Les timbres-poste et la timbromanie
Les timbres-poste et la timbromanie par Paul Eudel, paru dans le Supplément littéraire du dimanche, du journal LE FIGARO, du 6 octobre 1883, 9è année – Numéro 40.
Le goût des objets d’art s’est beaucoup développé depuis quelques années. C’est maintenant l’un des côtés les plus pittoresques et les plus piquants de la vie parisienne.
Aussi nous avons songé à réserver au bibelot une place plus large dans nos colonnes, et nous nous sommes adressés à M. Paul Eudel, qui fait aujourd’hui à Paris autorité dans cette matière. Il n’est pas seulement un collectionneur distingué, mais aussi un homme du monde, indépendant de situation et un écrivain érudit bien connu par ses nombreuses publications artistiques.
M. Paul Eudel nous a promis sa collaboration assidue, et nous sommes heureux de pouvoir annoncer à nos lecteurs cette bonne fortune.
Après l’étude qui parait aujourd’hui sur les timbres-poste, nous publierons quelques articles sur les contrefaçons et sur les mystifications dont les collectionneurs qui débutent et même ceux depuis longtemps dans la carrière, sont les victimes de la part des truqueurs. Ce sera la primeur d’un livre sur ce sujet que prépare notre nouveau collaborateur. En outre, M. Paul Eudel a bien voulu se charger de nous faire tous les quinze jours, dans le Figaro quotidien, un compte-rendu anecdotique des grandes ventes, lorsque l’Hôtel Drouot aura repris, au commencement de novembre, son mouvement accoutumé.
La timbromanie (La philatélie)
Ne riez pas ! La timbromanie n’est pas seulement l’apanage du jeune collégien qui cache dans son pupitre son album de collectionneur, ses pinceaux et son papier gomme, à côté d’une douzaine de vers à soie ou de bouquins défendus. Née, il y a une trentaine d’années, pour servir d’amusement aux enfants et leur apprendre entre temps un tantinet de géographie, elle a bientôt passionné de très graves personnages, sans compter les jolies femmes à qui elle a littéralement tourné la tête.
Car moins heureuse que bien des peuples, la poste, mère de la timbromanie, a son histoire, elle aussi ; une histoire qui commence tout bonnement au déluge, avec la colombe de l’arche, et finit à la maison Cochery et C°, en passant par les courriers turcs du XVè siècle, auxquels on enlevait la rate pour les rendre plus agiles, citons encore les maîtres de poste créés par Louis XI, les boîtes à lettres parisiennes dont parlait le gazetier rimeur Loret à Mlle de Longueville (1623) et les billets portant « port payé » dont on entourait les lettres sous Louis XIV, billets dont M. Feuillet de Conches est peut-être le seul à posséder en échantillon. J’oublie à dessein le postillon de Lonjumeau et les pigeons du siège.
Toute une histoire, comme vous voyez. Mais comme elle serait trop longue à-vous conter, vous me permettrez de n’en prendre que la partie qui touche aux timbres-poste et de m’en tenir à l’actualité.
De l’Invention du Timbre-Poste
Savez-vous à qui revient l’honneur de l’invention des timbres-poste ? Ne cherchez pas c’est à l’Angleterre, s’il faut en croire la gracieuse légende que voici. En 1837, dans un district du nord de l’Angleterre, un voyageur s’était arrêté dans une auberge d’assez triste apparence. Il se reposait tranquillement quand un facteur apporta une lettre pour l’hôtesse, qui n’était autre qu’une jeune fille blonde et charmante. Celle-ci prit la lettre, regarda l’enveloppe un instant et demanda le prix du port. Deux schillings, dit le facteur. Ah ! fit la jeune fille, c’est trop cher, je ne puis donner pareille somme. Soit, répondit le facteur, je remporte la lettre.
Emu par cette scène, le voyageur offrit de payer les deux schillings. La jeune fille ne voulait pas, et le facteur était déjà parti quand il le rappela pour acquitter le port. Puis, très intrigué, il questionna l’hôtesse sur les motifs de sa résistance, et lui arracha cet aveu. Cette lettre venait de son frère, mais, trop pauvre pour payer la taxe, le frère et la sœur correspondaient au moyen de signes convenus tracés sur l’enveloppe.
Le voyageur, qui était sir Rowland Hill, membre de la Chambre des Communes, quitta l’auberge tout préoccupé de son aventure. Quelques jours après, la Chambre des Communes acceptait l’affranchissement de 1 penny (2 sous) par lettre, et sir Rowland Hill était officiellement chargé de diriger l’émission des premiers timbres-poste.
Bientôt tous les pays du monde suivirent l’exemple de l’Angleterre. En 1849, parurent en France les premiers timbres, à l’effigie de la République. La Turquie, comme toujours, fut la dernière en Europe à se soumettre à cette innovation. La première émission ne date que de 1863.
On dit que les chiffres ont leur éloquence, je livre ceux-ci à vos méditations. La Monnaie de Paris, où sont imprimés les timbres-poste français, émet une fois par an, à époque fixe, 12,000,000 de feuilles de 150 timbres, soit en chiffre ronds 1800 millions de timbres de différents prix. Et encore faut-il faire la part de la fraude, car il paraît qu’il y a des faux monnayeurs de timbres.
Du Lavage des Timbres-Poste
Récemment, l’Administration des Postes, ayant dressé la statistique des lettres qu’elle transporte, constata avec stupéfaction que leur nombre était de beaucoup supérieur à celui des timbres-poste. D’où pouvait venir cette différence ? M. Cochery s’émut. Il avait entendu parler de certaines communautés religieuses qui collectionnaient les timbres à outrance dans un but soi-disant charitable, tel que l’achat d’un lit dans un hôpital pour un vieillard indigent ou le rachat d’un petit Chinois destiné à périr dans le fleuve Jaune. Il fit ouvrir une enquête, mais de ce côté-là on ne découvrit rien que de très régulier. Tout au plus les communautés avaient-elles eu tort de propager cette fable qu’il suffisait d’un million de vieux timbres pour racheter un petit Chinois.
En même temps, la police opérait une descente, suivie d’une saisie, chez deux marchands de timbres-poste, d’origine italienne, établis à Paris, mais là encore on ne découvrit aucune fraude. Enfin, à force de chercher, on apprit un jour qu’il existait, à Genève, une usine où se faisait le lavage des timbres. Or, voici ce qu’était cette usine. Un certain Saint-Aubin, habitant Genève, annonçait dans les journaux français des remèdes spéciaux ; il vendait à diverses maisons de commerce, en rapport avec la France, les timbres qu’il recevait en paiement de ses produits, y ajoutant ceux qui affranchissaient ses lettres et qu’il avait préalablement nettoyés. Et voilà tout Il n’y avait vraiment pas de quoi crier si fort.
M. Arthur Maury, le marchand de timbres-poste pour collections, auquel nous empruntons cette anecdote, s’exprime ainsi dans un petit placard, intitulé, La Vérité sur le Lavage des Timbres : « C’était la première fois que nous faisions pareille découverte, d’ailleurs nous n’avons jamais prétendu que de faux monnayeurs de ce genre n’existaient point, n’en sachant rien, nous avons seulement dit que cela nous semblait tout à fait impossible, vu le temps que demandait le travail multiple du choix des timbres, du lavage, du gommage un par un, et surtout vu la difficulté de placer ce produit frauduleux, car il faudrait de grandes maisons de commerce ou de banque comme complices. Combien M. Naquet (M. Naquet fait partie de la commission chargée par le ministre des postes et télégraphes de trouver un type de timbre défiant la contrefaçon et le lavage), pourrait-il laver et regommer de timbres dans un jour ? Mettons cent. A 15 centimes, cela fait 15 francs. Supposons qu’on veuille les placer en détail, il faudrait bien perdre une journée, en faisant une remise aux complices. Voilà un triste métier qui ne rapporterait pas cent sous par jour. »
Et M. Maury conclut de la sorte « Mais puisque des expériences de laboratoire qui réussissent à peu près une fois sur vingt, et encore si on opère avec des timbres nouvellement oblitérés prouvent qu’on peut les remettre à neuf, il faut sans délai prendre des précautions, car le timbre-poste, agent merveilleux de contrôle et de comptabilité, ne doit pas pouvoir être soupçonné. La seule chose pratique est que l’impression soit délébile. » Le vœu de M. Maury doit être exaucé.
Les Marchands
A côté du commerce des timbres à l’usage des malins et des ambitieux qui veulent se substituer à la maison Cochery et C°, il y a le commerce honnête, mais quelque peu étrange, des fournisseurs de collections.
C’est vers 1860 que se fondèrent les premières maisons de commerce de timbres, et le premier marchand à Paris fut un nommé Laplante, qui y fit une petite fortune. Il habitait rue Christine, n° 2. C’était, à l’époque, une puissance en son genre.
Aujourd’hui, on trouve à Paris plus de 150 marchands de timbres, sans compter les spécialistes, comme Arthur Maury, van den Heuvel, Charles Roussin, Baillière et surtout comme J.-B. Moens à Bruxelles.
Tous ces notables commerçants figurent au Bottin. Parmi eux, il y a même un malin qui a peut-être troqué son nom véritable contre un autre dans le genre d’Aabert ou d’Aacart, pour être, à l’aide de deux A consécutifs, placé le premier de par la loi de l’alphabet. Où l’amour propre va-t-il se nicher !
Tel marchand que je pourrais nommer vend jusqu’à deux millions de timbres et trente mille albums par an. La maison de commerce est assise sur les bases d’une véritable administration. Entrez-y, vous serez ébahi du nombre des employés, de l’ordre qui y règne. Dans les grandes banques, on range méthodiquement les titres et les coupons. Là aussi le classement des timbres-poste se fait d’une manière on ne peut plus minutieuse, et ce ne sont pas les casiers et les petits compartiments qui manquent. Bien plus, la maison ne dédaigne pas la puissance de la presse ; elle possède un journal, un organe officiel de ses idées. Des chroniqueurs spéciaux annoncent au public tout ce qui se passe dans le monde où l’on s’occupe de timbres. Livres, journaux, revues, les timbromanes (les philatélistes) ont tout cela.
Approvisionnements
Et ne me demandez pas comment les marchands se procurent les quantités de timbres qu’ils débitent. C’est un réseau aussi difficile à débrouiller que l’intrigue d’un roman de Gaboriau.
Pourtant les principaux fournisseurs sont les bureaux de tabac, les courtiers marrons, les agents américains et une foule de petits industriels. Des échanges s’opèrent à travers des milliers de lieues. Rien n’arrête les timbrophiles, ni la distance, ni le coût des communications. La vente se fait, en gros et en détail, par la poste, par le télégraphe, par le téléphone. Les grandes maisons expédient de tous côtés aux petits débitants des paquets cachetés portant leurs marques, leurs armoiries, et contenant des douzaines de timbres, les uns communs, les autres rares. Et tous ces paquets sont achetés depuis dix centimes jusqu’à des prix fabuleux.
Il arrive souvent à un marchand de timbres de recevoir par courrier une commande de 500 francs, et chaque jour des Allemands, des Anglais, des Américains, flanqués de lourds albums, viennent s’approvisionner de nouvelles marchandises, car lorsqu’il n’y en a plus, il y en a encore, et les négociants qui sont à court de timbres n’ont qu’à s’adresser directement à l’administration des Postes de chaque nation. Elle leur donne au prix coûtant des timbres neufs de toute nationalité.
Catalogues et bibliographies
Mais on ne s’improvise pas plus facilement collectionneur de timbres qu’on ne se met dans la peau d’un notaire ou dans celle d’un pêcheur à la ligne. Il faut faire une école et passer d’abord par l’inévitable série de déboires que procure l’inexpérience.
Pour les débutants, il existe des manuels, des catalogues descriptifs où peuvent se puiser les premières notions de la timbrophilie. C’est d’abord le Moniteur du collectionneur de timbres-poste, qui paraît à Manchester ; la Revue orientale et américaine, qui se publie à Paris et donne les prix courants des timbres-poste ; le Magasin pittoresque le Cours du commerce ; le Timbrophile ; l ‘International ; l’Heure de loisir ; que sais-je ? Quelques-uns de ces organes ont peut-être disparu, mais il s’en fonde d’autres tous les mois. Les collectionneurs n’ont que l’embarras du choix en fait de journaux. Ne pas oublier de consulter le journal fait par le Grand Jacques en 1865. En dehors de ces publications, des albums ont été créés pour guider le collectionneur sur la façon de disposer sa collection.
M. Arthur Maury a publié un album-catalogue qui passe pour le modèle du genre et constitue un véritable travail de bénédictin. Les timbres-poste, les enveloppes, les timbres-télégraphe, préalablement recherchés, y sont classés par ordre d’émission, avec les valeurs et les couleurs, et chaque timbre est décrit dans la case même qu’il doit occuper. Ce catalogue renseigne aussi les amateurs sur les prix courants des timbres, depuis les ordinaires qui valent un sou, jusqu’aux rarissimes qui valent deux ou trois cents francs. Et ne croyez pas qu’une collection de timbres assez complète soit à la portée de toutes les bourses. Je n’exagère pas en disant qu’une pareille collection revient au bas mot de 50 à 100,000 francs.
Les Collectionneurs
Aussi les grandes collections particulières sont-elles rares. Je vais sans doute y bien vous surprendre en vous disant que la plus importante appartient au fils de la duchesse de Galliera. Il y a quelques années, le collectionneur émérite acheta successivement le fonds de M. P. Mahé, le marchand de timbres-poste bien connu, et de M. W ; puis il s’attacha ces deux messieurs, le premier comme conservateur en chef, le second comme conservateur adjoint. La grande Catherine, on s’en souvient, voulant sauver de la misère son ami Diderot, ne trouva rien de plus délicat que d’acheter sa bibliothèque qu’il allait mettre en vente et de le nommer conservateur à vie avec un traitement digne de lui et digne d’elle. Depuis, la collection s’est accrue dans des proportions considérables, et son propriétaire achète encore tous les jours. Il a déjà dépensé, dit-on, près d’un million et demi rien qu’en timbres-poste, et tel est le travail que nécessite une semblable entreprise qu’il y a une manutention spéciale rue du Coq. C’est là que se font les achats, les échanges, le triage et le classement des timbres. La bibliothèque, qui ne contient pas moins de deux à trois cents volumes, se trouve à l’hôtel Galliera, rue de Varennes. Ne cherchez jamais à la voir, vous auriez beau montrer patte blanche, on ne vous laisserait pas entrer. M. de Galliera s’est promis de ne l’ouvrir au public que lorsqu’elle serait complète, et M. Mahé prétend que le classement des timbres demandera encore neuf ans de travail. Ceux qui sont pressés ont donc le temps d’attendre.
Tout autre est M. Arthur de Rothschild, dont la collection de timbres-poste est évaluée à deux cent mille francs environ. M. de Rothschild n’est point jaloux de ses richesses, il les étale au contraire avec une certaine complaisance, et ses amis et tous ceux qui sont quelque peu timbrophiles peuvent être admis à feuilleter les cent et quelques volumes merveilleusement reliés dont se compose sa collection particulière.
M. de Rothschild, qui a publié un livre sur les postes, a recherché les variétés de nuances, de filigranes, de dentelures, de dimensions. Il a souvent douze spécimens pour un seul et même timbre. Aussi sa collection est-elle citée avec respect dans le monde timbromane à côté de celle de M. Philbrick, le Lachaud du barreau anglais.
Du reste, M. de Rotschild n’est pas un collectionneur ordinaire. Il a au plus haut degré l’amour de l’art et, il y a quelques années, il a fondé, avec le concours de MM. Donatio, L. Monnerot, Ph. de Bosredon, E. Grand, Ph. de Ferrari, H. Durieu, Yorick Carreton, Schmit de Wilde, baron Aymar de Saint-Cand, Ch. Nicot, Ch. Martel, S. Kopronski, H. Skepper et W. Cossmann, une Société timbrologique qui a pour objet l’étude des timbres considérés, soit en eux-mêmes, soit dans leurs rapports avec la chronologie, l’histoire et la géographie, avec l’administration et les finances, avec la linguistique et les beaux-arts. Cette société française de timbrologie a son siège rue de Grammont et est présidée par M. Arthur de Rothschild lui-même. Elle se compose : 1° de membres titulaires ; 2° de membres correspondants ; 3° de membres libres. Les dames peuvent faire partie de, la société. La cotisation annuelle des membres titulaires est de 20 francs, celle des membres correspondants de 10 francs. Les membres libres sont ceux qui, en raison de services rendus à la timbrophilie, sont, sur la proposition du conseil, appelés à faire partie de la société sans être soumis à ses obligations. La société se réunit, en séance ordinaire, le premier jeudi de chaque mois, à huit heures du soir, et, en cas de fête, le jeudi suivant.
Toute discussion étrangère à l’objet des travaux de la société, et, notamment, toute controverse religieuse ou politique est rigoureusement interdite. Sont également prohibées toutes les opérations ayant pour objet le commerce ou l’échange des timbres pendant les séances ou par l’entremise de la société. La société a un bulletin qui paraît tous les ans, et elle a commencé un catalogue général de la collection des timbres-poste. Seulement, j’ai bien peur que ce catalogue n’ait le sort du dictionnaire de l’Académie et qu’il ne soit jamais terminé.
Revenons maintenant à nos collectionneurs. A côté des collections superbes dont nous avons déjà parlé, il y en a quelques-unes qui, sans avoir la même importance, méritent cependant, d’être signalées.
De ce nombre est celle du docteur Legrand, de Neuilly. M. Legrand est un timbrophile convaincu ; il a publié dernièrement un ouvrage sur les timbres du Japon ; mais sa collection est sous clef et nul ne peut voir les 100,000 timbres dont elle se compose.
Vient ensuite la collection de M. de Bosredon, ancien conseiller d’Etat sous l’Empire. M. de Bosredon a publié différents ouvrages et notamment une bibliographie assez complète.
On me dit aussi que Pierre Zaccone possède une belle collection de timbres. Du reste, les timbromanes ne se comptent plus à Paris, et ils se rencontrent un peu partout. Rien que dans le monde du théâtre, admirez les collectionneurs de marque et de qualité Léonide Leblanc, Eiram, qui vient d’être engagée à l’Odéon ; Alexandre, de la Gaîté ; Montaubry, de l’Opéra-Comique. Par exemple, ne cherchez pas de timbrophiles parmi les peintres. On n’en connaît pas un seul.
Ruses et Trucs
C’est pourtant l’Angleterre qui a mis la timbromanie à la mode. Mais les insulaires d’Outre-Manche sont plus pratiques que nous autres Français. Ils ont des trucs pour se procurer des timbres à meilleur compte. Témoin ce brave banquier de Londres qui, ayant promis à son neveu une collection de timbres-poste, ne trouva rien de mieux pour tenir sa parole, en déboursant le moins d’argent possible, que de faire inscrire dans le Times l’annonce suivante :
MARIAGE. Une jeune personne, âgée de vingt ans, brune, jolie, ayant huit cent mille francs de dot et deux millions à revenir, épouserait un honnête homme, même sans fortune. Les lettres seront reçues jusqu’à la fin du mois à l’adresse H. C. Million, au bureau du journal.
Grâce à cet ingénieux stratagème, notre homme put réunir, en moins d’un mois, plus de vingt-cinq mille timbres et offrir à bon compte à son neveu l’une des plus riches collections du monde. Mais comme, ici-bas, tout est imité, ce procédé économique a été employé par des spéculateurs que les tribunaux sévères mais justes, comme M. Pet-deLoup, ont traités d’escrocs, et condamnés comme tels.
Avec les timbres, des amateurs habiles et intelligents ont fait des spéculations avantageuses, tout en suivant les lois de la probité commerciale. Ainsi, l’un des marchands les plus connus ayant acheté, avant que l’unité italienne fût consommée, tous les timbres des petits Etats, tels que les Etats de l’Eglise, Modène, Lucques, Toscane, Naples, a gagné là-dessus toute une fortune. Et cela se comprend ces timbres, étant devenus introuvables, ont atteint des prix énormes sur le marché.
La Bourse des Timbres
Chose assez curieuse, les ventes de timbres-poste qui ont eu lieu à l’hôtel Drouot n’ont pas réussi. On a dû se contenter d’une bourse officielle des timbres. Cette Bourse d’un nouveau genre se tenait d’abord aux Tuileries, ensuite au Luxembourg, puis, un beau jour, elle disparut pour reparaître ailleurs quelque temps après.
Un dimanche, vers cinq heures, je remontais en flânant les Champs-Elysées, m’arrêtant parfois devant les guignols, chers à Charles Nodier, lorsqu’au coin de l’avenue Gabriel et de l’avenue Marigny, en face de l’Elysée et de l’hôtel Laffite, je tombai tout à coup au beau milieu d’une foule compacte. Et c’étaient des cris, des bousculades, un brouhaha ! J’aurais pu me croire dans le temple de Mercure, à l’heure où les agents de change et les coulissiers luttent autour de la corbeille, non, j’étais en plein dans la Bourse des timbres-poste. C’est là que les débutants viennent acquérir, à leurs dépens, la science nécessaire. On y voit des boursicotiers de tout âge et de toute grandeur, des petits, des gros, des moyens, des élégants, et des bohèmes. Toutes les conditions sociales, toutes les professions, toutes les nationalités y sont représentées. Rien de plus curieux que ce spectacle. De ci de là, des vendeurs passent dans la foule en criant leurs marchandises. Ils portent en bandoulière des gibecières où les timbres sont entassés comme la monnaie dans les sacoches des encaisseurs.
Et l’on feuillette les albums, on lit les journaux timbrophiles, on discute, on marchande, on vocifère. De temps en temps, au milieu du tumulte, on entend de ces offres :
J’ai du 60 Kopeck bleu.
Qui veut de l’Uruguay 1872 ?
Je prends du Ceylan 1873 à 30 centimes.
Je vends du Turc 1862. Il est en papier pelure.
Il y a marchand du Pérou 1866 à 40 centimes.
J’achète du Président 1849 !
J’ai de l’Empereur lauré et de l’Empereur non lauré.
Quel est le cours des Colombie ?
Qui veut des Cap de Bonne-Espérance ?
Un marchand élève un paquet au-dessus des têtes.
Il y a en a 1,500 pour 25 centimes, clame-t-il. Envoyez ! répond quelqu’un.
Quelques instants après, c’est au tour de l’acheteur à détailler sa marchandise.
Pas cher ! 25 timbres Empire français pour un sou !
C’est pour rien, en effet.
Des paquets de timbres ordinaires se vendent sans être ouverts et parfois l’acheteur crie en décachetant l’enveloppe : voleur canaille ! vieux filou ! C’est très amusant. Je suis persuadé que, la veille du marché, plus d’un a la fièvre et se demande avec angoisse si les Guatemala monteront ou si les Shangaï descendront, ou même si quelque Krach formidable n’enverra pas dans le septième dessous les Nouvelle-Ecosse 1857.
Description des Timbres rares
Quelques-uns de ces bouts de papier de un à deux centimètres carrés sont cotés à des prix fabuleux.
Le plus rare des timbres français, celui d’un franc, couleur orangé, émission 1849, vaut 200 francs neuf et 60 francs s’il est oblitéré. Avis à ceux qui en possèdent. Le Hawaï de la première émission, avec des chiffres au lieu de dessin, s’échange couramment contre un billet de mille francs, s’il est en bon état de conservation. Les deux timbres de la Réunion de 1852, l’un de 15, l’autre de 30 centimes, tirés sur papier à lettre azuré, à l’aide d’un cliché typographique, valent plus de mille francs les deux. Mais le phénix, rara avis, c’est celui de l’Ile Maurice 1850. Qu’il soit rouge ou bleu, oblitéré ou non ; pourvu qu’il porte Post office comme légende, il se vend 1,500 francs, ni plus ni moins. Tâchez de le rencontrer, amis lecteurs, mais n’y comptez guère, car tous les chanceliers, tous les consuls ont été sollicités de tous les coins de l’horizon par des lettres suppliantes, pour retrouver la précieuse et minuscule pièce en question.
Entre ces glorieux timbres, si haut cotés, et le menu fretin qui se donne à deux pour un sou, il y a place pour la bonne moyenne des timbres petits bourgeois qui valent de un à cinq francs, et pour des spécimens moins rares que les Ile Maurice 1850 ou les Réunion 1852. Ainsi le timbre du Mexique. Guadalaxara blanc 1/2 réal 1867 se vend oblitéré 250 francs.
Celui de la Guyane anglaise, rond, noir ou jaune 1850 – 275 francs oblitéré. Le timbre télégraphique de Bavière 1870 est estimé 120 francs, neuf. Celui d’Espagne rouge, 2 réaux, 1851, vaut 250 francs s’il est neuf et 100 francs s’il est oblitéré. A propos de ce dernier timbre, il me revient en mémoire un fait de guerre assez curieux. C’était en 1873, don Carlos tenait la campagne avec ses bandes victorieuses, mais il avait besoin d’argent. Il eut l’idée de créer pour la Biscaye, la Navarre et la Catalogne, qu’il traitait en pays conquis, une série de timbres-poste à son effigie sur lesquels étaient écrits ces mots : Imposto de guerra, et pour lever cet impôt de guerre, il défendit, sous peine de mort, aux habitants de ces trois provinces, de se servir de timbres autres que ceux-là. Malheureusement, Alphonse XII, ayant eu connaissance de la chose, décréta les mêmes mesures que son cousin si bien que, menacés des deux côtés à la fois, les Biscayens, les Navarrais et les Catalans prirent le sage parti de ne plus écrire. Il n’y a qu’en Espagne où ces choses-là arrivent.
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Maintenant, si l’on considère les timbres non plus en amateur ou en spéculateur, mais en flâneur, et en dilettante, on en trouve de fort jolis et parfois de fort étranges.
Il y en a de toutes les formes : de rectangulaires et c’est la généralité de triangulaires, comme ceux du Cap de Bonne-Espérance ; d’ovales, comme ceux du Brésil. Et si la plupart sont grossièrement exécutés, il en est quelques-uns qui sont gravés avec art et que l’on peut considérer comme des œuvres charmantes.
Il le savait bien le mystificateur non moins anglais que rusé qui, désireux de se procurer une belle collection de timbres à bon compte, fit insérer un jour l’annonce dont suit la teneur dans les principaux journaux de Londres :
Pour vingt centimes (two pence), envoyés en timbres-poste à l’adresse X.B.Z., aux bureaux du journal, tout le monde recevra un magnifique portrait de Napoléon III, gravé par Barre, graveur de la Couronne.
Bien des gens ne se le firent pas dire deux fois et envoyèrent la somme demandée. Mais quelle surprise au retour ! Le portrait gravé par Barre n’était autre qu’un timbre d’un centime à l’effigie de Napoléon III. Il n’y avait plus qu’à rire ̃de la supercherie. C’est à quoi se résignèrent les naïfs qui s’étaient laissé prendre.
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On ne croirait jamais que les timbres les plus élégants se fabriquent chez les peuples les moins artistes qui soient au, monde. J’ai nommé les Américains. Il est vrai que les Etats-Unis, ayant changé souvent leurs modèles, offrent aux collectionneurs une très nombreuse variété de timbres-poste.
Les Yankees ont pris l’habitude de ne jamais écrire une lettre sans admirer, quelques minutes le portrait d’un de leurs grands hommes.
Chez nous, le plus grand honneur qu’on puisse faire aux célébrités du jour, c’est de les vendre au printemps à la barrière du Trône sous les espèces du pain d’épices. Les Américains sont plus respectueux envers leurs gloires ; ils les collent en effigie sur leurs enveloppes et leurs paquets. Peut-être suivrons-nous un jour leur exemple, et M. Cochery deviendra-t-il le grand dispensateur de la popularité ? Ce jour-là, les photographes auraient une rude concurrence. Mais les timbres américains ne sont pas toujours des portraits. Souvent ils représentent ce qui vaut mieux encore des scènes historiques, comme la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb. Dans un cadre minuscule, le hardi navigateur figure entouré de ses compagnons, au moment où il vient d’aborder, à Hispaniola. Pour marquer sa prise de possession, il plante un étendard sur le sol nouveau qu’il donne au vieux Continent. Un autre timbre nous montre la déclaration de l’Indépendance en plein Parlement.
Parfois aussi ce sont des allégories. De belles figures agréablement drapées élèvent dans leurs mains des emblèmes ; puis des Indiens et des Indiennes qui rappellent Chactas et Atala ou les Natchez de Chateaubriand.
Parfois encore, ce sont de simples emblèmes. Une locomotive avec son tuyau évasé semble fendre l’espace ; un steamer glisse sur une mer tranquille. En voici un, par exemple, qui ne laisse pas d’être comique. Un grand diable de Yankee, sorte de Juif-errant, chargé d’un énorme sac et d’un non moins gigantesque portefeuille, fait d’immenses enjambées au-dessus des maisons et des monuments. Peut-être s’agit-il d’un financier honnête qui cherche la route du Canada.
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Nos timbres-poste font assez triste figure à côté de ceux-là. L’allégorie qui s’y étale est difficile à saisir. Mercure, avec son caducée, serre la main à la paix sur un autel de convention. Mais la difficulté la plus grave a été très habilement contournée. Ainsi, on ne voit pas la figure de la République qui produisait l’effet de la tête de Méduse sur certaines personnes, lorsqu’elles décachetaient leur courrier. Si bien que l’on peut dire que nos timbres-poste sont neutres.
Combien sont plus jolis les timbres de Guatemala. Sur les uns, un ara magnifique se campe fièrement au sommet du chapiteau d’une colonne cannelée. Sur les autres, une superbe Indienne, avec une forêt de cheveux piqués de plumes de perroquet, montre fièrement les richesses de son corsage. Oh belle Indienne ! comme vous devez faire rêver d’amour les collégiens collectionneurs qui ont lu les Incas de Marmontel !
En Egypte, un sphynx songe au pied d’une pyramide. En Chine, un dragon monstrueux vous menace. En Turquie, un croissant se découpe sur un fond, sombre. Dans l’île Nevis, on doit être charitable le timbre du pays représente en effet une jeune fille pansant un malheureux blessé. Le timbre de Perse donne le portrait du Shah. La loi musulmane défend aux fidèles de faire exécuter leur image, comme elle leur interdit de boire du vin. Mais il est avec le Koran, comme avec le ciel, des accommodements, et les enfants du Prophète ne se gênent pas pour transgresser sur ce point la loi de Mahomet. Le timbre de Cachemyr est imprimé avec un cachet en caractères sanscrits. Celui du Japon est couvert d’ornements et de caractères nationaux. Comme dernière curiosité, je vous signalerai l’enveloppe postale gravée par Mulready, laquelle parut en Angleterre immédiatement après la proposition de sir Rowland Hill à la Chambre des communes. Sur une enveloppe grande comme nos cartes postales, une Britannia quelconque, casquée et bien édentée, étend les deux bras pour laisser partir des messages ailés. Autour d’elle, tous les peuples du monde, y compris un troupeau d’éléphants, lisent ou griffonnent avec ardeur. Naïve allégorie de l’Angleterre dominant le monde de son îlot.
La Contrefaçon
Les collectionneurs, en butte à tant de déboires, sont aussi exposés aux dangers de la contrefaçon. Les timbres faux sont bien plus nombreux que les vrais, et peut-être une collection de ces timbres apocryphes serait-elle plus intéressante qu’une collection ordinaire.
La demande dépassant l’offre dans tous les pays, des industriels fabriquent de quoi satisfaire les timbrophiles novices. C’est, je crois, la Belgique, cette terre classique de la démarque et de la contrefaçon, qui a donné le signal. L’Amérique est venue ensuite, et les Yankees, gens pratiques, ont trouvé tout simple de faire retirer officiellement sur les vieilles planches les timbres disparus de la circulation.
Le procédé est grossier, mais il trompe encore, et que leur importe d’être les contrefacteurs de leurs propres timbres, du moment qu’ils y gagnent leur vie ! En Allemagne, on est moins habile. Cependant, à Hambourg, il existe une imprimerie spéciale qui lance dans la circulation des quantités considérables de timbres faux, en ayant soin de les oblitérer au préalable, pour éviter toute poursuite. On n’est pas plus honnête. Heureusement que l’œil un peu exercé ne s’y laisse pas prendre. Un fait curieux s’est produit en 1862, lors du naufrage du navire le Colombo. Presque tous les timbres des dépêches qu’on put recueillir avaient noirci en séjournant dans l’eau. Or tous les Cap de Bonne-Espérance triangulaires, qui de bleus étaient devenus noirs, furent vendus à cette époque, et même depuis, 50 francs et 100 francs la pièce.
Experts et Expertises
On comprend, devant une pareille fraude, que les amateurs aient recours à des experts. Le grand arbitre à Paris, c’est M. Arthur Maury. Il est pour les timbres ce que sont les Charavay pour les autographes, Mannheim pour les faïences, Féral pour les tableaux, Porquet pour les livres. L’expertise pour un timbre coûte cinq centimes, celle d’une collection se traite à forfait. En Allemagne, où la fièvre timbromane sévit avec le plus de force, il y a un Berlinois qui s’intitule Expert ès timbres-poste, et à qui ce métier rapporte, bon an mal an, une cinquantaine de francs par jour. En outre, il forme, pour les esprits bizarres, des collections très complètes de timbres faux.
De l’utilité des timbres pour la décoration des appartements.
Mais tous les amateurs de timbres ne se bornent pas à en garnir des albums. Le conservateur de la collection du fils de la duchesse de Galiera, M. P. Mahé, a vu 6 feuilles de paravent, ̃couvertes d’arabesques dont le propriétaire demandait 500 francs la feuille, et dans le couvent des frères de Saint Jean de Dieu, autrement dit des Chartreux de Gand, on peut admirer sur les murs du parloir une mosaïque étrange. C’est une tapisserie faite entièrement de timbres-poste et qui offre aux regards étonnés les figures les plus diverses. Les frères, armés d’une héroïque patience, ont rassemblé près d’un million de timbres, puis les ont triés par couleurs. Après quoi ils ont dessiné un paysage chinois, un château espagnol, un chalet suisse, des chiens, des oiseaux, des papillons, des fleurs, des arbres, un kiosque, mille choses enfin gracieuses et charmantes. Le millésime 1882 se détache en chiffres romains au-dessus des lettres J. M. J DE DEO. Une cheminée gothique, entourée d’une banderole, porte la formule fameuse : Ad Majorem Dei Gloriam ! et tout autour serpentent des franges, des arabesques et autres ornements aux couleurs vives et harmonieuses.
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Du reste, les Chartreux ne sont pas les seuls à avoir employé ce bizarre procédé de tapisserie. J’ai vu une fois, en province, un « buen retiro » dont le propriétaire avait orné les murs de la même façon, et je vous assure qu’il faisait bon lire dans ce petit local ainsi décoré. Mais les amoureux ont trouvé mieux encore. Le langage des fleurs étant quelque peu suranné, ils ont inventé le langage des timbres-poste, et c’est là-dessus que je veux finir.
La clé n’est pas précisément des plus simples, mais que ne devine pas l’amour ? Voici donc en quoi consiste ce langage. Placé sens dessus dessous sur le coin gauche de la lettre, le timbre signifie « Je vous aime » Dans le même coin, mais en travers « Mon cœur est à un autre ! » Droit dans le haut ou le bas de l’adresse « A bientôt ! » La tête en bas, sur le côté droit, à l’angle « N’écrivez pas davantage. » Dans le centre, au sommet « Oui. » A l’opposé « Non. » Enfin on lui fait exprimer tout ce qu’on veut, à ce bien heureux timbre « M’aimez-vous ? » ou « Je vous hais. » Avant de consulter les paroles souvent menteuses du message, il faut examiner, la façon dont le timbre a été apposé. Tout est là.
Mesdames et jolies lectrices, la prochaine fois que vous recevrez une lettre, faîtes bien attention à la pose du timbre ; s’il est collé la tête en bas sur le coin gauche de l’enveloppe, cela voudra dire ?
A quoi bon ? vous le savez mieux que moi !
Le succès des années complètes de timbres de France
Les collectionneurs qui souhaitent posséder tous les timbres émis depuis 1849, ont bien intérêt à acheter les timbres des années les plus courantes et à fort tirage, à travers l’acquisition d’années complètes. Ce procédé permet de gagner du temps et de l’argent.
Découvrez par exemple dans nos années complètes, l’année complète des timbres de l’année 1967 qui est composé d’une pochette cristal comprenant l’ensemble des timbres gommés du programme philatélique de l’année 2067, soit 33 timbres.
Les albums de rangement pour les années complètes de timbres de France
Les années complètes peuvent se ranger dans tous les matériels philatéliques habituels comme les classeurs et les albums pour timbres. Il est certain que le materiel du parfait collectionneur de timbres est peu encombrant. Il comprend tout d’abord le catalogue, l’album ou le classeur, la loupe, la pince …
De préférence, prenez un album avec une reliure démontrable avec des feuilles mobiles pour ranger les timbres. Ce système vous permet de le tenir à jour pour vos albums spécialisés, et vous laisse toute possibilité de compléter à votre guise sur toute la durée de votre collection.
La valeurs et la numérotation des années complètes de timbres de France
La cote et la référence des années complètes de timbres de France, sont répertoriés dans le catalogue Yvert et Tellier.