LES SUBDIVISIONS ET MULTIPLES

Un certaine logique sans hiatus semble ici à l'œuvre : c’est une série de type 1, 5, 10, 50, 100 et 500. Le seul inconvénient d’un tel système est la nécessité d’avoir sur soi beaucoup de pièces de 1, 10 et 100 yen pour former des sommes du type 444 ¥ tout rond.

LES SUBDIVISIONS ET MULTIPLES

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Lorsqu’une monnaie est émise par un pays, elle possède une unité de base comme le franc, le rouble ou le sucre. Celle-ci est ensuite subdivisée en sous-multiples ou inversement déclinée en multiples. Cela n’a l’air de rien, mais c’est un problème qui n’a pas toujours trouvé la même solution selon les pays et les époques. Cette question du choix des différentes subdivisions et multiples ne sera ici abordée que pour les pièces circulantes, celles qui « servent à acheter le pain ». En effet, chaque pays émet aussi des pièces commémoratives, ou bien des pièces qui se mettent dans les bas de laine. Il n’en sera pratiquement pas question ici.

Dans tous les cas, la série des sous-multiples s’arrête au moment où l’on parvient à une valeur faciale trop petite en regard des prix qui sont pratiqués dans la vie courante. Si nous prenons l’euro comme exemple, le centime d’euro est utilisé dans la vente de denrées au poids. Achetez quelques pommes de terre en vrac et la balance qui calcule le prix vous indiquera une valeur au centime près. Ce prix sera souvent arrondi à 5 ou 10 centimes près par le commerçant qui ne souhaite pas s’embêter à rendre la monnaie de façon trop précise. Par ailleurs, les prix des articles vendus en supermarché sont encore affichés au centime près et l’utilisation de la carte de paiement permet facilement de régler la somme due sans avoir à manipuler de nombreuses pièces. Remarquons que certains pays de la zone euro ont abandonné les pièces de 1 et 2 centimes. Dans ce cas, tous les prix sont calculés à 5 centimes près.
L’autre contrainte concernant la plus petite pièce frappée vient de son coût de fabrication qui doit nécessairement être inférieur à sa valeur faciale.

À l’autre extrémité de la série des pièces émises par un pays, celle des multiples trouve sa fin lorsque les premiers billets de banque prennent le relais. Dans la zone Euro, cette pièce circulante dont la valeur est la plus élevée est, comme on le sait, la pièce de 2 €. Il est vrai qu’il existe des pièces d’une valeur supérieure, mais ce sont des pièces commémoratives dont la valeur d’échange dépasse souvent la valeur faciale.

Afin d’aborder successivement les différentes situations possibles, nous allons commencer par celle qui avait cours en France avant l’euro dans la période qui va de l’instauration du nouveau franc en 1960 jusqu’à l’arrivée de l’euro.
Même dans ce cas qui, pour ceux qui ont connu cette époque, peut paraître simple, nous allons voir que ce n’est pas exactement un tableau sans complication qui va apparaître.
Rappelons que, dans la période qui précédait, et cela depuis 1947, la plus petite pièce circulant en France était celle de 1 franc. Du fait d’une inflation impossible à juguler et d’une dévaluation régulière du franc, il était devenu inutile de frapper de pièces de 50 centimes.
En 1960, Antoine Pinay a proposé au gouvernement et, en particulier, à Charles de Gaulle, une double opération monétaire : une nouvelle dévaluation de 17,5 % fut effectuée et, conjointement, on enleva deux zéros à tous les prix pratiqués. En d’autres termes un produit qui valait anciennement 100 F en valait, après dévaluation, 117,5, mais avec le nouveau franc, cela faisait 1,175 NF (on a écrit les prix de cette façon pendant un certain temps). Il y avait de quoi s’y perdre un peu parce que tout augmentait, mais en apparence cela baissait. C’était d’ailleurs le but recherché. Les Français se sont souvenus du passage au nouveau franc mais ne parlent plus de cette importante dévaluation.
Et, à cette occasion, les centimes ont fait leur réapparition. La plus grosse valeur des pièces circulantes était celle de 5 francs. Ces pièces de 5 francs étaient en argent (alliage à 83,5 %) jusqu’en 1969 !

La série de pièces qui circulaient alors était la suivante :

Série Franc 1960

Série de 1960. La première ligne représente les revers et la seconde les avers.

Il est à remarquer que l’on passe de la valeur « 10 centimes » à la valeur « 50 centimes » par la valeur intermédiaire de « 20 centimes ». En revanche on saute directement de la valeur « 1 centime » à la valeur « 5 centimes » sans qu’il y ait une pièce de « 2 centimes » entre les deux (comme dans le cas de l’euro). Pourtant, cette pièce intermédiaire a bien été envisagée, puis abandonnée. Seules quelques frappes d’essai ont été réalisées (3500). De la même façon, la pièce de 2 francs n’existe pas, du moins pas encore.
Il se trouve que j’ai la chance de posséder un exemplaire des trois frappes d’essai des pièces de 1, 2 et 5 centimes datant de 1961. les voici :

1, 2 et 5 centimes 1961 Essai

Ces monnaies sont vues ici à la même échelle. On voit nettement la mention « ESSAI » sur le revers de chaque pièce. L’ensemble étant assez rare vaut au moins 700 €.

En 1965, la pièce de 50 centimes a été remplacée par une pièce de ½ franc avec la « semeuse » sur son avers. La série de pièces françaises circulantes est alors devenue celle-ci :

Série Franc 1965

Série Franc 1965

Puis, en 1966, la pièce de 5 centimes en acier a été remplacée par une pièce de type « Lagriffoul », du nom du graveur ayant dessiné et gravé les pièces en laiton de cette série :

Série Franc 1966

Série Franc 1966

Nous avons passé sous silence l’émission, à partir de 1964, de pièces de 10 francs en argent, qui s’est poursuivie jusqu’en 1973. Il s’agit de monnaies de type « bas de laine » et on ne s’en servait pas chez le charcutier pour acheter de la bonne Morteau. Cette émission de pièces non circulantes a été suivie en 1974 par celle de pièces de 50 francs (jusqu’en 1980), puis en 1982 par celle de pièces de 100 Francs et cela jusqu’en 2001.
Dès 1970, la pièce de 1 centime commence à se faire rare. Tirée en moyenne à 33,3 millions d’exemplaires par an (en tout presque 3 milliards de pièces) entre 1962 et 1970, elle n’est plus émise entre 1971 et 1979 qu’à 3,2 millions d’exemplaires par an (29 millions de pièces en tout) et ne disparaît pas totalement ensuite puisque 1,14 millions de telles pièces ont encore été frappées entre 1980 et 2001, ce qui fait 31600 pièces par an. Dans la pratique, on peut considérer que la pièce de 1 centime n’a plus été utilisée à partir de 1970.

En 1974 apparaît la pièce circulante de 10 francs. Au départ, c’est la pièce gravée par Georges Mathieu qui a été choisie pour tenir cette place. Elle vient s’ajouter à la série précédente, diminuée comme on l’a vu de la pièce de 1 centime :

Série Franc 1974

Série Franc 1974

C’est en 1977 que la pièce de deux francs fait son apparition. Elle va combler le vide se trouvant entre les 1 et 5 Francs et fluidifiera ainsi l’usage de la monnaie lors de l’acquisition de menus biens. On obtiendra ainsi la série complète suivante :

Série Franc 1977

Série Franc 1977

En 1982 sont apparues les pièces bimétalliques (voir le chapitre « Le métal ») et la France a frappé sa première en 1988 : une pièce de 10 francs surnommée « 10 francs Génie de la Bastille » puisque c’est cette statue qui est représentée sur son avers. On obtenait donc la série que voici :

Série Franc 1988

Série Franc 1988

Mais ce n’est pas la fin de l’histoire puisque avant de plonger dans l’euro, le franc a continué à glisser vers le bas et les autorités monétaires ont éprouvé le besoin de frapper en 1992 une pièce de 20 francs. Bimétallique également, elle présente la particularité d’être en trois parties. Elle complète ainsi la série qui n’a plus eu qu’à disparaître en 2002 pour laisser la place à l’euro :

Série Franc 1992

Série Franc 1992

Il serait intéressant de retracer l’histoire complète du franc (ce sera fait dans un chapitre dédié à cette monnaie), mais l’objectif de ce texte est d’explorer un certain nombre de situations, toutes différentes, qui ont vu le jour sur l’ensemble de la planète. Pourtant, avant de franchir nos frontières, prenons un point de comparaison en observant la série de pièces ayant cours en 1935. Au début de l’histoire du franc, des pièces de 1 centime et de 2 centimes existaient. Elles on été abandonnées en 1920. Si bien qu’en 1935, cette série commençait avec la pièce de 5 centimes et finissait avec la pièce de 10 francs :

Série Franc 1935

Série Franc 1935

Avant de comparer cette série avec celle de 1974, remarquons que c’est avec de telles pièces que l’on a fonctionné entre 1920 et 1940 (avec une petite différence dans les années 20 pour les valeurs allant de 50 centimes à 2 francs (nous verrons pourquoi dans un autre chapitre consacré aux monnaies de nécessité), et, de plus, les pièces de 5 et 10 francs n’existaient pas). La plus petite valeur faciale était celle de 5 centimes et c’est elle qu’on appelait « un sou » dans le parler populaire. On disait ainsi qu’on avait une pièce de 20 sous lorsqu’on manipulait une pièce de 1 franc et 5 francs valaient 100 sous. Cette façon de parler a été conservée jusqu’en 2001 par les personnes ayant vécu leur jeunesse dans les années 30.
Si l’on compare la série de 1935 avec celle de 1974, la seule différence réside dans le fait que la pièce intermédiaire entre celle de 10 centimes et celle de 50 centimes a une valeur faciale de 25 centimes et non de 20.
Ainsi, dans la série de 1974, on procède par doublement de la valeur « 10 centimes » tandis que dans la série de 1935, on divise par deux la valeur « 50 centimes » pour obtenir les 25 centimes. Si l’on regarde cette série de 1935 en partant de la valeur « 2 francs », il suffit donc de diviser par deux pour trouver la valeur faciale inférieure, et cela jusqu’à 25 centimes. Il y a deux hiatus dans cette façon de procéder : le passage de 25 centimes à 10 centimes et le passage de 5 francs à 2 francs.

L’idée de bipartition successive de la valeur la plus élevée pour parvenir à la valeur la plus faible d’une série monétaire est ainsi posée et a été plus ou moins mise en pratique par les différents pays émetteurs. Celui qui, semble-t-il, l’a pratiquée avec le plus de conviction est les Pays Bas bien que cela n’ait pas empêché la présence de hiatus du même type que dans les séries françaises. Voyons ce qu’il en est :

Série presque complète des monnaies des Pays Bas.

Série presque complète des monnaies des Pays Bas.

On remarque que les pièces de ½ cent et de 2 ½ cent sont anciennes (1938 et 1929). De même, il manque la pièce de 50 cents dont je ne possède aucun exemplaire. Cette dernière n’a plus été frappée depuis 1930.
Mais la logique semble être celle de la bipartition (ou de la multiplication par 2), mais en retombant de temps en temps sur la division décimale, d’où quelques hiatus : de 5 florins, on passe à 2 ½, puis on saute à 1 florin. Celui-ci est coupé en deux (50 cents), puis en deux (25 cents). On reprend alors avec la pièce de 10 cents, qui sera divisée en deux (5 cents), puis encore en deux (2 ½ cents). Arrive finalement la pièce de 1 cent, coupée une dernière fois en deux pour donner le demi-cent. En réalité, les choses ne se sont pas passées chronologiquement de cette façon, mais c’est la logique du système monétaire des Pays Bas qui se trouve ici exposée.

La même logique a été mise en œuvre par la République Dominicaine peu avant 1890. Mais elle a été poussée un peu plus loin puisque ce pays finissait sa série de 20, 10, 5 et 2 ½ centavos par une étonnante pièce de 1 centavo ¼ :

1,25 centavo 1888

Cette pièce est rare et en excellent état…

À cette logique de bipartition correspond aussi celle de la multiplication par deux. En effet, si l’on part de la plus petite pièce qui vaudrait un centième de l’unité monétaire (un centime ou un cent ou un pfennig ou encore un centavo…), on en vient à frapper des pièces de deux centièmes de cette unité puis, pourquoi pas, de quatre ! Deux exemples seront ici montrés : la pièce de 4 centesimos uruguayenne émise en 1869 et la pièce allemande de 4 pfennig émise en 1932.

Série centavos uruguay 1869

Série uruguayenne de 1869.

De même, il existe une pièce de 4 pfennig allemande :

4 pfennig 1932

4 pfennig. 1932 est l’année précédant l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler. L’aigle de l’avers semble pourtant fort…

Nous n’en avons pas terminé avec les étonnants systèmes monétaires mis en place ici ou là : c’est maintenant la série soviétique qui sera sommairement explorée. Le pouvoir communiste installé en 1917 a fort curieusement aboli l’argent pendant quelques années et a dû sans surprise le réintroduire en 1922. Les premières pièces furent frappées cette année-là. Nous allons juste observer une série complète, par exemple les pièces circulantes de la première moitié des années 1960, celles où l’URSS défiait le Monde dans différents domaines.

Série soviétique

Série soviétique

On a deux sujets d’étonnement : la pièce de 3 kopecks et celle de 15. Pourquoi pas une pièce de 75 kopecks et une de 37 ½ ? La gamme aurait été plus complète ! Loin de nous l’idée de rire du système soviétique. Il faut se souvenir qu’en 1902 une pièce de 37 ½ roubles a bel et bien été frappée !
Ces deux pièces procèdent de l’introduction du diviseur (ou du multiplicateur) « 3 » dans une série décimale. Celle-ci, par essence, contient les diviseurs « 2 » et « 5 », que l’on retrouve dans la plupart des séries de pièces déjà inventoriées. Ici, c’est le nombre « 3 » qui s’invite dans la logique calculatoire et monétaire du commerce. Nous reviendrons, dans un petit chapitre, sur cette question du nombre « 3 ».

Deux nouvelles situations peuvent se présenter : celle où l’unité monétaire est la plus haute valeur frappée par un pays émetteur et celle où c’est la plus basse. Commençons par cette dernière.
Au Japon, l’unité monétaire est le yen et son centième est le sen. Mais depuis 1948, plus aucune pièce de valeur faciale inférieure au yen n’a été émise. La plus petite pièce de monnaie japonaise est donc le yen depuis cette date. Actuellement, le yen vaut 0,008 €, c’est-à-dire moins de 1 centime d’euro. Donc, dans ces conditions, plus besoin de sen.
La série japonaise actuelle est la suivante :

LES SUBDIVISIONS ET MULTIPLES

Un certaine logique sans hiatus semble ici à l’œuvre : c’est une série de type 1, 5, 10, 50, 100 et 500. Le seul inconvénient d’un tel système est la nécessité d’avoir sur soi beaucoup de pièces de 1, 10 et 100 yen pour former des sommes du type 444 ¥ tout rond.

Fort heureusement pour le peuple japonais, le yen est une monnaie stable et la série des pièces en circulation est la même depuis 1948.

Il n’en est pas de même pour celle d’autres pays qui, l’inflation étant persistante, doivent progressivement abandonner leurs centimes, puis émettre des pièces de valeur faciale de plus en plus élevée. Cette relation entre inflation et monnaie sera abordée de façon plus complète dans un autre chapitre. Voyons seulement ici les conséquences de l’effondrement progressif d’une monnaie sur les multiples de l’unité de base qu’un pays doit émettre en prenant l’exemple de la livre turque, considérée entre 1923 et 2005, date à laquelle elle a été remplacée par la nouvelle livre turque (yeni türk lirasi) redevenue ensuite la livre turque (türk lirasi) et qui valait, en 2005, 1 million d’anciennes livres.
Nous envisagerons ici cette monnaie de façon incomplète, afin juste de voir comment les différentes valeurs faciales émises ont évolué au cours du temps.
Jusque vers le début des années 70, la monnaie turque se comportait de façon assez normale : la pièce la plus élevée valait 5 livres et sa subdivision la plus petite était de 1 kuruș, c’est-à-dire d’un centième de livre. Cela donnait une série ayant l’allure suivante :

Série turque 1970

Série turque du début des années 1970.

Les derniers kuruș furent frappés au début des années 1980, si bien qu’entre 1981 et 1989, la série turque est devenue ceci :

Série turque des années 1980. Nous sommes dans un schéma japonais où la pièce de plus petite valeur faciale est celle de l'unité de base. La seule différence (à part la valeur de 25 livres) est l'absence de la pièce de 500 livres. Cela ne va malheureusement pas durer.

Série turque des années 1980. Nous sommes dans un schéma japonais où la pièce de plus petite valeur faciale est celle de l’unité de base. La seule différence (à part la valeur de 25 livres) est l’absence de la pièce de 500 livres. Cela ne va malheureusement pas durer.

La période suivante va de 1988 à 1995. Comme on peut le voir ci-dessous, nous assistons à un glissement des valeurs faciales vers le haut, conjointement au fait que la livre turque s’effondre :

Série turque 88 - 96

Il n’y a plus de pièce de 1 livre ! La série commence à la valeur de 50 livres et va jusqu’à 5000 livres. On remarque sur l’avers de toutes ces pièces le profil de Muṣṭafâ Kemâl Paşa également connu sous le nom d’Atatürk. C’est le fondateur de la République turque laïque que le régime actuel a transformé en république islamique et qui tourne à la dictature islamique.

La chute de la livre turque se poursuivit inexorablement pendant la période suivante allant de 1995 à 1998. La plus petite valeur faciale de la série correspondant à ces quelques années était de 1000 livres. Elle est manquante dans l’image ci-dessous car je n’en possède aucun exemplaire.

Série turque 95 - 98

Sur l’avers des trois pièces dont la valeur faciale est la plus élevée, le mot « bin » signifie « mille » en turc.

Vient enfin la période allant de 1998 à 2004, date à laquelle cette escalade a été stoppée. À part les pièces de 5000 et de 10000 livres dont je ne possède pas d’exemplaire, celles qui avaient cours étaient les suivantes :

Série turque 98 2004

Impressionnant, non ?

Pendant cette période, diverses pièces commémoratives ont été émises avec des valeurs faciales encore plus élevées. En voici deux exemples :

500000 lira 2002

Un pièce de 500 000 livres !

750000 lira 2002

Et une de 750 000 livres !

En 2005, la nouvelle livre turque a vu le jour. Elle valait 1 000 000 de fois l’ancienne.

Restons au Moyen Orient pour explorer un exemple de système monétaire où l’unité de base n’est pas divisée en cent centièmes mais en mille millièmes. Ce sera l’Égypte. D’autres pays ont adopté un tel système comme par exemple la Tunisie, la Jordanie, ou Bahrain. Nous ne reprendrons pas toute l’histoire de la livre égyptienne et nous limiterons à la situation actuelle qui a commencé en 1970.
La plus petite pièce frappée par ce pays est donc celle de 1 millième de livre. Il n’y eut qu’une émission en 1972 tout comme ce fut le cas pour la pièce de 2 millièmes.

1 millième 1972

La date est écrite avec les chiffres utilisés en langue arabe dans le calendrier grégorien et dans le calendrier musulman.

L’inscription ci-dessus, visible sur le revers (et à lire de droite à gauche), signifie « millième ».

Des pièces de 5 millièmes ont été émises jusqu’en 1979. Ci-dessous, la pièce frappée en 1975 :

Cette pièce est dédiée à l’Année Internationale des Femmes (1975). Depuis cette date, une Journée Internationale des Femmes est célébrée chaque 8 mars. La tête de Néfertiti avec une colombe stylisée et assortie du symbole féminin est incrustée sur sa coiffe. Un épi de blé complète cet avers. Ça fait un peu « agriculture » comme dit François Béranger…

Des pièces de 10 millièmes ont été frappées jusqu’en 1980. Voyons celle qui est consacrée à la série des métiers d’Égypte :

Neuf métiers quelque peu mystérieux sont ainsi mis en exergue.

En 1984, la pièce de 10 millièmes fut remplacée par une pièce de 1 piastre. Cette vieille unité a toujours, en Égypte, valu un centième de livre : c’est le centime égyptien (elle est aussi utilisée dans d’autres pays).

L’avers nous montre les pyramides de Gizeh : Khéops, Khéphren et Mykérinos.

Le chiffre « 1 » est superposé au mot « piastre » et nous allons le visualiser sur une autre pièce :

À lire de droite à gauche.

La suite de la série égyptienne est assez classique. Voyons ainsi la progression vers la livre qui, de la même façon que la pièce de 50 piastres, n’a été frappée en tant que pièce circulante qu’à partir de 2005 :

On voit, de gauche à droite les pièces de 1, 2, 5, 10, 20 et 50 piastres et, enfin, la pièce de 1 livre.
On remarquera sur les avers de ces pièces, outre les pyramides déjà citées, la mosquée Mohamed Ali du Caire, le buste de Cléopâtre et celui de Toutânkhamon.

Il nous reste à aborder le système monétaire utilisé au Royaume-Uni avant 1971. En effet, à cette date, la livre sterling est devenue une monnaie à subdivision décimale, ce qu’elle n’était pas auparavant.
Partons de l’unité de base : la livre sterling. La pièce circulante la plus grosse était alors celle de 1 couronne (1 crown). Elle valait un quart de livre. Il existait bien des pièces en or de une et deux livres, mais c’étaient des pièces de type « bas de laine » qui n’étaient pas utilisées pour acheter son porridge. Voici un exemple de pièce de 1 couronne :

L’avers montre le profil du bien connu Georges VI. Quant au revers, il montre le blason britannique tenu bien droit par un lion, qui est anglais, et une licorne, qui est écossaise. L’ensemble est souligné par la devise « Dieu et mon droit », devise de la monarchie britannique depuis Henri V (1413 – 1422). Le blason est divisé en quatre quartiers. Deux sont identiques : ils montrent chacun trois léopards anglais. Le quart supérieur droit montre un lion écossais, tandis que le quart inférieur gauche contient une harpe irlandaise. Rien pour le Pays de Galles !

La couronne est elle-même divisée en cinq shillings, ce qui fait qu’il faut 20 shillings pour obtenir une livre. On note qu’à ce stade le système anglais est gentiment décimal : si l’on s’en tient à la livre, à la couronne et au shilling, cela n’a pas l’air trop compliqué. Mais, c’est sans compter avec les prouesses imaginatives de nos voisins insulaires.
En effet, la suite des valeurs faciales frappées par les Britanniques comporte des pièces de ½ couronne, de deux shillings et de 1 shilling. Voyons la pièce de ½ couronne :

Notons qu’une pièce d’une demi-couronne vaut deux shillings et demi et qu’il faut huit demi-couronnes pour obtenir une livre.

Passons à la pièce de 2 shillings. Jusqu’en 1936 (fin du règne de Georges V) cette pièce était appelée « florin ». Donc, jusqu’à cette date, il fallait se souvenir qu’avec deux florins et un shilling, on avait une couronne, et qu’une demi couronne équivalait à un florin plus un demi-shilling. Profitons de cette pièce pour apprécier la variété des revers imaginés par les graveurs anglais entre 1853 et 1967 (dates correspondant à mes possessions) :

Georges V régna de 1910 à 1936. Nous voyons, sur le revers sa « première effigie » légèrement usée : on ne distingue pas bien les détails de la moustache ni les cheveux. De plus le haut de l’oreille est un rien râpé. L’avers nous montre les trois léopards anglais représentés deux fois sur l’axe vertical. L’axe horizontal nous montre à gauche la harpe irlandaise et à droite le lion écossais.

C’est la deuxième effigie de Georges… guère différente de la première. Sur le revers, l’ensemble des blasons a tourné d’un quart de tour dans le sens trigonométrique et la lettre « G » est apparue au centre en remplacement du bizarre symbole qui se trouvait dans la version précédente.

C’est le sulfureux Édouard VIII qui régna sur l’empire britannique entre le 20 janvier 1936 et le 11 décembre de la même année, date de son abdication. Aucune monnaie à son effigie n’a été frappée. C’est son frère Albert qui le remplaça sous le nom d’emprunt de Georges VI. C’est le roi bègue. Voici une pièce de 2 shillings frappée sous son règne :

Le revers montre une « rose Tudor » au centre, emblème héraldique de l’Angleterre, avec à sa gauche le chardon écossais et à sa droite le trèfle irlandais. La lettre « G » signifie « Georges » et la lettre « R » signifie « Rex ».

À la mort de son père en février 1952, Elizabeth devint reine. Elle est encore au taquet à ce jour malgré son grand âge et son règne semble sans fin. Des pièces de 2 shillings furent frappés jusqu’en 1970. Elles avaient l’aspect suivant :

La « rose Tudor » est encore au centre du revers. Elle est entourée de cinq chardons écossais alternant avec quatre trèfles irlandais et, nouveauté, trois poireaux gallois, qui sont enfin présents dans la symbolique des pièces britanniques.

Vient ensuite la pièce de 1 shilling. Rappelons qu’il faut cinq shillings pour faire une couronne. Nous observerons juste les monnaies émises sous Georges VI et sous Elizabeth II. Chaque année deux pièces différentes de 1 shilling étaient émises, ayant un caractère anglais sur son revers et une ayant un caractère écossais :

Pièce de 1 shilling avec le cimier anglais (lion surmontant la couronne qui, dans les armoiries de ce pays est située au dessus du blason), sous le règne de Georges V.

Pièce de 1 shilling avec le cimier écossais, sous le règne de Georges V.

Pièce de 1 shilling avec le blason anglais et ses trois léopards, sous le règne d’Elizabeth II.

Pièce de 1 shilling avec le blason écossais et son lion, sous le règne d’Elizabeth II.

Ensuite, chaque shilling était divisé en 12 pence (pluriel de penny). Donc, si on compte bien, 60 pence suffisaient à former une couronne et 240 étaient nécessaires pour avoir une livre. Il existait ainsi des pièces de 1 penny, de 3 pence et de 6 pence. Nous regarderons les pence frappés sous Elizabeth II.

La pièce de 6 pence. Le revers nous montre la rose Tudor, le chardon écossais, le trèfle irlandais et le poireau gallois.

Trois pence. On voit cette fois-ci une herse Tudor sur le revers. Cette herse apparaît à divers endroits de la symbolique royale britannique.

Passons donc au penny servant à tout, dans sa version datée de 1967 :

C’est Britannia qui est assise, tenant de la main gauche un trident et gardant près d’elle un bouclier orné du drapeau de la Grande Bretagne.

Mais ce n’est pas tout. Car après la logique décimale qui nous fait passer du shilling à la couronne, après la logique dodécimale qui nous fait passer du penny au shilling, arrive une logique de bipartition.
En effet, chaque penny est divisé en deux « demi-penny ».

Le revers nous montre le « Golden Hind », galion de Sir Francis Drake, corsaire, explorateur, esclavagiste et homme politique anglais (1540 – 1596). Il a participé au pillage des richesses incas rapportées au Panama par les Espagnols, il s’est livré au trafic d’êtres humains entre l’Afrique et les Caraïbes, il a effectué le second tour du Monde à la voile après Magellan et est ainsi devenu un notable anglais, anobli.

Mais ce n’est toujours pas tout. Car en effet, chaque demi-penny est lui même divisé en deux moitiés appelées « farthing » ! Si l’on compte bien, il faut donc 960 farthings pour former une livre. Ceci a duré jusqu’en 1956.

Le revers nous montre un troglodyte mignon.

À noter qu’au moment où j’écris, le plus vieux farthing que je possède date de 1826, c’est dire qu’il a été frappé sous le règne de Georges IV, roi qui a été régent de son pays depuis 1811, son père Georges III étant HS, et qui régna de 1820 à 1830.

Ça ne date pas d’hier !

À noter que pendant le long règne de la reine Victoria, qui dura de 1837 à 1901, des demi-farthings, des tiers de farthings et des quarts de farthings ont été émis à l’usage des colonies britanniques. Au total, il y avait de quoi se perdre, ce que ne manquaient pas de faire les quelques Européens qui se risquaient à traverser l’English Channel (ou Mor Breizh en breton). Voyons donc pour exemple une pièce de 1/3 de farthing destinée aux colonies anglaises :

On voit sur l’avers de cette pièce la deuxième effigie de la reine Victoria souvent désignée sous le nom de « bun head », c’est-à-dire « tête au chignon ». La valeur faciale est indiquée sur le revers en toutes lettres sous la couronne royale et est encadrée de branches de chêne, arbre bien connu dans les colonies anglaises. Cette pièce est toute petite : son diamètre est de 15,5 mm. On peut s’en rendre compte sur l’image ci-dessous :

Cette pièce ayant été émise pour les colonies britanniques, il semble que les denrées les moins chères que l’on pouvait y acquérir valaient moins que celles qui se vendaient au Royaume-Uni (rappelons que la plus petite monnaie britannique avait pour valeur faciale « un farthing »).

Un cas particulier est celui de la livre de Jersey. On sait que les îles de Jersey et de Guernesey sont des baillages du Duché de Normandie soumis à l’autorité de la couronne d’Angleterre. Cependant, jusqu’en 1834, c’est la livre tournois française qui circulait à Jersey. Comme aucune nouvelle pièce de cette monnaie n’a été frappée depuis la Révolution Française qui a instauré le franc à la place de la devise royale, les pièces de monnaie se faisaient rares à Jersey et étaient de plus en plus usées. En 1834 une loi fut votée dans cette île afin d’adopter la livre sterling britannique comme monnaie. Le taux de passage d’une monnaie à l’autre était de 26 livres tournois pour 1 livre sterling. C’est là qu’il va falloir suivre ! En effet, chaque livre tournois était divisée en 20 sous. Ce qui fait que la livre sterling était équivalente à 520 sous. Parallèlement, rappelons-nous que cette même livre sterling était divisées en 4 couronnes de 5 shillings, c’est-à-dire en 20 shillings. Total, un sou équivalait à 1/26 de shilling. C’est la raison pour laquelle des pièces d’une telle valeur furent frappées à Jersey en remplacement des pièces de 1 sou entre 1841 et 1871. Voyons l’une d’entre elles :

On reconnaît la première effigie de la reine Victoria. Cette pièce de 1/26 de shilling est donc équivalente à 1 sou.

La monnaie correspondant à la moitié de cette valeur a également été émise entre 1841 et 1861 : c’est la pièce de 1/52 de shilling.

Cette pièce était donc équivalente à son émission à un demi-sou français. L’effigie de la reine Victoria est la première et est souvent dénommée « jeune tête ». Elle est reconnaissable à la présence de rubans dans sa coiffure.

La pièce de 1/13 de shilling a aussi été frappée entre 1841 et 1871. Voyons-en un exemplaire :

Cette pièce, datant de 1870, nous montre qu’à partir d’une certaine date, 1866 pour être précis, la valeur faciale de ces monnaies valant une fraction de shilling est indiquée en toutes lettres et non sous forme mathématique. La logique induite par le taux de change entre la livre tournois et la livre sterling choisi en 1841 est tridécimale, ce qui ne manquait pas d’être malcommode à l’usage en boutique : il fallait savoir compter jusqu’à treize. L’effigie de la reine Victoria est une version particulière qu’on ne trouve pas par exemple dans la série des pièces britanniques de 1 penny. C’est l’effigie au diadème.

Mais, entre 1871 et 1877, la décision a été prise de basculer plus complètement dans le système monétaire britannique. Rappelons que dans ce système chaque shilling est divisé en douze pence, chaque penny est sous divisé en deux demi-pence et chaque demi penny est divisé en deux farthings. Cette structure sera copiée à Jersey tout en conservant l’utilisation de fractions. On a donc l’équivalent d’un penny sous la forme d’un douzième de shilling :

On a encore ici l’effigie au diadème de la reine Victoria. Les trois lions anglais s’étalent sur le blason du revers. Rappelons que deux de ces lions sont normands et que le troisième vient d’Aquitaine.

Des sous-multiples et un multiple de cette pièce ont bien entendu été émis. Commençons par les sous-multiples : le demi-penny valait donc nécessairement 1/24 de shilling. Une telle pièce a ainsi circulé entre 1877 et 1947. Voyons, pour changer de siècle celle qui date de 1937 :

1/24 shilling 1947 Jersey

1/24 shilling 1947 Jersey
C’est l’équivalent du « half penny » britannique. Les habitants de Jersey avaient le même problème calculatoire à résoudre en achetant une demi-baguette à la boulangerie du coin que leurs homologues anglais, mais il n’était pas posé dans les mêmes termes. En effet, à Londres, le penny pouvait être une sorte de référence en termes de menue monnaie. Ses subdivisions étaient d’un abord relativement évident. En revanche, l’usage de fractions de shilling mettaient toutes ces monnaies sur un pied d’égalité et les départager relevait ouvertement du calcul mental.

L’équivalent du farthing (¼ de penny) était bien entendu la pièce de 1/48 de shilling. Une telle pièce a été émise en 1877 mais je n’en possède aucune.
Reste la pièce de ¼ de shilling équivalente à celle de 3 pence circulant sur les bords de la Tamise :

Cette pièce datant de 1966 ressemble par sa forme à sa sœur britannique. Mais contrairement à la pièce de « three pence » de la même année, c’est avec une tête couronnée (et non simplement coiffée d’une couronne de lauriers) que la reine Élizabeth se montre à nous.

Ce chapitre n’est bien entendu pas exhaustif, mais il a pu nous montrer, je l’espère, une large palette des différentes solutions trouvées par les organismes chargés dans chaque pays de l’émission monétaire afin d’offrir à l’usager une gamme de pièces adaptée aux besoins du quotidien. Un mélange de tradition et de bon sens mathématique s’y trouve mêlé et nul doute que pour chaque système proposé, la force de l’habitude a permis à chacun de s’y retrouver, de savoir quoi donner au commerçant qui attend son dû et de savoir ensuite recompter sa monnaie afin de ne pas se faire gruger par ce filou.

François Saint-Jalm

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