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Tous ceux qui ont connu les francs dans la période allant de 1960 à 2002 ainsi que les euros depuis 2002, peuvent penser que les pièces de monnaie sont tout simplement des disques sur les faces desquels sont marquées les valeurs faciales ainsi que quelques symboles de rigueur. Toutes les pièces françaises ont toujours été circulaires.
Voyons donc cette forme pour commencer. Il est difficile de choisir un exemple de pièce circulaire, tant ce modèle est courant et ultra-majoritaire. Autant opter pour une rareté, une originalité. Prenons donc la pièce de 25 øre émise par le Danemark pour son territoire du Grønland en 1926 :
25 Øre grønland 1926 L’avers montre les armoiries du Danemark qui ressemblent fort à celles de l’Angleterre puisque nous avons là, en termes héraldiques, trois « lions léopardés ». L’inscription « Grønlands Styrelse » signifie : « Administration du Grønland ». Le revers arbore un magnifique ours blanc marchant l’amble : c’est sa démarche naturelle. Outre la valeur faciale, la date et les lettres GS pour « Grønlands Styrelse », cette face comporte d’autres informations : les lettres HCN sont les initiales du maître d’atelier Hans Christian Nielsen. Le petit cœur est la marque de l’atelier de Copenhague et GJ sont les initiales du graveur Gunnar Jensen. La forme de cette pièce est bel et bien circulaire.
Cependant, ce n’est pas la seule possibilité. La pièce de monnaie étant un objet fort contraint, toutes les variations imaginables ont été utilisées ou le seront tôt ou tard et celles qui concernent sa forme sont légion. Avant de passer aux pièces d’allure polygonale, voyons la pièce festonnée qui est assez courante :
20 Cents Hong Kong 1991 Voici une pièce de 20 cents de Hong Kong datant de 1991. Cette ville-État était encore, à cette date, sous administration britannique, d’où le portrait de la Queen sur l’avers. Le revers reprend la disposition des anciennes pièces chinoises en ce qui concerne les signes qui y sont portés. On a, verticalement l’information « Hong Kong » et, horizontalement et de droite à gauche, l’information « deux dixièmes ». Cette pièce comporte 12 festons. D’autres possibilités existent.
Viennent ensuite toutes les pièces de forme polygonale. La première qui vient à l’esprit est la forme triangulaire. Elle n’est pas fréquente. J’en possède cependant un exemplaire :
2 Dollars Cook 2003 C’est une pièce circulante de 2 dollars des Îles Cook. Cette monnaie est indexée sur le dollar Néo-Zélandais qui vaut approximativement 0,6 €. La Queen est encore de service au nom du Commonwealth sur l’avers, tandis que le revers nous montre une table de pierre typique de ces îles.
Puis nous devons aborder la forme carrée, ou plutôt quadrangulaire. Elle peut être de deux sortes. Soit elle peut être dite « carrée » car les inscriptions et autres motifs gravés peuvent être lus et interprétés en plaçant cette pièce de telle sorte que ses côtés soient horizontaux et verticaux. Soit on peut dire qu’elle a une forme de losange car, pour lire ce qui est écrit dessus, il faut la placer de façon oblique. Cette forme quadrangulaire présente l’intérêt de limiter les chutes de métal lors de la découpe des « flans » qui seront ensuite frappés. En effet, ces flans sont taillés dans des tôles métalliques et il reste nécessairement des chutes qui devront ensuite être recyclées. Avec une forme carrée, il y a moins de chutes. Voyons donc une pièce « carrée » :
5 Cents Suriname 1978 C’est une pièce de 5 cents du Suriname. Ce pays, indépendant depuis 1975, était auparavant une colonie néerlandaise. L’avers montre ses armoiries, car malgré sa jeunesse, il en possède. Deux amérindiens soutiennent un blason sur lequel on voit à gauche un navire rappelant la traite négrière et sur la droite un palmier. L’étoile à cinq branches située au centre de ce blason rappelle que la population actuelle de ce pays est originaire des cinq continents. La forme carrée de cette pièce prend également ses origines aux Pays-Bas où la pièce de 5 cents a eu soit une forme de losange, soit une forme carrée entre 1913 et 1943.
Voyons justement une pièce de 5 cents néerlandaise datant de 1929 et qui a une forme de losange :
5 Cents Pays Bas 1929 L’avers nous montre une fleur d’oranger, l’orange étant un symbole néerlandais du fait que la lignée royale de ce pays est celle de la maison d’Orange-Nassau. Le reste constitue sur les deux faces une belle frise décorative.
Parmi les plus de 22 000 pièces que je possède, aucune n’est pentagonale. Une recherche sur le site Numista ne révèle aucun exemple répertorié d’une telle forme pour une pièce de monnaie : il y a donc un créneau de création pour les ateliers de frappe du monde entier.
La suite est évidemment hexagonale, mais ne sera pas française puisque nous avons vu que la France a privilégié la forme circulaire. On sélectionnera deux exemples. Le premier est une pièce de 2 Francs du Congo Belge. Cet émetteur, ancienne colonie belge, est l’actuelle République Démocratique du Congo qui s’est appelée pendant un temps le Zaïre. Il a émis en 1943 une pièce de deux francs hexagonale.
2 Francs Congo Belge 1943 L’avers nous montre un magnifique éléphant qui, comme l’ours polaire, marche l’amble. C’est, pour lui aussi, une démarche naturelle. Le petit signe qui se trouve à droite de la queue de l’animal est la marque du graveur, dont le nom s’est perdu. Cette pièce a été frappée à Philadelphie, aux États-Unis. Une faute d’orthographe a été commise par le graveur responsable du revers : en effet le nom flamand de la Banque du Congo Belge devrait s’écrire « Bank van Belgisch Congo » et non « Bank van Belgish Congo ». Pour cette raison, cette pièce n’a presque pas été mise en circulation et est, de ce fait, assez rare.
Mais, comme dans le cas de la pièce carrée, un hexagone peut avoir deux orientations. Soit il présente deux de ses angles sur un axe horizontal (comme ci-dessus), soit il le fait sur un axe vertical. C’est le cas de la pièce de 25 pyas (datant de 1986) du Myanmar, anciennement appelé Birmanie en Occident.
25 Pyas 1986 Myanmar C’est une pièce circulante émise en l’honneur de la FAO (Food and Agriculture Organisation of the United Nations). On peut « lire » sur le revers : 25 pyas, le pya étant le centième de la monnaie birmane qui est le « kyat ». L’avers montre un plant de riz, nourriture universelle.
Assez curieusement, la forme heptagonale est la plus prisée des pays émetteurs après la forme circulaire et la forme festonnée. Est-ce l’attrait du nombre impair de côtés ? Est-ce la difficulté de tracer un heptagone régulier dont on escompte qu’elle va dissuader les éventuels faussaires ? Toujours est-il que sur les 242 émetteurs de monnaie qui participent à ma collection, 22 se sont laissés séduire par cette forme. Voyons, pour commencer, la pièce de 200 cedis frappée par le Ghana en 1996 :
200 Cedis Ghana 1996 Les côtés sont légèrement incurvés, ce qui fait qu’il s’agit d’un heptagone un peu arrondi, mais c’est quand même un heptagone. Sur l’avers, nous lisons en anglais la devise ghanéenne : « Liberté et Justice » et on espère qu’elle est mieux appliquée dans ce pays que la devise française en France. On voit, sur cette face, un « cauri » (dont le nom latin est « monetaria moneta »), coquillage anciennement utilisé comme monnaie en Chine, dans l’Océan Indien (en particulier aux Maldives d’où il est originaire) et en Afrique où il a été introduit par les négriers en tant que monnaie d’échange afin d’acquérir des êtres humains voués à l’asservissement absolu. Le revers montre le blason du Ghana. Un léopard hante la croix de Saint-Georges qui divise l’écusson en quatre parties. En haut et à gauche sont représentés une épée et une machette. Un château fort dominant la mer est à la droite de ces armes. En bas et à gauche se trouve un cacaoyer et à droite il y a une mine d’or, synonyme d’une hypothétique richesse.
Toutes les pièces heptagonales sont telles qu’un des sept côtés se trouve en bas lorsqu’on la regarde dans le bon sens. Un des angles est donc en haut. Mais il existe une exception à cela. On la trouve dans les productions britanniques, qui sont souvent originales. En effet, depuis la décimalisation de la livre sterling en 1971, une vraie catastrophe pour certains esprits conservateurs et de ce fait rouillés, une pièce de 50 pence est frappée chaque année par nos voisins anglais. Elle a une forme heptagonale et son orientation était des plus classiques jusqu’en 2008 :
50 Pence dictionnary GB 2005 Tant qu’à faire, j’ai choisi comme exemple une pièce circulante commémorative émise pour célébrer la parution en 1755 du « Dictionary of the English Language » par Samuel Johnson. L’effigie de la Queen est la quatrième du genre. On remarque l’orientation classique de cette pièce : un des côtés en bas, un angle en haut.
Mais en 2008, les responsables de l’émission monétaire britannique ont fait un choix étonnant et particulièrement intéressant : l’ensemble des pièces émises forme, en les disposant à cet effet de façon adéquate, le blason britannique. Voyons d’abord la pièce de 50 pence émise depuis 2008 :
50 Pence 2015 GB Le revers montre le bas du blason de la Grande Bretagne. La pointe de ce blason épouse la forme de la pièce heptagonale. On peut se demander légitimement le pourquoi de cette nouvelle orientation.
Voici la réponse : Si l’on dispose comme il convient les différentes pièces de pence frappées depuis 2008, on obtient ceci :
Blason Royaume Uni On a de gauche à droite et de haut en bas la pièce de 10 pence, puis de 2, de 1 penny, de 5 pence, les deux pièces heptagonales de 20 pence et de 50 pence, mais pas dans la même orientation. L’ensemble redonne le blason du Royaume-Uni… avec quelques lacunes. Et la pièce de 50 pence constitue la pointe de ce blason, d’où l’orientation « pointe en bas ».
Après l’heptagonale, nous avons l’octogonale. Prenons l’exemple de la pièce de 25 cents maltaise émise en 1975 :
25 Cents 1975 Malte L’avers nous plonge dans une ambiance maltaise : un luzzu, bateau traditionnel, accoste à un quai où ont été disposés un harpon et une rame pour l’occasion. Très opportunément, un cactus du genre « opuntia » pousse à proximité. La pièce est octogonale et ses côtés sont alternativement horizontaux, à 45° et verticaux.
Comme pour les autres pièces polygonales, une autre orientation est possible et c’est le Chili qui a fait ce choix pour ses pièces de 1 peso et de 5 pesos émises entre 1992 et 2015. Voyons la pièce de 5 pesos :
5 Pesos Chili 2013 L’avers nous révèle le profil de Bernardo O’Higgins Riquelme (1778-1842), premier président du Chili indépendant (de 1818 à 1823). La pièce est octogonale et quatre de ses angles occupent l’axe horizontal et l’axe vertical.
Il n’y a pas, à ma connaissance, de pièce nonagonale ou ennéagonale pour les savants. Avis aux graveurs de tous pays !
Mais il existe des pièces décagonales. Environ onze pays émetteurs ont choisi cette forme pour au moins une de leurs pièces. Voyons, pour commencer une pièce de 5 shilingi frappée en 1972 par la Tanzanie :
5 Shilingi Tanzanie 1972 Le personnage qui est visible sur l’avers est Julius Nyerere, qui fut président de la Tanzanie entre 1964 et 1985. Il portait une petite moustache à la Hitler qui apparaît sur son profil comme une sorte de crotte de nez. L’inscription « Rais wa kwanza » signifie « le premier » en swahili. Entourant le nombre 5 sur le revers, l’inscription « shilingi tano » signifie « cinq shillings » dans cette même langue. Le reste de cette face est dédié à l’agriculture : en haut on voit un régime de bananes, à gauche quelques plants de riz, à droite c’est du maïs et en bas, on voit un ruminant dans son attitude prédigestive : c’est un zébu « Masaï », élevé en particulier par le peuple Masaï dont les membres vivent au nord du pays comme au sud du Kenya. La pièce est décagonale et est disposée de telle sorte que deux de ses angles soient situés sur un axe horizontal.
Évidemment, d’autres pays ont fait l’autre choix d’orientation qui consiste à placer deux des dix angles de ce type de pièce sur un axe vertical. Prenons l’exemple de la pièce de 1 peso colombienne frappée en 1967 :
1 Peso 1967 Colombie De conception extrêmement simple, cette pièce nous montre sur son avers le profil de l’incontournable Simon Bolivar, dont le vrai nom n’est rien moins que Simón José Antonio de la Santísima Trinidad Bolívar y Palacios. Il y a de quoi se souvenir de lui en Amérique du Sud car il participa à l’indépendance de la Bolivie, de la Colombie, de l’Équateur, du Panama et du Venezuela (dont la monnaie était anciennement le bolivar et est, depuis 2018, le bolivar soberano) où actuellement les différents protagonistes du combat politique se réclament encore de lui. La pièce est décagonale et deux de ses angles sont bel et bien sur un axe vertical.
Ce n’est pas fini. Mais on doit bien se dire qu’on ne va pas pouvoir ajouter éternellement un côté de plus à une pièce polygonale sans arriver, par un passage à la limite infinie, à la pièce circulaire, point de départ de ce chapitre. Avant d’arriver à de telles extrémités, voyons la pièce undécagonale, c’est-à-dire possédant onze côtés. Trois pays ont fait au moins une fois ce choix et nous nous porterons sur l’exemple de la pièce de 2 korun (2 couronnes tchèques) de la République tchèque :
2 Korun Répuplique tchèque 2010 Sur l’avers, nous voyons le lion figurant sur les armoiries de Bohème, qui représente approximativement la partie ouest de la République tchèque. C’est un animal fort stylisé : sa queue est « fourchée » et « passée en sautoir » (langage héraldique), il est puissamment « langué » et expose sans vergogne son membre viril, ici opportunément caché par un reflet. Par ailleurs, une curieuse maladie le contraint à écarter outrageusement les quatre doigts de ses autres membres. Le revers nous montre, outre la valeur faciale de cette pièce, une représentation des joyaux de la Grande Moravie, qui débordait de la Moravie actuelle, partie est de la République tchèque. La pièce a bien onze côtés, allez ! Comptez-les ! Cela fait bien onze !
Une quinzaine de pays émetteurs ont choisi au moins une fois la forme dodécagonale pour une de leurs pièces. Ainsi, le Nigeria, dont la monnaie est le naira, a émis en 1991 et 1993 une pièce de 50 kobo (le kobo est le centième du naira) possédant douze côtés.
50 Kobo Nigeria 1991 L’avers est entièrement consacré aux armoiries du Nigeria. L’aigle, c’est la force. Les deux chevaux sont là pour représenter la dignité. L’écu représente les richesses du pays. Il est traversé par un « Y » sinueux qui représente le fleuve Niger (branche de gauche et branche verticale) et son affluent, le Bénoué (branche de droite), qui se jette dans le Niger au niveau de la ville de Lokoja. La devise du Nigeria est écrite sous cet équipage : « Unity and Faith, Peace and Progress », rien que du bon. Le revers indique la valeur faciale et montre un plant et un épi de maïs. La pièce est dodécagonale et quatre de ses côtés sont horizontaux et verticaux.
Comme pour les autres formes polygonales, l’autre orientation est possible et a été utilisée par certains pays. Voyons donc la pièce de 5 patacas frappée par le territoire de Macao entre 1992 et 2007 :
5 Patacas Macau 2003 L’avers indique juste la provenance de cette pièce : la « Région administrative spéciale de Macao de la République populaire de Chine ». En chinois, cela s’écrit : « 中華人民共和國澳門特別行政區 ». On peut découvrir, dans tous ces signes ceux qui désignent Macao : « 澳門 » et qui sont inscrits sur l’avers de façon stylisée au-dessus et en dessous de l’inscription « MACAU ». Comme de coutume, la valeur faciale est donnée sur le revers de la pièce : 5 patacas, également écrits en chinois : « 伍圓 » (à lire de gauche à droite). Une jonque navigue de façon incongrue devant la façade de la « Igreja da Madre de Deus » (l’église de la mère de dieu), située dans cette ville-état car, dans la réalité, celle-ci ne fait face à aucun plan d’eau mais à un monumental escalier de 66 marches. Construite par les jésuites dans la seconde moitié du XVIème siècle, elle a été détruite en 1835 par un gigantesque incendie : il n’en reste que la façade. Cette pièce est dodécagonale et ses axes vertical et horizontal sont occupés par quatre de ses angles.
Dernière des pièces polygonales, la pièce tridécagonale ! Deux exemples seront traités ici, et ce sont, à vrai dire, les deux seules sortes de pièces à 13 côtés que je possède. Tout d’abord, une pièce circulante commémorative de 20 korun frappée par la République tchèque en l’an 2000 :
20 Korun République tchèque 2000 Le même lion emblématique que sur la pièce de 2 korun tchèque vue ci-dessus est ici différemment stylisé sur l’avers. Le revers représente un astrolabe entouré de 8 répétitions de l’expression « ROK 2000 » : « année 2000 ». Si l’on regarde bien les deux faces, un des angles du tridécagone se situe en haut et un des treize côtés en bas. Cela se peut car la pièce est frappée en « frappe médaille », c’est-à-dire de telle sorte que les deux faces soient dans le même sens l’une par rapport à l’autre.
Voyons maintenant la pièce de 200 millimes tunisienne frappée en 2013 :
200 Millimes Tunisie 2013 Ici, l’orientation des deux faces n’est pas la même : le côté qui sert de base à l’avers se retrouve en haut pour le revers. Il s’agit d’une « frappe monnaie » pour laquelle les deux faces sont tête-bêche.
Nous en avons terminé avec les pièces polygonales et, à propos de bêche, voyons une curiosité très ancienne : une pièce chinoise dont la forme est qualifiée de « forme de bêche » :
Sapèque bêche Il est difficile de garantir l’authenticité d’une telle pièce tant les fausses monnaies chinoises courent les rues et les étalages de brocanteurs. Celle-ci n’a pas l’air sortie toute fraîche des presses. J’ai pu l’identifier comme étant une « sapèque bêche » de la Dynastie « Xin » et, si elle est authentique, elle daterait de la période allant de l’an 9 à l’an 23 de l’ère commune.
Finissons cet inventaire avec une pièce de forme indéterminée, vaguement ovale : c’est une pièce de 2 pe provenant du Cambodge et datant de 1857 :
2 Pe Cambodge 1857 Cette pièce a été frappée sous le règne du roi Ang Duong, à une époque où le Cambodge était sous l’influence conjointe de l’Annam et du Siam (milieu du XIXème siècle). C’est sous le règne de son fils Norodom 1er que la France signera avec ce pays un traité de protectorat. De fait, bien que possédant un roi, le Cambodge n’était pas réellement indépendant en ce temps. Une pièce de 2 pe valait ½ fuang et un fuang valait 1/8 de tical… qu’on se le dise !
Après avoir commencé le chapitre « Subdivisions et multiples » par les séries françaises où l’on voit la forme circulaire régner, poursuivons ce chapitre avec l’Inde où la variété des formes de pièces est bien plus grande. En effet, ce pays a utilisé cette forme pour y mettre du sens et faciliter la tâche des personnes illettrées qui devaient utiliser la monnaie pour leur commerce : elles savaient compter et, surtout, compter les sous mais pas toujours lire ce qui était inscrit dessus. Voici donc un panorama des pièces indiennes où l’on voit que leur forme et leur taille est sensiblement différenciée et que cela permet de connaître leur valeur sans bien savoir lire les chiffres. De plus, cette forme a parfois varié au cours du temps, dans une sorte d’inconstance géométrique :
Commençons par les petites valeurs faciales, c’est-à-dire par la pièce de 1 paisa (un centième de roupie). Elle a été émise entre 1957 et 1981. Deux formes ont successivement été adoptées : la circulaire (entre 1957 et 1964) et la forme losange (de 1965 à 1981) :
1 Paisa Inde 1964 Cette forme circulaire était celle des pièces de 1 pice existant entre 1950 (indépendance) et 1957. Pendant cette période, la roupie était divisée en 16 annas et chaque anna était divisé en 4 pice. Donc 64 pice faisaient une roupie. À partir de 1957, la roupie a été décimalisée.
1 Paisa Inde 1968 Forme losange, facilement reconnaissable.
Il y a ensuite la pièce de 2 paise, qui a également été émise entre 1957 et 1981.
2 Paise Inde 1964 Type de pièce de 2 paise frappée entre 1957 et 1964. Sa forme est festonnée avec un listel décoré de séries de denticules placées dans chaque feston.
2 Paise Inde 1968 Type de pièce de 2 paise émise entre 1965 et 1981. Elle est encore festonnée, mais le listel est plus simple.
Entre 1964 et 1981, l’Inde a émis des pièces de 3 paise, curiosité monétaire partagée avec l’URSS et les pays qui en dépendaient (voir le chapitre intitulé « La pièce de trois »).
3 Paise Inde 1971 La forme est hexagonale avec deux des angles sur l’axe vertical. Six séries de 9 denticules ornent les angles.
Vient ensuite la pièce de 5 paise qui a été émise entre 1957 et 1994. Sa forme est restée constante pendant toute cette période :
5 Paise Inde 1975 C’est de nouveau la forme de losange qui est utilisée. Mais on ne peut la confondre avec la pièce de 1 paisa car elle est plus grande (19 mm contre 15 mm).
Passons à le pièce de 10 paise qui, émise entre 1957 et 1998, a connu quelques changements de forme :
10 Paise Inde 1966 C’est de nouveau la forme festonnée à huit festons qui est utilisée entre 1957 et 1971. Mais cette pièce est plus grande que celle de deux paise (23 mm contre 18 mm). À noter que de 1957 à 1967, ces pièces étaient en cupronickel et qu’entre 1968 et 1971, elles étaient en laiton de nickel (alliage cuivre-nickel).
10 Paise Inde 1975 De 1971 à 1982, la pièce de 10 paise est passée de huit festons à 10 festons et elle a encore grandi. Son diamètre maximal est maintenant de 25,9 mm. De nombreux exemplaires commémoratifs ont été frappés dans cette série.
10 Paise Inde 1986 Puis ce fut, de 1983 à 1993, le retour à la pièce de 23 mm et ayant huit festons. Contrairement à la première version, celle-ci est en aluminium et non en cupronickel. La graphie a également été modifiée.
10 Paise Inde 1988 Émise entre 1988 et 1998, cette pièce de 10 paise est maintenant circulaire, plus petite que les précédentes et est constituée d’acier inoxydable.
Pendant une période allant de 1968 à 1998, l’Inde a émis des pièces de 20 paise. Elles furent de deux sortes :
20 Paise Inde 1970 Constituée de laiton de nickel, cette pièce a été frappée entre 1968 et 1971. Des versions commémoratives ont existé.
20 Paise Inde 1986 Hexagonale comme la pièce de 3 paise, elle est un peu plus petite (26 mm contre 23 mm). Une frise décorative orne son revers.
D’une façon assez curieuse et parallèlement à l’existence pendant trente ans de ces pièces de 20 paise existèrent, entre 1957 et 2002, des pièces de 25 paise. Circulaires et mesurant 19 mm de diamètre, nous n’en montrerons ici qu’un exemplaire :
25 Paise Inde 1985 Elle est plus petite que les pièces de 10 et de 20 paise car elle est en cupronickel, métal plus coûteux que l’aluminium.
À partir de cette valeur faciale, les pièces indiennes sont toutes circulaires.
Mais il nous reste encore à traiter un cas de figure un peu particulier. Il existe en effet des pièces qui sont dites « fautées » : elles ont connu un petit problème au moment de la frappe. Un de ces cas est celui des pièces dont le flan est rogné. Je possède huit de telles monnaies et vous propose de regarder une pièce de 10 aurar frappée par l’Islande en 1966 :
10 Aurar 1966 Islande Cette pièce de 10 aurar, pluriel de eyrir, est, somme toute, assez ordinaire. L’avers nous montre une partie des armoiries islandaises constituée du drapeau de ce pays, présenté verticalement et non horizontalement. Les stries que l’on aperçoit sont horizontales pour la couleur bleue (d’azur) et verticales pour la couleur rouge (de gueules). Le revers est non moins ordinaire, bien qu’il nous montre deux groupes de trois feuilles de bouleau pubescent (betula pubescens), seule espèce d’arbre endémique à d’Islande. On voit nettement que le flan est rogné. Si l’on regarde attentivement la forme de cette rognure, on constate qu’elle n’est pas rectiligne mais courbe, la courbure étant tournée vers l’intérieur de la pièce. La raison en est que les flans sont réalisés à partir d’une plaque métallique avec un emporte-pièce. Si celui-ci ne se translate pas correctement d’une opération à la suivante, il peut arriver que le flan réalisé soit trop proche d’une opération précédente et forme ainsi un flan rogné. De telles occurrences ne sont pas si rares.
Loin d’être inintéressante, la considération détaillée de la forme des pièces nous informe sur la nécessité de distinguer ces monnaies par d’autres critères que ce qui est écrit dessus ou par leur taille. La forme du flan permet à chacun de s’y retrouver dans son porte-monnaie et de savoir que s’il cherche une pièce de telle ou telle valeur, il doit se concentrer sur celles qui ont telle ou telle forme.
François Saint-Jalm
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