale illustrée n’est-elle pas, au premier chef, un document humain ? Elle révèle les préoccupations du moment, les goûts, et les modes ; elle reflète même la vie politique et publique de la nation. Par ses portraits d’orateurs, d’hommes d’Etat, d’artistes et d’écrivains célèbres, elle raconte nos sympathies et nos prédilections pour tel ou tel homme. Au temps où le bœuf gras amusait les Parisiens, il était de bon ton de baptiser ce ruminant annuel du nom d’un homme célèbre, et le spirituel Monselet pouvait déclarer que l’on n’a pas été grand-chose « tant qu’on n’a pas été bœuf gras ». Aujourd’hui, c’est la carte postale qui remplit cet office. Ce carré de papier, que macule le timbre noir de la poste, est devenu un des véhicules de la popularité.

C’est la carte postale qui a popularisé en Europe cette amusante galerie des Souverains croqués si espièglement par le crayon de Léandre. Tous les monarques ont payé tribut à la caricature postale. Qui ne se souvient de ces petits chefs-d’œuvre de la charge parisienne appliquée aux têtes couronnées : la reine Victoria, Guillaume II en clou de l’Exposition, le roi Humbert étalant aux yeux des moustaches de caniche en colère… Soyez persuadé ; que ces folâtres dessins, où il entre une bonne part de naturel et de vérité, seront pour l’avenir des documents d’un prix inestimable. Ils ont toute la saveur de la production artistique et leur allure satirique équivaut à une opinion.

En dépit de l’administration et de la grise mine des diplomates étrangers, la carte postale illustrée a devant elle de belles années encore. Contenue dans les limites des convenances, elle est un plaisir et une leçon. Tel écolier collectionne les villes et les costumes ; tel autre, les chefs-d’œuvre de nos musées. C’est donc là une espèce d’enseignement par la carte postale et il serait abusif de l’empêcher. J’ajouterai même qu’il est de bon goût maintenant, parmi les amateurs, de ne plus écrire sur les cartes qu’à l’aide du crayon, afin de laisser aux cartes postales toute leur valeur matérielle en vue de la collection, car tout se collectionne de nos jours.

La carte postale française la plus chère
Rare carte postale de Picasso à Apollinaire

Rare carte postale de Picasso à Apollinaire

L’objet de tant de convoitises se présente comme une vue sur la ville de Pau prise depuis le clocher Saint-Martin, expédiée par Pablo Picasso le 5 septembre 1918 au poète Guillaume Apollinaire.

Au lieu de griffonner quelques lignes au dos de la carte, le peintre y a réalisé un dessin « série cubiste ».

La correspondance n’a toutefois jamais atteint son destinataire parisien. Picasso y avait écrit le nom de son ami en espagnol : « Don Guillermo Apollinaire ». Une originalité suffisante pour provoquer un retour à l’envoyeur, attestée par la mention « REBUT » de la poste parisienne de l’époque.

Cette exceptionnelle carte postale a été vendu aux enchères pour une valeur de 200000 euros frais de vente inclus.

Le rangement des cartes postales
Album pour ranger les cartes postales

Album pour ranger les cartes postales

Le principal moyen de rangement pour le classement des cartes postales est l’album pour les cartes postales ou les classeurs.

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Conseils pratiques sur les cartes postales au début du XXème siècle

Lorsque l’administration des postes mit pour la première fois en circulation la carte postale réglementaire, elle ne se doutait certainement pas du bénéfice que lui procurerait un jour ce modeste bout de carton lorsque, ayant subi une modification inattendue, il serait devenu la carte postale illustrée.

Cette fameuse carte postale, tant usitée au jourd’hui, n’eut pourtant point, à son début, le bonheur de plaire à S. M. la civilité puérile et honnête. Cette vénérable douairière décréta qu’il y avait inélégance dans cette petite économie d’un sou et que c’était trop cher payer de faciles indiscrétions. Puis les plus récalcitrants se sont peu à peu habitués à ce genre de correspondance « bon enfant » et tout le monde, ou presque, s’accommode de lui aujourd’hui ; on trouve que s’il économise quelques centimes, il épargne beaucoup de temps et l’on se contente d’apporter quelques nuances à son emploi.

Ainsi la carte postale (je parle de la carte postale non illustrée) ne s’envoie jamais à une personne à qui l’on doit le respect. Ensuite, quand on l’emploie, on évite naturellement d’y traiter des sujets qui auraient, pour le destinataire, quelque inconvénient à être connus par des tiers et, plus encore, on se gardera d’y exprimer des blâmes, des reproches, des remontrances. La plus simple prudence enseignera qu’on n’y doit point consigner des indications alléchantes, comme de confier, par exemple, que l’on a caché ses économies dans son jardin, sous le troisième poirier à gauche ! Et la plus élémentaire charité détournera d’y casser trop violemment du sucre sur la tête d’autrui, ce qui risquerait de passer pour de la diffamation ! Bref, la correspondance par carte postale doit conserver un caractère très général et aussi peu explicite que possible.

Arrivons maintenant à la fameuse carte postale illustrée.

Dirai-je qu’elle ne présente tout son intérêt que lorsqu’elle reproduit un site, un monument, un type curieux, en un mot un souvenir de voyage ou d’excursion ? Les autres ne me paraissent guère différer des images dont les enfants se font des albums.

Mais les premières sont réellement une heureuse innovation, elles évitent les longues épîtres, et une carte bien choisie, accompagnée d’un mot d’amitié, est à elle seule tout un bavardage. Autant j’approuve les touristes qui prennent plaisir à envoyer ainsi leurs billets d’étapes, autant je voudrais recommander la discrétion aux amateurs de cartes postales.

Je sais que la passion de la collection est très violente, qu’elle entraîne parfois plus loin qu’on ne le voudrait, et c’est pourquoi je conseille d’apporter beaucoup de réserve aux demandes de cartes postales. Il peut se trouver, en effet, des personnes pour qui ces envois répétés deviennent une véritable corvée, voire même une obligation onéreuse ; il y a des gens qui ont l’aversion de la carte postale comme beaucoup en ont l’amour, et d’autres qui mettent quelque répugnance à vulgariser leur signature. Assurez-vous donc, aimables collectionneurs et collectionneuses qui me lisez, que les demandes que vous formulez à vos amis et à vos relations ne sont point indiscrètes.

Soyez plus fiers de cinq cents cartes postales qu’on vous aura envoyées de bon cœur que d’un millier qui vous aura obligés à de menues importunités.

Un dernier mot enfin : il est intéressant d’avoir des cartes postales personnelles, reproduisant soit une vue de la maison, un coin du jardin ou des appartements, ou bien encore un portrait des bébés ou même celui du bon toutou fidèle.

Il est aussi très élégant de remplacer l’illustration par un simple chiffre comme sur le papier à lettres. Les jeunes femmes et les jeunes filles qui ont des loisirs peuvent même fixer à peu de frais sur des cartes postales leur monogramme, entouré de quelques fleurettes ou arabesques, à l’aide du dessin au vaporisateur, de ce joli dessin qu’un enfant de dix ans pourrait faire et qui donne de si charmants effets de dégradés.

Les premières cartes Postales

(d’après un témoignage aux alentours de 1900)

Ici même, on esquissait, dernièrement, l’histoire résumée de l’enveloppe de nos lettres. Il ne paraîtra, sans doute, pas inutile de retracer, en quelques lignes, les origines d’une terrible concurrente de l’enveloppe, nous avons nommé la carte-postale, mère de la carte postale illustrée.
Quel fut son inventeur et quels pays furent les premiers à l’utiliser ?

C’est l’empire d’Autriche qui, sur la proposition du docteur Herrmann, montra à l’Europe la voie du progrès en adoptant, le 1er octobre 1869, les premières cartes-postales. Leur coût était d’environ cinq centimes (deux kreutzer). Le succès de cette innovation fut considérable.

Des motifs fort judicieux avaient converti le gouvernement autrichien à l’idée du docteur Herrmann. On s’était rendu compte qu’un grand nombre de lettres, commandes à des fournisseurs ou informations brèves de particulier à particulier, pouvaient fort bien être expédiées sans enveloppe, sur une carte de dimension uniforme. Et il avait paru que cette simplification de la correspondance, de nature à multiplier les relations postales, devait légitimement s’accommoder d’une réduction des tarifs d’affranchissement.

L’Allemagne ne tarda pas à être séduite par cette nouveauté. Le 1er juillet 1870, date de leur apparition à Berlin, il n’y fut pas vendu moins de quarante-cinq mille cartes postales.

Cette constatation n’est pas dénuée d’intérêt. Elle marque avec précision que la carte postale ayant fait ses preuves, les français auraient pu l’adopter aussitôt. Mais il est, dans l’amère destinée de notre pays, de voir inlassablement toute initiative intéressante entravée par la plus abrutissante force d’inertie : l’administration.

Nos fonctionnaires ne « croyaient, pas » à la carte postale. En 1873, enfin, quand on se décida d’en mettre en circulation, tous les pays d’Europe avaient déjà accueilli cette formule nouvelle du progrès, tous, excepté la Turquie. Nous en étions réduits à ce voisinage peu flatteur.
En des circonstances douloureuses et bien proches, on avait eu pourtant l’occasion d’apprécier la commodité de ce moyen de correspondance. Lors du siège de Paris, en effet, quand les aérostats s’offrirent aux Parisiens comme le seul moyen pratique d’adresser leurs nouvelles au reste de la France, on adjoignit aux lettres des cartes-postales « portant, sur l’une des faces, l’adresse du destinataire, et sur l’autre, la correspondance du public ». « Ces cartes, disait le décret, devaient être en carton velin du poids de trois grammes au maximum, et de onze centimètres de long sur sept centimètres de large ».

La carte postale était-elle seulement bonne en temps de guerre ? On aurait pu le croire.

Cependant, devant l’insistance du public, l’administration s’émut enfin et décida de fabriquer des cartes postales « destinées à circuler à découvert ».
Elles furent mises en vente au prix de dix centimes pour celles envoyées et distribuées dans la circonscription du même bureau, ainsi ; que pour celles envoyées de Paris. Leur tarif fut de 15 centimes pour celles qui devaient circuler en France et en Algérie, de bureau à bureau.

L’administration des postes fit donc confectionner deux types de cartes postales avec l’indication imprimée de leur destination respective. Leurs timbres n’y étaient point imprimés comme sur les cartes actuelles ; on collait sur elles des timbres ordinaires de dix ou de quinze, centimètres.

Dès le début de cette création, la fabrication des cartes postales fut exclusivement attribuée à l’administration. Leur exécution fut confiée à l’Imprimerie Nationale. Leurs dimensions étaient de 120 x 78 millimètres, leur teinte blanche ou légèrement, jaunâtre, leurs caractères typographiques en noir.

Le succès des cartes postales contraignit l’administration, débordée, de s’adresser à l’industrie privée pour leur fabrication. Mais un nouvel élément devait bientôt intervenir.

En date du 1er janvier 1876, la France était entrée dans l’Union Générale des Postes. Le petit rectangle de bristol n’allait pas tarder à acquérir ce caractère international qui est sa véritable formule.

Mais on n’arriva pas tout de suite à la carte postale à dix centimes pour tous les pays ! Songez qu’elle n’existait pas encore pour la France…
Non. On afficha, dans les bureaux de poste rémunération des pays étrangers avec lesquels l’échange des cartes était autorisé. Les tarifs étaient de quinze centimes pour toutes les nations de l’Union à cette époque, sauf les Etats-Unis d’Amérique, pour lesquels une taxe de 20 centimes était de rigueur.
Mais, deux années après, lorsque se réunit à Paris (le 1er mai 1878), le second Congrès postal sous le nom d’Union Postale Universelle, les droits de transit sensiblement réduits permirent d’abaisser les tarifs de la correspondance internationale.

Les plénipotentiaires de 33 Etats représentants 633 millions d’habitants, fixèrent, à 0 franc 25 centimes la taxe des lettres. Celle des cartes postales fut abaissée à 0 franc 10 centimes. Ce jour-là, les congressistes méritèrent tous les applaudissements des futurs amateurs de la carte postale illustrée.

La carte postale personnalisée d’après une publicité de 1904

LA CARTE POSTALE « L’UNIVERSELLE »

Les modes, comme les jours, se suivent et ne se ressemblent pas. Mais à toute règle, il y a une exception : la Carte postale en est une.

II y a déjà bon nombre d’années qu’elle naquit, un jour, de la fantaisie d’un artiste. Depuis, elle a grandi, et, jolie comme une princesse de conte de fée, coquette comme la coquetterie elle-même, ayant emprunté à tout ce qui existe un peu de sa beauté, elle apparaît si séduisante qu’elle captive tous et toutes, et qu’aujourd’hui son empire est le monde entier.
L’album de Cartes postales devient l’objet nécessaire, à la fois agréable et utile, que l’on trouve à chaque foyer, que le geste appelle, que la main recherche, quand l’ennui vient voiler l’âme de mélancolie, ou quand celle-ci, perdue dans la rêverie, sent le vertige du passé s’emparer d’elle.

Tout passe, dit-on. Non ! La Carte postale est là pour lutter contre l’Oubli, pour faire revivre le Passé ! C’est la petite veilleuse dont la lumière pâle, mais fidèle, demeure dans la nuit des temps écoulés, et à sa lueur on voit revivre tous’ les visages chers, tous les lieux aimés. Mais un peu de la gloire de la Carte postale revient à sa mère, la Photographie, qui lui a légué son pouvoir magique, car sans elle la petite carte postale n’aurait jamais vu le jour. Aussi, les fervents de la photographie sont-ils nombreux.

« Qui n’a pas son petit appareil ? » pourra-t-on bientôt crier.

Cependant depuis longtemps déjà, les amateurs avaient un désir : faire de leurs œuvres photographiques des cartes postales. Combien à la campagne ou à la mer, contemplant leur villa ou leur maisonnette, si coquettes dans leur parure d’été, n’ont pas soupiré : quel dommage de ne pas avoir ce sujet en carte postale, à envoyer aux amis !

Eh bien, que MM. les artistes photographes soient satisfaits. M. E. Bernard va réaliser leur désir ! Qui est ce M. E. Bernard ? Un grand imprimeur-éditeur de Paris, qui a souvent, fort souvent des idées originales et très bonnes. Témoin celle-ci : « Pour la modeste somme de 5 francs vous pourrez dorénavant avoir un cent de cartes postales, représentant le sujet que vous voudrez : portrait, villa, paysage, statue, groupe, tableau, objet artistique, etc. Pour cela, il suffira d’adresser franco à la Maison Bernard un cliché, une épreuve, une photographie, un dessin, une aquarelle ; ou un objet quelconque dont on désire la reproduction, et qui sera rendu avec les cartes postales. » Rien n’est plus simple, et chacun pourra avoir ainsi ses cartes postales, dans un délai de quinze jours ou un mois au plus. Envoyez les documents ou les demandes de renseignements concernant la Carte postale « l’Universelle  » par l’intermédiaire des correspondants des Messageries Hachette, des bibliothèques des gares, chez M. E. Bernard, 29, quai des Grands-Augustins. Paris, et dans ses succursales : 1, rue de Médicis et Galeries de l’Odéon, 8-9-11 ou à l’imprimerie, 14 et 15, rue de la Station, à Courbevoie (Seine).

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